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Werke Augustinus von Hippo (354-430) Contra secundam Iuliani responsionem imperfectum Contre la seconde réponse de Julien
LIVRE CINQUIÈME. LE CINQUIÈME LIVRE DE JULIEN.

21.

Julien. Avec une perspicacité non moins merveilleuse tu as essayé ensuite d'ébranler une argumentation que j'avais appuyée sur cette maxime de l'Evangile, qu'on doit reconnaître un arbre à ses fruits: j'avais démontré, ce qui du reste est parfaitement évident de soi, qu'on ne saurait considérer comme bon le mariage, ni même la nature qui se transmet par l'acte conjugal, et que la création de cette nature ne saurait être attribuée à Dieu, dès lors que l'on proclame celle-ci une source de péchés. Voici la réponse due tu m'as faite : Est-ce que le Seigneur parlait de cela, et non pas plutôt des deux volontés de l'homme, dont l'une est bonne et l'autre mauvaise ? ne voulait-il pas désigner la première sous le nom d'arbre bon et la seconde sous le nom d'arbre mauvais, puisque les bonnes oeuvres naissent de la volonté bonne, et les oeuvres mauvaises de la volonté mauvaise ? Si nous admettons que le mariage est ici désigné sous le nom de bon arbre, nous serons par là même obligés de a supposer que sous le nom d'arbre mauvais le Seigneur a voulu désigner la fornication. Si, au contraire, notre adversaire prétend que l'arbre mauvais ne figure point l'adultère, mais bien la nature humaine en tant que; d'autres homme y puisent la vie, nous aurons nécessairement le droit d'affirmer aussi que le bon arbre ne figure pas le mariage, mais bien cette nature humaine en tant que d'autres hommes y puisent la vie[^1] ». Tu te trompes : le Seigneur ne . parle point en cet endroit de deux volontés,- mais de sa propre personne. Il prodiguait aux Juifs des bienfaits sans nombre, et les Juifs ne cessaient de le poursuivre de leurs accusations. Comme ils ne pouvaient toutefois attaquer ses oeuvres, auxquelles ils rendaient même hommage, ils avaient imaginé, de dire qu'il était un Samaritain et un possédé du démon, exerçant ses prestiges par l'esprit de Béelzébub. Le Seigneur donc dit à ce sujet : « Ou estimez l'arbre bon et les fruits bons, ou estimez l'arbre mauvais et les fruits mauvais ; car c'est parles fruits qu'on reconnaît l'arbre[^2]». En d'autres, termes, ou bien blâmez mes oeuvres que les infirmités guéries et les santés rendues proclament bonnes, et essayez alors de prouver que je suis mauvais par le témoignage de mes oeuvres mêmes. ou bien, si vous n'osez nombreux déverser le mépris sur tant et de si nombreux bienfaits, rendez au bon arbre, c'est-à-dire à moi, le témoignage que méritent mes fruits, et en louant les bienfaits aimez le bienfaiteur. Ainsi le Sauveur ordonne en cet endroit que l'on juge de sa personne et qu'on l'estime d'après ses oeuvres par là il nous autorise manifestement à enseigner que l'on doit juger de la nature humaine et du 'mariage d'après la qualité de leurs fruits ; si l'on prétend que le poison du péché découle de l'une et de faut le, il faut nécessairement admettre aussi que l'une et l'autre sont une source empoisonnée et corrompue. Vois ici combien la faculté de comprendre est chez toi émoussée : tu as espéré , affaiblir la force de mon. objection en opposant la fornication au mariage