XLVIII.
Licinius, après avoir reçu une partie des troupes ennemies, et les avoir distribuées en des quartiers différents, passa en Bithynie peu de temps après la bataille. Il entra dans Nicomédie, et rendit grâce à Dieu, comme à l'auteur de sa victoire, et le treizième de juin, Constantin et lui étant consuls pour la troisième fois, on publia un édit pour le rétablissement de l'Église, et on l'adressa au président de Nicomédie. Cet édit était conçu en ces termes :
« Nous, l'empereur Constantin, et nous, l'empereur Licinius, nous étant assemblés à Milan pour traiter des choses qui concernent le bien et la tranquillité publique, nous avons cru devoir commencer par ce qui regarde le culte des dieux. Ainsi nous permettons aux chrétiens et à toutes sortes de personnes de suivre telle religion qu'il leur plaira, afin que la divinité qui préside au ciel soit à jamais propice et à nous et à nos sujets. Nous avons donc cru, et avec beaucoup de raison, que nous devions permettre à chacun de suivre le culte qui aurait le plus de rapport à son inclination, afin que cette souveraine divinité, à la religion de laquelle nous rendons volontairement nos respects, nous continue sa protection et sa faveur. C'est pourquoi vous saurez que, sans avoir égard à toutes les ordonnances qui ont été faites contre les chrétiens, nous voulons que vous leur permettiez l'exercice de leur religion, sans les y troubler ni inquiéter; de quoi nous avons bien voulu vous avertir. Vous devez pareillement savoir que, pour la paix et la tranquillité de notre règne, nous entendons que la liberté que nous accordons aux chrétiens soit commune à tous nos autres sujets, afin de ne contraindre la dévotion de personne. Et à l'égard des chrétiens, nous voulons encore que, si quelqu'un a acheté de nous ou de qui que ce soit les lieux autrefois destinés à leurs assemblées, il les leur rende promptement et sans délai, même sans en exiger le prix. Ceux aussi à qui nos prédécesseurs pourraient en avoir fait don, les rendront pareillement aux chrétiens sans remise. Et tant ceux qui les avaient acquis que ceux qui en avaient été gratifiés se pourvoiront par devant les vicaires[^17] pour en être indemnisés par nous. Toutes lesquelles choses vous ferez exécuter au plus tôt. Et parce qu'outre les lieux où ils ont accoutumé de s'assembler, ils en ont qui appartiennent à leurs Églises, nous voulons que, sans délai, vous les fassiez rendre à la même condition que les précédents, c'est-à-dire que ceux qui les auront restitués sans en recevoir le prix l'attendront de notre libéralité. En toutes lesquelles choses qui concernent les chrétiens, vous userez d'une extrême diligence, afin que notre volonté soit promptement mise à exécution, et que par notre bonté la tranquillité publique soit assurée. Toutes ces choses étant accomplies comme elles sont ordonnées, nous espérons que le ciel nous continuera les faveurs que nous avons éprouvées en tant de rencontres. Et afin que notre intention soit connue de tout le monde, vous ferez publier cet édit dans les formes ordinaires. » Après cette ordonnance, il exhorta même les habitants de Nicomédie à remettre les églises au même état qu'elles étaient auparavant. Ainsi, depuis la ruine de l'Église jusqu'à son rétablissement, on compte dix années et quatre mois ou environ.