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Werke Augustinus von Hippo (354-430) Contra secundam Iuliani responsionem imperfectum Contre la seconde réponse de Julien
LIVRE PREMIER. LES TROIS PREMIERS ARGUMENTS DE JULIEN.

141.

Jul. La terre ouvre son sein pour produire la plante, avant de recevoir la semence par les soins du laboureur : c'est aussi ce qui a eu lieu dans l'enfantement de la Vierge, laquelle en devenant mère a prévenu et repoussé les fonctions d'épouse. Le Dieu tout-puissant promet donc de faire lui-même une chose dont on n'avait pas vu d'exemple jusqu'alors: et, prévoyant qu'une multitude d'hommes refuseront de croire à la vérité de cette promesse, il ajoute : « Malheur à celui qui, n'étant qu'un vase de terre, se lève pour contredire celui par qui il a été formé ». C'est-à-dire, malheur à ceux qui, malgré la promesse faite par Dieu, prétendent qu'une vierge ne peut absolument devenir mère; et qui, après avoir été formés, tous sans exception, dans le sein de leurs mères, suivant des lois générales établies par Dieu, mais avec l'intervention immédiate de la puissance divine, osent affirmer avec une opiniâtreté aveugle qu'un corps humain n'a pu être formé de la chair d'une vierge sans le secours d'un homme ! Ainsi, quand vous vous obstinez à refuser de croire que j'ai pu accomplir ce mystère, et que vous m'opposez comme une fin de non-recevoir les difficultés intrinsèques d'une telle oeuvre, vous qui incontestablement avez été formés de mes mains, vous ressemblez à l'argile qui dirait au potier, au moment même où elle est façonnée par lui : Tu n'as point de mains, quoique celui-ci la manipule actuellement pour lui donner la forme d'un vase quelconque. Sachez donc, vous qui demandez quel est celui qui a donné un fils à une vierge sans le secours d'un homme, sachez que c'est précisément celui qui vous a formés vous-mêmes du sang d'un homme. Mais puisqu'il est permis de donner aux saintes Ecritures des interprétations différentes, et que les deux versions rapportées par nous sont parfaitement conformes à la piété et à la religion, terminons ici notre premier livre : nous rappellerons seulement en finissant, que Dieu doit être considéré comme le Créateur des petits enfants, comme le protecteur des innocents, comme le rémunérateur des catholiques et le juge sévère des Manichéens.

