XII.
C’est pour cela que l’enfant, sortant du sein maternel, inaugure par des larmes son entrée dans ce monde. Tout lui est alors inconnu, excepté les pleurs. Un instinct naturel lui fait pressentir les épreuves de la vie; et, sur le point d’affronter les fatigues et les orages, cette âme, encore neuve, s’abandonne aux larmes et aux gémissements.
Cette vie n’est qu’une longue suite d’épreuves; or, dans l’épreuve, le remède le plus efficace c’est la patience. Dans ce monde, elle est nécessaire à tous; mais à nous principalement qui avons à lutter davantage contre les tentations du démon et à repousser les assauts d’un ennemi aussi artificieux qu’habile; à nous qui, outre les combats ordinaires, avons encore à subir l’épreuve de la persécution. Abandonner notre patrimoine, subir la prison, porter des chaînes, sacrifier sa vie, affronter le glaive, les bêtes, les bûchers, les croix, en un mot, tons les genres de supplice, voilà notre devoir; mais, pour le remplir, (369) il nous faut la foi et la patience. Aussi le Seigneur nous dit : Je vous ai parlé de ces choses pour que vous ayez la paix en moi. Vous trouverez beaucoup d’épreuves dans le monde; mais ayez confiance, j’ai vaincu le monde (Joan., XVI.). En renonçant au démon et au monde, nous nous sommes fait du monde et du démon des ennemis irréconciliables: nous avons donc particulièrement besoin de patience pour résister à leurs attaques incessantes.
