5.
Vous donc qui nous jetez si souvent au visage l'injurieux nom de Manichéens, ouvrez les yeux, je vous prie, et voyez quels sont les illustres et nombreux défenseurs de la foi catholique, que vous flétrissez par cette criminelle dénomination. Je ne puis vous les énumérer tous, et de tous ceux dont je vous citerai les noms, je ne pourrai vous dérouler toutes les propositions par eux émises sur la matière qui nous occupe; un tel travail serait trop long, et ne me paraît nullement nécessaire. De quelques auteurs, je ne citerai que quelques-uns de leurs témoignages, mais ils suffiront pour frapper de honte tous nos contradicteurs, si toutefois ils ont encore conservé quelque crainte de Dieu, ou si leur obstination n'est pas telle qu'elle ne laisse plus prise à la pudeur humaine. Saint Irénée, évêque de Lyon, et très-rapproché des temps apostoliques, s'exprime en ces termes : «Les hommes ne peuvent être guéris de l'antique plaie du serpent, à moins qu'ils ne croient en Celui qui, selon la similitude de la chair de péché, a été élevé de terre sur le bois du martyre, a attiré tout à lui et a vivifié les morts1 ». Ailleurs il ajoute : «De même que le genre humain a été enchaîné à la mort par une vierge, de même il en sera délié par une vierge, afin que l'égalité se rétablisse et que la désobéissance d'une vierge soit détruite, par l'obéissance d'une autre vierge. Le péché du premier a été expié par la mort du premier-né; la prudente du serpent a été vaincue par la simplicité de la colombe; voilà pourquoi les liens qui nous attachaient à la mort ont été brisés en notre faveur2». Entendez-vous ce que pense de l'antique plaie du serpent cet évêque des premiers temps de l'Eglise ? Ce qu'il pense de la similitude de la chair de péché, par laquelle la plaie faite par le serpent est guérie dans la chair de péché ? Ce qu'il pense du péché du premier homme et des liens mortels que ce péché avait jetés sur nous?