Aug. Afin de montrer à ceux qui savent lire d'une manière intelligente, les efforts que tu as faits pour rendre obscures les expressions de l'Apôtre dont le sens est manifeste, et pour introduire la confusion dans les textes les plus simples, il faut que je réponde à cette argumentation établie par toi, en lui opposant l'argumentation même que saint Paul a établie. Le bienheureux Apôtre voulant donc montrer que Dieu a le pouvoir d'accomplir ce qu'il a promis (et c'est là surtout ce qui nous révèle le prix de la grâce dont vous êtes les ennemis ; car il serait absurde de prétendre que les hommes peuvent contraindre Dieu à accomplir ses promesses, et de soutenir que cet accomplissement ne dépend pas de la puissance de celui par qui ces promesses ont été faites) ; l'Apôtre, dis-je, voulant faire cette démonstration, s'exprime en ces termes : « La parole de Dieu ne saurait rester sans effet; mais tous ceux qui descendent d'Israël ne sont pas pour cela israélites ; et ceux qui appartiennent à la race d'Abraham ne sont pas tous ses enfants; mais c'est en Isaac que sera ta postérité : en d'autres termes, ce ne sont pas les enfants selon la chair qui sont enfants de Dieu, mais ce sont les enfants de la promesse qui sont réputés être la postérité. Car voici les termes de la promesse « En ce temps je viendrai, et Sara aura un fils ». Souviens-toi bien qu'ils sont les enfants de la promesse, parce que Dieu a le pouvoir d'accomplir ce qu'il a promis[^1]. « Et non seulement Sara »,dit-il, « mais aussi Rébecca qui eut deux fils à la fois d'Isaac, notre père. Car, avant qu'ils fussent nés ou qu'ils eussent fait ni aucun bien, ni aucun mal (afin que le décret de Dieu demeurât ferme selon son élection), il fut dit, non pas à cause de leurs oeuvres, mais par la volonté de celui qui appelle : L'aîné servira sous le plus jeune ». Ici, grave bien dans ton esprit cette pensée, que l'élection ne se fait point d'après les oeuvres, comme il a été expliqué par le dernier des Prophètes; c'est en effet ce que saint Paul ajoute en ces termes : « Conformément à cette parole de l'Ecriture « J'ai aimé Jacob, et j'ai haï Esaü ». Il se présente maintenant une question qui pourrait jeter le trouble dans l'esprit de ceux qui n'ont pas une idée suffisante des sublimes profondeurs du mystère de la grâce. L'Apôtre s'adresse à lui-même cette question : « Que dirons-nous donc ? Y a-t-il en Dieu une injustice quelconque? Nullement ». Et pour expliquer le sens de cette expression : « Nullement », il ajoute : « Dieu dit en effet à Moïse : J'aurai pitié de celui dont j'aurai eu pitié, et je ferai miséricorde à celui à qui j'aurai fait miséricorde. Cela ne dépend donc ni de celui qui veut, ni de celui qui court, mais de Dieu qui fait miséricorde ». Si tu méditais sérieusement ces paroles, tu n'exalterais pas les mérites de la volonté, au détriment de la grâce; puisque tu entends l'Apôtre s'écrier : « Cela ne dépend ni de celui qui veut, ni de celui qui court, mais de Dieu qui fait miséricorde ». Ce n'est donc point parce que Jacob a voulu, et parce qu'il a couru, que Dieu a eu pitié de lui ; mais c'est précisément parce que Dieu a eu pitié de lui, que Jacob a voulu et qu'il a couru. Car la volonté est préparée par le Seigneur[^2] ; et c'est le Seigneur qui dirige les pas de l'homme et qui rend la volonté de celui-ci conforme à ses propres lois[^3]. De plus, l'Apôtre ayant énoncé au sujet de Jacob, cette maxime générale : « Cela ne dépend ni de celui qui veut, ni de celui qui court, mais de Dieu qui fait miséricorde », il cite aussitôt l'exemple de Pharaon, par rapport à ces paroles de l'Ecriture : « J'ai haï Esaü » ; il ajoute donc : « L'Ecriture dit à Pharaon : Voici pourquoi je t'ai suscité : c'est pour faire éclater en toi ma puissance, et afin que mon nom soit annoncé par toute la terre ». Puis il donne cette conclusion relative à Jacob et à Esaü : « Il a donc pitié de qui il veut, et il endurcit qui il veut » ; mais assurément il fait miséricorde par une faveur tout à fait gratuite de sa part, non point pour accorder à nos mérites la récompense qui leur est due; il endurcit au contraire par un acte de sa justice et pour nous faire subir le châtiment que nous avons mérité. Car, former d'une masse condamnée un vase d'honneur, c'est une grâce manifeste; mais former de cette même masse un vase d'ignominie, c'est un acte de justice. Citant alors le langage de ceux à qui cette manière d'agir de la part de Dieu déplaît, il s'exprime ainsi : « Tu me diras: Pourquoi se plaint-il encore ? car, qui résiste à sa volonté? » Puis, afin de les réduire au silence: « O homme », dit-il, « qui es-tu pour contester avec Dieu ? Est-ce que le vase dit au potier: « Pourquoi m'as-tu fait ainsi ? Le potier n'a« t-il pas le pouvoir de faire de la même masse d'argile un vase d'honneur et un autre d'ignominie? » Vois si ces paroles de l'Apôtre ne sont pas conformes à celles qui précèdent, et si elles ne sont pas opposées à tes propres maximes : toi qui interprètes ce passage dans le sens des mérites de la volonté, contrairement à ces autres paroles du même Apôtre . « Car, avant qu'ils fussent nés ou qu'ils eussent fait ni aucun bien ni aucun mal (afin que le décret de Dieu demeurât ferme selon son élection), il fut dit, non pas à cause de leurs oeuvres, mais par la volonté de celui qui appelle : L'aîné servira sous le plus jeune » ; et à celles-ci : « Cela ne dépend donc ni de celui qui veut, ni de celui qui court, mais de Dieu qui fait miséricorde ». Et non-seulement tu contredis ce que l'Apôtre avait écrit auparavant, mais tu contredis aussi ce qu'il écrit ensuite. Car il appelle vases de colère ceux qui sont destinés sans retour à la perdition ; or, cette destination serait injuste, si la masse elle-même n'était déjà condamnée et si la damnation n'était pas, pour le fait d'un seul; le partage naturel de tous les hommes: il donne au contraire le nom de vases de miséricorde à ceux que Dieu a préparés pour la gloire c'est en effet un acte de miséricorde gratuite, non point un acte de justice, de préparer des vases pour la gloire, d'une masse qui est condamnée; « non-seulement d'entre les Juifs», comme parle saint Paul, mais aussi d'entre les Gentils» ; et il cite à ce sujet un témoignage du prophète Osée : « J'ai appelé celui « qui n'est pas mon peuple, mon peuple », et cet autre d'Isaïe : « Quant à Israël, les restes seront sauvés ». Puis il montre que, si ces restes subsistent réellement, c'est par un effet de la grâce de Dieu, et il le prouve en citant le témoignage suivant du même prophète Isaïe : « Si le Seigneur des armées ne nous avait réservé une postérité ». Il établit ensuite que les Gentils ont été mis en possession de la justice par la foi : qu'Israël au contraire n'a pas obtenu cette possession, parce qu'il a recherché la justice, non point par la foi, mais comme par les oeuvres. La justice, en effet, appartient à la foi, ainsi qu'il le déclare un peu plus loin : « Tout homme qui invoquera le nom du Seigneur sera sauvé » Quand nous obtenons réellement ce salut, nos bonnes œuvres et notre justice nous viennent de Dieu, et non point de nous-mêmes. C'est pourquoi l'Apôtre ajoute, en parlant de ceux qui se sont heurtés contre la pierre d'achoppement, parce qu'ils ont recherché la justice, non point par la foi, mais comme par les œuvres : « Assurément, mes frères, le désir sincère de mon coeur et mes supplications à Dieu ont pour objet leur salut; car je leur rends ce témoignage qu'ils ont du zèle pour Dieu, mais non pas selon la science; parce que, ignorant la justice de Dieu et cherchant à établir leur propre justice, ils ne sont pas soumis à la justice de Dieu[^4] ». Voilà précisément ce que vous faites vous-mêmes : vous voulez établir votre justice, afin que Dieu vous accorde sa grâce comme une récompense due à vos mérites; vous ne voulez pas que la grâce précède et que vous soyez mis par elle en possession de la justice. Ensuite, après une série d'argumentations parfaitement enchaînées les unes aux autres, saint Paul arrive à un endroit où il s'exprime ainsi : « Je dis donc : Est-ce que Dieu a rejeté son peuple? Non, certes : car moi aussi je suis israélite, de la race d'Abraham, de la tribu de Benjamin : Dieu n'a point rejeté son peuple, qu'il a connu dans sa prescience. Ne savez-vous pas ce que l'Ecriture dit d'Elie, comment il demande justice à Dieu contre Israël? Seigneur, s'écrie-t-il, ils ont tué vos prophètes, ils ont renversé vos autels; et moi, je suis resté seul, et ils me cherchent pour m'ôter la vie. Mais qu'est-ce que Dieu lui répond? Je me suis réservé sept mille hommes qui n'ont point fléchi le genou devant Baal. De même donc, en ce temps aussi, un reste a été sauvé par l'élection de la grâce. Or, si c'est par la grâce, ce n'est donc point par les oeuvres ; autrement la grâce ne serait plus une grâce ». Vois maintenant ce qu'il ajoute aussitôt : « Qu'est-il donc arrivé? dit-il; ce que cherchait Israël, il ne la point trouvé ; ceux au contraire qui ont été choisis, l'ont trouvé ». Reporte ici tes regards sur ces paroles où l'Apôtre a défini ainsi l'élection : « Un reste a été sauvé par l'élection de la grâce ; mais si c'est par la grâce, ce n'est donc point par les oeuvres ». Ces dernières expressions se rapportent à celles qui ont été le point de départ de cette argumentation : « Avant qu'ils fussent nés ou qu'ils eussent fait aucun bien ni aucun mal (afin que le décret de Dieu demeurât ferme selon son élection), il fut dit, non point à cause de leurs oeuvres »..... Voilà bien l'élection de la grâce, tout à fait indépendante des oeuvres, et par suite de laquelle sont formés des vases d'honneur qui doivent accomplir des bonnes œuvres ; car les bonnes œuvres suivent la grâce, elles ne la précèdent pas; c'est précisément la grâce de Dieu qui nous les fait accomplir : n'établissons donc pas notre propre justice, mais que la justice de Dieu, c'est-à-dire celle que Dieu nous donne, soit seule en nous. «Les autres, au contraire, ont été aveuglés[^5] » ; voilà le jugement en vertu duquel sont formés des vases d'ignominie. C'est en raison de ce jugement qu'il a. été dit : « J'ai haï Esaü », et que ces paroles ont été adressées à Pharaon : « Voici pourquoi je t'ai suscité ». Il est manifeste après cela que vous. mêmes, en interprétant ainsi, ou plutôt en ne comprenant pas du tout les paroles de l'Apôtre; en prétendant vous glorifier de vos œuvres au détriment de la grâce et en voulant établir votre propre justice, vous n'êtes point soumis à la justice de Dieu. Nous, au contraire, nous enseignons, il est vrai, que Dieu est le créateur des petits enfants ; mais nous n'attribuons pas à des vases formés de la même masse une destination intermédiaire que l'Apôtre ne leur a point attribuée, et qui consisterait en ce que ces vases n'auraient été formés ni pour un usage honorable ni pour un usage ignominieux : il est vrai que cette destination intermédiaire serait pour vous un moyen d'échapper au jugement de Dieu, supposé qu'il vous, fût possible de démontrer que Dieu condamne seulement les Manichéens, et qu'il ne condamne pas également tous les hérétiques.

  1. Rom. IV, 21.

  2. Prov. VIII, suiv. les Sept.

  3. Ps. XXXVI, 23.

  4. Rom. IX, 6; X, 3, 13.

  5. Rom. XI, I, 7.

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Contre la seconde réponse de Julien

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