et en appliquant à celui-ci le nom de bon arbre, à celle-là le nom d’arbre mauvais; tandis qu'en réalité, si la bonté intrinsèque du mariage était démontrée par la bonté de ses fruits, il s'ensuivrait ou que l'acte de fornication doit toujours être stérile, ou que les fruits doivent en être mauvais intrinsèquement; car, soit que l'homme naisse du mariage,, soit qu'il naisse de l'adultère, le sang dont il est formé ne vient point du crime, mais de la substance même de ses parents. Le. crime commis par la volonté des personnes qui se rendent coupables d'adultère ne change rien à la condition du fruit de l'acte adultérin : la nature alors exerce son activité sur sa matière propre, et, en même temps que le péché demeure sur les auteurs volontaires de l'acte criminel, une créature innocente reçoit la vie conformément aux lois établies par le Créateur. Tu as pressenti toi-même que cette réponse nous serait trop facile : que le lecteur juge de la valeur des moyens auxquels tuas eu recours pour la prévenir. « Si en cet endroit », dis-tu, « le mauvais arbre ne figure point l'adultère, mais la nature humaine dont naissent:d'autres hommes, le bon arbre: ne figure pas non plus le mariage, mais bien cette même nature humaine dont naissent d'autres hommes ». Voici donc l'argumentation que tu as essayé d'établir : La formation de l'homme n'est pas imputée à l'acte même de fornication, mais à la nature ; donc le péché contracté par les enfants qui naissent de parents légitimes ne doit pas non plus être imputé à l'acte conjugal, mais à la nature humaine que le démon a infectée du péché antique. Ainsi, dans les adultères tu accuses la volonté comme coupable d'actions infâmes, mais tu loues la nature humaine comme source où d'autres hommes viennent puiser la vie quoique d'une manière illicite ; de la part des parents légitimes, au contraire, tu as loué l'acte conjugal d'où ne découle point, suivant toi, le péché, mais tu as blâmé la. nature qui transmet avec le sang une souillure horrible. Que le lecteur me prête ici toute son attention. Si dans la fornication la nature humaine te paraît louable en ce sens que, malgré l’infamie dont ses auteurs se rendent coupables, elle transmet à l'enfant une substance innocente; comment oses-tu accuser cette même nature lorsqu'il s'agit des époux légitimes, et prétendre que dans ce cas l'enfant y puise l'iniquité en même temps que la vie ? Ce n'est donc point le mariage, mais la nature humaine que tu as déclarée à la fois un grand bien et un grand mal. Quoi de plus mauvais, en effet, que cette nature, si elle est une source de crimes ? Où trouver un objet plus digne de notre haine, si elle est la propriété même du démon? Que dans l'oeuvre charnelle son activité s'exerce avec un art plus ou moins merveilleux, ce n'est pas de quoi il s'agit ici : il s'agit seulement de savoir si elle est absolument bonne ou absolument mauvaise en soi, et l'on ne saurait contester qu'elle soit ce qu'il y a de plus mauvais, si l'on admet qu'elle est coupable en elle-même, qu'elle transmet l'iniquité avec la vie, qu'elle est enfin un satellite de la tyrannie du démon. C'est donc une règle éminemment sage de juger de l'arbre par ses fruits et de qualifier hautement de mauvais ce qui est une cause et une source réelle de mal. .

