Edition
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De Oratione
VI.
[1] Sed quam eleganter diuina sapientia ordinem orationis instruxit, ut post caelestia, id est post Dei nomen, Dei uoluntatem et Dei regnum, terrenis quoque necessitatibus petitioni locum faceret! Nam et edixerat Dominus Quaerite prius regnum et tunc uobis etiam haec adicientur. [2] Quanquam PANEM NOSTRVM QVOTIDIANVM DA NOBIS HODIE spiritaliter potius intelligamus. Christus enim panis noster est, quia uita Christus et uita panis. (Ego sum, inquit, panis uitae et paulo supra: Panis est sermo Dei uiui, qui descendit de caelis), tunc quod et corpus eius in pane censetur (Hoc est corpus meum). Itaque petendo panem quotidianum perpetuitatem postulamus in Christo et indiuiduitatem a corpore eius.
[3] Sed et qua carnaliter admittitur ista uox, non sine religione potest fieri et spiritalis disciplinae. Panem enim peti mandat, quod solum fidelibus necessarium est; cetera enim nationes requirunt. Ita et exemplis inculcat, et parabolis retractat, cum dicit Numquid panem filiis pater aufert et canibus tradit? Item: Numquid filio panem poscenti lapidem tradit? Ostendit enim quid a patre filii expectent. Sed et nocturnus ille pulsator panem pulsabat. [4] Merito autem adiecit 'da nobis hodie', ut qui praemiserat Nolite de crastino cogitare quid edatis. Cui rei parabolam quoque accommodauit illius hominis qui prouenientibus fructibus ampliationem horreorum et longae securitatis spatia cogitauit [is] ipsa nocte moritur.
Übersetzung
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De l'oraison dominicale
VI.
Mais avec quel art la divine sagesse a disposé toutes les parties de cette oraison! Après les choses du ciel, c'est-à-dire après le nom, la volonté et le règne de Dieu, viennent les nécessités de la terre auxquelles elle a bien voulu assigner une place. Le Seigneur n'avait-il pas dit: « Cherchez d'abord le royaume de Dieu, et le reste vous sera donné par surcroît? » Toutefois il convient peut-être davantage de donner un sens spirituel à ces paroles : « DONNEZ-NOUS NOTRE PAIN DE CHAQUE JOUR! » Car notre pain, c'est Jésus-Christ, parce que Jésus-Christ est notre vie, et que notre vie, c'est le pain. « Je suis le pain de vie, » a-t-il dit lui-même. Et un peu plus haut: « Le Verbe du Dieu vivant est le pain descendu des cieux. » D'ailleurs son corps est représenté par le pain: « Ceci est mon corps. » Ainsi donc, en demandant notre pain de chaque jour, nous demandons à vivre perpétuellement en Jésus-Christ et à nous identifier avec son corps. Mais l'interprétation littérale, d'ailleurs partaitement d'accord avec la discipline, est aussi admissible; elle nous ordonne de demander du pain, la seule chose qui soit nécessaire aux fidèles. « Aux Gentils de s'occuper de tout le reste! » C'est ce que le Seigneur nous inculque par ses exemples, ce qu'il nous retrace par ses paraboles, quand il dit: « Un père ôte-t-il le pain à ses enfants pour le donner aux chiens? » Et encore: Si un fils demande du pain à son père, celui-ci lui donnera-t-il une pierre? » Il montre par-là ce que les enfants ont droit d'attendre de leur père. Il y a mieux; n'est-ce pas encore du pain que demandait cet homme qui dans l'Evangile vient frapper la nuit à la porte? C'est à bon droit qu'il ajouta: « Donnez-nous aujourd'hui, » parce qu'il avait dit auparavant: « Ne vous inquiétez pas pour le lendemain. » C'est encore pour rendre sensible cette vérité que le Seigneur exposa la parabole de « cet homme qui rassemble dans ses greniers une moisson abondante, mesure devant lui l'espace d'une longue sécurité, et meurt le soir même. »