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Jul. Pour tout dire en deux mots, ce pouvoir n'a d'autre objet que d'empêcher l'homme d'être contraint, par une cause extérieure quelconque, à commettre ou à éviter le péché, contre le gré de sa volonté propre car la force dont les Gentils et les Chrétiens, à toutes les époques de l'histoire, ont donné des exemples éclatants par le courage avec lequel ils ont méprisé les souffrances, atteste que la volonté humaine ne peut être enchaînée quand elle n'accepte pas elle-même les liens qu'on veut lui imposer.
Aug. Voilà en effet ce que votre hérésie prétend établir : vous ajoutez ici le nom des Gentils,. précisément afin qu'on ne croie pas devoir attribuer à la grâce de Dieu l'héroïque constance que les Chrétiens ont eu le pouvoir de montrer ou qu'ils ont montrée réellement dans la foi; car cotte grâce est propre aux Chrétiens, mais les Gentils ne la partagent pas avec eux. Ecoutez donc et comprenez : La force des Gentils naît de la convoitise mondaine; la force des Chrétiens, au contraire, est l'oeuvre de la charité divine; de cette charité qui est répandue dans nos coeurs, non point par une détermination de notre volonté et par notre propre puissance, mais par le Saint-Esprit qui nous a été donné[^1].
- Rom. V, 5,