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Dans le livre que vous tentez de réfuter, parlant de ce vice j'avais dit : « La nature humaine est condamnée; ce qui lui a mérité a sa condamnation , c'est précisément ce qui la soumet au malheureux empire du démon ; car le démon est lui-même un esprit immonde; or, comme esprit il est bon, mais comme immonde il est mauvais; bon comme esprit, parce que l'esprit est une nature, et mauvais comme immonde, parce que c'est le vice qui le souille. Par conséquent, comme esprit il vient de Dieu, mais s'il est souillé, c'est par son oeuvre propre. Quant aux hommes quels qu'ils soient, adultes ou petits enfants, s'ils sont tous sous le joug du démon, c'est en tant qu'ils sont eux-mêmes souillés, et non pas en tant qu'ils sont hommes1 ». Pour réfuter ces paroles de mon livre, vous avez dit : « La forme suivie à l'égard du démon a dû s'observer égale ment à l'égard de l'homme coupable, de telle sorte que personne ne soit condamné que pour les vices de sa volonté propre. Par conséquent le péché originel est de soi même impossible; autrement on ne saurait a approuver l'oeuvre de celui qui, même en il créant le démoli, l'a créé bon ». Vous oubliez donc qu'en créant le démon, Dieu ne l'a tiré ni d'un autre démon, ni d'un autre ange, qui, eût-il été bon, aurait ressenti dans ses membres une loi en opposition avec la loi de son esprit; or, c'est par cette loi, et avec cette loi, que tout homme naît de son semblable. Du reste, votre raisonnement ne pourrait avoir de valeur qu'autant que nous affirmerions que le démon, comme l'homme, engendre des enfants, et que nous nierions de ces enfants qu'ils fussent souillés du péché paternel. Nous enseignons, à la vérité, que cet esprit mauvais, devenu homicide dès le commencement pour avoir trompé l'homme et l'avoir tué par la séduction de la femme, était sorti lui-même des voies de la vérité par son libre arbitre2, et s'était précipité dans une ruine effroyable; mais autre chose est ce crime du démon, autre chose est la catastrophe par suite de laquelle le péché est entré dans le monde par un seul homme et la mort parle péché; c'est ainsi que la mort est passée dans tous les hommes par celui en qui tous ont péché3 ». L'Apôtre, dans ces paroles, n'enseigne-t-il pas formellement qu'en dehors des péchés personnels dont chaque homme peut se rendre coupable, le péché originel est commun à tous les hommes indistinctement ?
