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Jul. Que ferai-je donc ? J'acquiescerai moi-même à tes paroles; je ferai ici le sacrifice volontaire de tout ce qui pourrait être pour moi d'un grand secours, si je voulais en faire usage ; je me contenterai de la définition qui, après l'exposé de la doctrine secrète des Manichéens, et comme une preuve de la droiture et de l'honnêteté naturelles de ton caractère, est échappée à ta plume. Dans le livre intitulé : « Des deux âmes » ou « contre les deux âmes » tu parles en ces termes: « Attends, laisse-nous d'abord donner la définition du péché. Le péché est la volonté de recevoir ou de retenir ce que la justice défend, et dont on est libre de se priver. Il est vrai que si cette liberté n'existait pas; on ne pourrait pas dire non plus qu'il y a volonté ; mais j'ai voulu donner cette définition dans un langage plutôt vulgaire que rigoureusement exact[^2] ».
Aug. Le péché est ici défini seulement en tant qu'il est péché, non pas en tant qu'il est aussi la peine du péché. C'est de cela en effet qu'il s'agissait, quand nous cherchions l'origine du mal tel qu'il a été commis par le premier homme antérieurement à tout mal commis ou subi par l'homme. Mais toi, ou bien tu ne peux pas comprendre cela, ou bien tu ne le veux pas.
- Chap. XI.