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Puisque nous ne connaissons pas celui qui seront sauvés, Dieu nous ordonne de vouloir le salut de tous ceux à qui nous prêchons cette paix, et lui-même opère en nous cette volonté en répandant la charité dans nos coeurs par le Saint-Esprit qui nous a été donné1. Ces paroles : « Dieu veut que tous les hommes soient sauvés » , pourraient donc également s'interpréter en ce sens que Dieu nous fait vouloir ce salut de tous les hommes; c'est ainsi que ces mots : « Il a envoyé l'Esprit de son Fils criant Abba, Père2 », signifient que cet Esprit nous fait crier : Abba , Père. Parlant de ce même Esprit, l'Apôtre nous dit encore : « Nous avons reçu l'Esprit d'adoption des enfants, dans lequel nous crions : « Abba, Père3 ». C'est nous qui crions ; mais parce que c'est l'Esprit qui nous fait crier, nous disons qu'il crie lui-même. Si donc la sainte Ecriture a pu dire de l'Esprit-Saint qu'il crie lui-même, parce qu'il nous fait crier, ne peut-on pas dire également de Dieu qu'il veut, parce qu'il nous fait vouloir? Et parce que, dans toute correction, nous ne devons avoir d'autre but que d'empêcher les coupables de s'éloigner de Dieu ou de les ramener à Dieu, n'est-ce point pour nous une obligation réelle de repousser de nos oeuvres toute pensée de désespoir? Si celui que nous corrigeons est l'enfant de la paix, notre paix se reposera sur lui, autrement elle nous reviendra.