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Works Athenagoras of Athens (133-190) De resurrectione mortuorum De la Résurrection des Morts

XII.

Pour tirer en faveur de la résurrection une preuve solide des motifs qui ont présidé à la création, il faut examiner si l'homme a été fait sans dessein et au hasard, ou si Dieu lui a donné une fin déterminée ; si l'on admet qu'il ait été créé pour une fin, je demanderai quelle est cette fin, si c'est simplement pour jouir toujours de la vie, et subsister à jamais d'une manière conforme à sa nature, ou bien si c'est pour l'utilité d'un autre ? Dans cette hypothèse, je demanderai si c'est pour l'intérêt du créateur lui-même ou pour celui de quelque créature qui touche à Dieu de plus près, et que Dieu honore de sa prédilection.

Plus j'y réfléchis et plus je comprends que l'homme raisonnable , et dont le jugement détermine les actions, ne fait rien en vain quand il agit de propos délibéré, mais qu'il rapporte tout à son propre avantage ou à celui des êtres auxquels il veut du bien; souvent encore il n'a en vue que l'œuvre même qu'il fait, alors une certaine inclination , une sorte d'amour purement gratuit, le porte à la faire; et pour rendre la chose plus sensible, servons-nous ici de quelques comparaisons. L'homme se bâtit une habitation pour son propre usage ; il prépare aussi pour ses bœufs, ses chameaux et tous les autres animaux qui sont à son service, un abri convenable ; au premier abord, cet abri ne semble point fait pour son usage; mais si l'on considère la fin plus éloignée de cette construction, il est évident que c'est toujours pour lui qu'il agit, bien que sa fin actuelle et immédiate soit ces animaux dont il veut la conservation. Enfin s'il a des enfants, ce n'est point ρ ourles faire servir à son usage ou à celui des siens, mais plutôt pour exister et se perpétuer le plus longtemps possible dans une race sortie de lui, cherchant une consolation à sa mort dans la succession de ses enfants et de ses petits-neveux, et s'imaginant ainsi survivre à son trépas et trouver une sorte d'immortalité sur la terre.

Voilà comment agissent les hommes. Mais Dieu n'a pas fait l'homme en vain, car il est sage, et rien de ce qu'il fait n'est inutile; il ne l'a point créé non plus pour son propre intérêt, car il n'a besoin de rien, et celui qui est au-dessus de tout ne cherche dans son œuvre aucun avantage personnel. Enfin Dieu n'a pas destiné l'homme à l'usage de quelqu'autre créature; tout être doué de jugement et de raison est ou a été créé non pour l'usage d'un être supérieur ou inférieur à lui, mais bien pour lui-même et pour le soin de sa conservation. Et, en effet, la raison ne nous découvre aucune créature en vue de laquelle l'homme aurait été fait ; les esprits immortels, hors de tout besoin et de tout danger, n'ont que faire des secours de l'homme pour vivre heureux et pour vivre toujours ; et quant aux animaux, sujets de l'homme par leur nature, ils viennent lui offrir leurs services divers, selon leurs différentes espèces ; mais ils n'ont été nullement destinés à faire servir les hommes à leur usage : car il ne serait pas juste de mettre à la discrétion d'une espèce secondaire des créatures d'un ordre supérieur, et de subordonner des êtres intelligents au bon plaisir d'un animal sans raison.

En conséquence, si l'homme n'a pas été créé sans but et sans raison (car rien n'est donné au hasard dans les desseins du Créateur ) ; s'il est également vrai que ce n'est ni pour son propre avantage, ni pour celui d'aucune autre créature, que Dieu a fait l'homme, quel est donc le motif de la création de l'homme? Sans doute, si l'on considère la fin première et générale de toutes choses, Dieu n'a pu le créer que pour lui-même, et pour manifester la bonté et la sagesse qui brillent dans tous ses ouvrages; mais si l'on s'arrête à la fin particulière de l'homme, à celle qui lui est propre, cette fin est qu'il vive, mais non de-cette courte vie semblable à un flambeau qui brille un moment et qui s'éteint ensuite pour toujours ; vie périssable que Dieu accorde aux reptiles, aux oiseaux, aux poissons et aux êtres les plus stupides. Dieu devait une autre vie à l'être qui est son image, qui a reçu en partage une âme intelligente et raisonnable, et cette vie qu'il destine à l'homme est immortelle, afin qu'il soit éternellement occupé à connaître son créateur et à admirer sa puissance et sa sagesse, et qu'après avoir suivi sa loi, pratiqué la justice, il jouisse au sein d'une paix inaltérable de la récompense que mérite une vie passée dans la vertu, malgré les combats qui viennent sans cesse d'un corps terrestre et sujet à la corruption.

Nous concevons très-bien que des créatures, qui n'ont été faites que pour l'usage d'autres créatures plus parfaites qu'elles-mêmes , cessent d'exister au même instant que ces dernières ne seront plus; elles occuperaient alors une place inutile, et dans les œuvres de Dieu il n'est rien de superflu ; mais les créatures faites pour être et pour jouir de leur propre existence ne peuvent jamais périr entièrement par quelque événement que ce soit, puisque l'existence est leur fin propre, et qu'elle est même une partie de leur essence. Ainsi donc, l'homme qui a été créé pour vivre doit subsister éternellement, il doit faire et subir ce qui est conforme à sa nature, les deux parties qui composent son être concourant ensemble à la même fin. L'âme, conformément à sa nature spirituelle, doit se conserver pure et sans altération, et remplir les fonctions qui lui sont propres, c'est-à-dire régler les appétits du corps, porter un jugement sain sur tout ce qui arrive, faire, tout avec poids et mesure ; pour la corps, il doit, selon sa nature, se prêter à tout ce que veut la raison, et subir les changements de l'âge, de la figure et de la grandeur, jusqu'au moment de la résurrection; car eue n'est elle-même qu'une autre transformation, qui doit être la dernière de toutes, et faire passer à un état meilleur ceux qui vivront alors.

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Translations of this Work
De la Résurrection des Morts
The Treatise of Athenagoras The Athenian, Philosopher and Christian, on the Resurrection of the Dead Compare
Über die Auferstehung der Toten (BKV) Compare
Commentaries for this Work
Einleitung zu Athenagoras' Auferstehung der Toten
Introductory Note to the Writings of Athenagoras

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