10.
Valens s'étant défait d'un grand nombre de personnes depuis la mort de Procope, et ayant confisqué le bien d'un autre nombre encore plus grand, fut détourné par une irruption soudaine des Scythes de continuer l'entreprise qu'il avait commencée contre les Perses. Ayant envoyé contre eux des troupes assez nombreuses, non seulement il arrêta leurs progrès, mais aussi il les obligea de rendre les armes, et les ayant dispersés dans les villes qu'il avait sur le Danube, il les y fit garder sans leur faire mettre les fers. C'étaient ceux-là même que le prince des Scythes avait envoyés au secours de Procope. Les ayant fait redemander à Valens par ses ambassadeurs, et lui ayant fait remontrer qu'il n'avait pu les refuser à celui qui était alors en possession de la souveraine puissance, ce prince ne fit point d'autre réponse, sinon qu’il ne les avait jamais demandés, qu’ils n’étaient pas venus pour son service, et qu’ils avaient été pris en combattant contre lui.
Ce différent fut cause de la guerre contre les Scythes. Valens sachant qu’ils avaient dessein de faire irruption sur ces terres, et qu’ils s’assemblaient en diligence pour cet effet, commanda dans Marcianopole, ville célèbre de Thrace où il était, de ranger son armée sur le bord du Danube, et eut soin qu’il ne lui manquât rien, et qu’elle fit continuellement exercice. Il donna à Auxone la charge de préfet du prétoire que Salluste, qui en avait été pourvu une seconde fois, ne pouvait plus exercer à cause de son grand âge. Quelque pressante que fût la nécessité de cette guerre, Auxone leva les impositions avec une parfaite équité, sans permettre que personne souffrit la moindre injustice. Il fit conduire quantité de provisions par le Pont-Euxin jusqu’aux embouchures du Danube, et de là dans les villes, pour les distribuer aux gens de guerre lorsqu’ils en auraient besoin.