Augustin. Que la cause du mal originel ne soit ni le mariage, ni l'adultère, c'est là une chose tout à fait évidente d'elle-même : ce qui est bon dans la nature humaine naît de l'homme sous l'effet de la puissance créatrice de Dieu ; ce qui est mauvais, au contraire, dans cette même nature, ce pourquoi elle doit renaître, est transmis par l'homme seul. Et la cause de ce mal, « c'est que le péché est entré dans le monde par un seul homme, et par le péché la mort ; et la mort a passé ainsi dans tous les hommes par celui en qui tous ont péché[^3] ». Quiconque lit avec intelligence tes écrits et les miens peut. juger facilement de l'inanité du verbiage interminable par lequel tu as essayé de détourner ces paroles de l'Apôtre de leur sens naturel, pour leur en attribuer un qu'elles ne comportent pas. A quoi donc as-tu réussi ? ou plutôt à quel propos, dis-moi, as-tu invoqué ce témoignage de l'Evangile : « Un bon arbre a produit de bons fruits », au moment où tu voulais établir que le mariage est bon en soi et que les hommes sont les fruits du mariage ? As-tu réellement espéré de pouvoir établir que les hommes naissent exempts de tout mal, en alléguant que le mariage est une chose bonne et « qu'un bon arbre ne saurait produire des fruits mauvais?» Mais tu n'ignores pas que les hommes naissent constamment d'autres hommes, qu'ils soient alors souillés de la faute originelle conformément à ces paroles de l'Apôtre : « Le corps est mort à cause du péché[^4] » ; ou qu'ils soient exempts de toute souillure, ainsi que vous le prétendez contrairement à l'enseignement de ce même Apôtre; mais à l'égard même des enfants issus d'unions adultères, tu n'ignores pas davantage que l'on voit parfois des mariages stériles et des unions adultères fécondes. Quant à savoir si le Seigneur, proposant aux Juifs l'allégorie des deux arbres, a voulu désigner par là, ainsi que nous le prétendons, deux volontés dont l'une est bonne, rend l'homme bon et ne peut produire des oeuvres mauvaises, c'est-à-dire de mauvais fruits ; dont l'autre est mauvaise, rend l'homme mauvais et ne saurait produire aucune oeuvre bonne, c'est-à-dire aucun bon fruit ; ou s'il a voulu parler de lui-même, ainsi que tu l'affirmes : c'est là une question dont tout homme sérieux cherchera la réponse dans l'Evangile, non point dans tes livres. Le Seigneur exhortait ses auditeurs à se mettre en garde contre ceux qui viendraient à eux sous des vêtements de brebis, mais qui seraient au dedans des loups ravissants, et il leur disait : « Vous les reconnaîtrez à leurs fruits. Cueille-t-on des raisins sur des épines, ou des figues sur des ronces? Ainsi, tout bon arbre produit de bons fruits, tout arbre mauvais, au contraire, produit des fruits mauvais. Un arbre bon ne peut produire des fruits mauvais, et un mauvais arbre ne peut produire de bons fruits[^5] ». Suivant saint Luc, le Seigneur eut aussi recours à cette allégorie des deux arbres dans une circonstance où il voulait confondre; les hypocrites, et il expliqua sa pensée en des termes on ne peut plus lumineux, et plus explicites : « L'homme bon tire le bien du bon trésor de son coeur ; et l'homme mauvais tire le mal de son mauvais trésor : car la bouche parle de l'abondance du coeur[^6]». De même, quand il eut dit : « Ou estimez l'arbre bon et le fruit bon, ou estimez l'arbre mauvais et le fruit mauvais » (cet arbre, suivant toi, n'était pas autre chose que lui-même), il montra aussitôt le sens que l'on devait attacher à ces paroles : « Car c'est par le fruit »,ajouta-t-il, «qu'on reconnaît l'arbre. Race de vipères, comment pouvez-vous dire de bonnes choses, puisque vous êtes mauvais? La bouche, en effet, parle de l'abondance du coeur. L'homme bon tire de son bon trésor de bonnes choses, et l'homme mauvais tire de son mauvais trésor des choses mauvaises[^7] ». Vois-tu que l'erreur est de ton côté, non pas du mien ? Reviens donc à la cause réelle des oeuvres mauvaises, et reconnais que cette cause n'est pas autre que la volonté mauvaise ; reviens à la cause du mal originel et reconnais-la d'abord dans la volonté mauvaise du premier homme, ensuite dans la nature créée bonne, mais viciée ultérieurement par l'acte même de cette volonté.

  1. Du Mariage et de la Concupiscence, liv. II, n. 43.

  2. Matth. XII, 33.

  3. Rom. V, 12.

  4. Rom. VIII, 10.

  5. Matth. VII, 10-18.

  6. Luc, VI, 45.

  7. Matth. XII, 33-35.

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Contre la seconde réponse de Julien

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