X.
Les patriarches, les (365) prophètes, tous les justes qui, dans l’ancienne loi, furent la figure du Christ, pratiquèrent surtout la patience, et c’est là leur plus beau titre de gloire.
Ainsi Abel, le premier d’entre les martyrs, ne résiste pas à«n frère, il ne lutte pas contre lui; mais il meurt en conservant jusqu’à la fin son humilité, sa douceur, sa patience. Abraham, si fidèle à son Dieu, Abraham, qui nous montra le premier que la foi doit être le fondement et la racine de tous nos mérites, est soumis à une épreuve : Dieu lui réclame son fils; le patriarche n’hésite pas, et sa patience lui donne assez de force pour obéir aux ordres divins. Isaac, cette figure ,si touchante du sacrifice de la croix, était patient et résigné quand son père se préparait à l’immoler. Jacob, chassé par son frère, sortit patiemment de son pays; il y revint plus patiemment encore, et, par ses supplications et ses présents, il obligea son persécuteur à faire la paix avec lui. Joseph, vendu et exilé par ses frères, supporte tout avec patience; il pardonne, que dis-je? il leur livre gratuitement le blé dont ils avaient besoin, lin peuple ingrat et perfide poursuit M6ise de ses mépris; il ose presque le lapider, et Moïse, toujours doux et patient, prie le Seigneur pour ce peuple. Et David, qui fut un des ancêtres du Messie selon la chair, n’est-il pas pour nous, chrétiens, un exemple admirable de patience? Souvent il eut sous sa main Saül, son persécuteur et son ennemi, Saül qui en voulait à sa vie; et pourtant il préféra le sauver, et, au lieu d’user de représailles, il vengea son trépas.
Que de prophètes ont été assassinés! que de martyrs ont subi une mort glorieuse! S’ils sont arrivés à la couronne céleste, ils le doivent à leur patience. On ne peut, en effet, recevoir la récompense de ses douleurs et de ses épreuves, si elles n’ont été sanctifiées par cette vertu.
