2.
Sous le règne d’Arcadius et sous le septième consulat d’Honorius et le second de Théodose, les troupes de la Grande-Bretagne s’étaient révoltées, proclamèrent Marcus empereur; mais l’ayant fait mourir bientôt après, elles mirent la robe impériale à Gratien. S’étant lassées de lui quatre mois après, elles le privèrent de l’empire et de la vie, et choisirent Constantin à sa place. Celui-ci, ayant donné le commandement des troupes des Gaules à Justinien et à Névigaste, partit de la Grande-Bretagne, et étant abordé à Boulogne, ville de la Germanie, gagna l’affection de tous les gens de guerre qui étaient dans toute l’étendue du pays jusqu’aux Alpes qui séparent les Gaules de l’Italie; et crut avoir affermi par ce moyen les fondements de sa puissance. Ce fut alors que Stilicon envoya Sarus avec des troupes contre Constantin, qui défit Justinien l’un de ses lieutenants, et le tua avec la plus grande partie de son armée. Ce Sarus, s’étant chargé d’une quantité incroyable de butin, et ayant appris que Constantin s’était renfermé dans Valence comme dans une ville capable de le défendre, résolut d’y mettre le siège. Névigaste, qui était l’autre lieutenant de Constantin, lui ayant demandé la paix, et l’étant allé trouver, il le reçut comme son ami, lui donna sa foi, mais le fit mourir par une noire perfidie. Constantin donna le commandement de ses troupes à Édobèque, Franc de nation, et à Gérontius, Breton, ce que Sarus, qui redoutait leur valeur et leur expérience, n’eut pas sitôt appris, qu’il leva le siège de Valence après l’avoir continué sept jours. Les généraux de Constantin le poursuivirent, si bien qu’il ne se sauva qu’à peine, et qu’il fut obligé d’abandonner aux Bagaudes tout son butin, pour obtenir d’eux la permission de passer en Italie.
Constantin, ayant ramassé toutes ses forces, résolut de garder les Alpes couennes, les Alpes pennines et les Alpes maritimes.