XVI.
Que vous dirai-je encore, mes frères bien-aimés? N’était-il pas juste et nécessaire que la contagion, qui paraît si horrible et si lugubre, vînt éprouver nos âmes et manifester notre foi? Oui, il fallait voir si les hommes bien portants viendraient au secours des infirmes ; si les membres de la famille s’aimaient véritablement entre eux; si les maîtres auraient pitié de leurs serviteurs languissants; si les médecins seraient sensibles aux (299) supplications des malades; si les orgueilleux mettraient un terme à leurs violences; si les avares, en face de la mort, sauraient réprimer leur cupidité insatiable; si les superbes se résigneraient à courber la tête, ‘les pervers à tempérer leur audace; si les riches, voyant mourir leurs héritiers, se résoudraient enfin à faire des largesses aux pauvres. Quand le fléau n’aurait eu d’autre effet que de nous montrer la mort en face, ce serait un grand avantage pour les chrétiens. En affrontant la mort, nous apprenons à désirer le martyre. Ce Spectacle funèbre est pour nous un exercice : notre âme y puise de nouvelles forces et, par le mépris de la mort, elle se prépare à. recevoir la couronne.