79.
Jul. L'homme, en effet, a été créé animal raisonnable, mortel, capable de vice et de vertu ; il a reçu la faculté et le pouvoir réel, ou bien de garder les commandements de Dieu, ou bien de les transgresser, ou enfin, obéissant aux lumières de la raison naturelle, d'observer les lois de la société humaine; la liberté lui a été donnée de choisir l'un ou l'autre parti : ce qui constitue précisément l'essence du péché et de la justice. Or, quand cet homme puise d'une main libérale aux trésors de la miséricorde ou qu'il abreuve aux sources de la justice ceux dont la vertu est encore faible, la justice qui accomplit alors cette oeuvre extérieurement a été elle-même conçue et enfantée intérieurement par une volonté sainte.
Aug. La justice est-elle née réellement de lui? telle est précisément la question qui s'agite entre nous et vous, qui, ignorant la justice de Dieu, voulez établir la vôtre[^2]: tandis que,en réalité, la justice produite par une volonté sainte a son origine première dans la pensée sainte dont il est écrit : « La pensée sainte te conservera[^3] ». Or, l'Apôtre dit :
« Non pas que nous soyons capables de former aucune pensée comme de nous-mêmes; mais c'est Dieu qui nous en rend capables[^1] ». Si vous comprenez ces paroles, vous comprendrez aussi que le libre arbitre, qui mérite d'être loué, est celui-là seulement qui a été délivré par la grâce de Dieu.
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Rom. X, 3.
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Prov. II, 11, suiv. les Sept.
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II Cor. III, 5.