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Works Tatian (120-173) Oratio ad Graecos

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Le Discours aux Grecs de Tatien

XXXIII.

Cela m’a excité à vous montrer, d’après ce qui est estimé chez vous, que nous sommes sages, tandis que chez vous il y a beaucoup de folie. Vous qui dites que nous ne faisons que bavarder entre femmes, jeunes gens, vierges et vieillards, et qui nous raillez pour n’être pas avec vous, écoutez quelle frivolité règne chez les Grecs.1 Oui, la gloire que vous recherchez tant rend bien plus frivoles les pratiques usuelles dans vos mœurs; rien de plus inconvenant que votre gynécée.2 Lysippe a représenté en bronze Praxilla3 qui n’a rien écrit d’utile dans ses poèmes, Ménestrate Léarchis, Silanion Sapho la courtisane, Naucydès Erinna la Lesbienne, Boïscos Myrtis, Céphisodote Myro de Byzance, Gomphos Praxagoris, et Amphistrate Clito. Car que dire d’Anyté, de Télésilla et de Nossis4 ? L’une a été représentée par Euthycrate et Céphisodote, l’autre par Nicérate, l’autre par Aristodote, comme Mnésarchis l’Ephésienne par Euthycrate, Corinne par Silanion, Thaliarchis l’Argienne par Euthycrate.5 J’ai voulu vous citer ces femmes pour que vous ne vous imaginiez pas que nous faisons rien de nouveau et que, prenant pour comparaison les pratiques que vous pouvez trouver chez vous, vous n’aillez pas railler nos femmes philosophes. Sapho n’était qu’une fille débauchée, ivre d’amour, qui chantait sa propre luxure, tandis que toutes les nôtres sont sages ; nos vierges, leurs quenouilles en main,6 répètent les paroles divines; cela vaut mieux que les vers de cette femme. Ainsi rougissez de vous montrer les disciples de filles, quand vous raillez celles qui vivent selon notre discipline, avec l’assemblée dont elles font partie. Que vous a appris de respectable Glaukippè, qui mit au monde un enfant monstrueux, comme le montre son effigie de bronze, œuvre de Nicérate, fils d’Euctémon, Athénien? Si elle enfanta un éléphant, était-ce une raison de rendre des honneurs publics à Glaukippé7 ? Praxitèle et Hérodote vous ont représenté Phryné la courtisane,8 et Euthycrate a fait le bronze de Panteuchis, qui avait conçu des œuvres d’un séducteur. Bésantis,9 reine des Péoniens, avait mis au monde un enfant noir; Dinomène s’est appliqué à en conserver la mémoire par son art. Je condamne Pythagore pour avoir représenté Europe assise sur le taureau,10 et vous pour avoir honoré par son art cet accusateur de Zeus. Je me ris de la science de Micon,11 qui représenta une génisse, et sur elle une Niké, parce que Zeus ayant enlevé la fille d’Agénor12 a remporté le prix de l’adultère et de l’incontinence. Pourquoi Hérodote d’Olynthe a-t-il fait l’effigie de Glycère la courtisane et d’Argie la joueuse de cithare? Bryaxis a représenté Pasiphaé, dont vous commémorez la luxure comme si vous souhaitiez que les femmes d’aujourd’hui lui ressemblassent. Il y avait une certaine Mélanippe, pleine de sagesse13 c’est pourquoi Lysistrate en fit l’effigie; et vous ne voulez pas croire qu’il y a chez nous des femmes qui ont la sagesse en partage!


  1. Sur ce catalogue de statues féminines, qui, quoique Tatien en montre bien lui-même le lien avec son argumentation, prend les proportions d’un hors-d’œuvre. ↩

  2. La traduction de Harnack ne peut se défendre non plus que la correction de Kukula au sens de: les écoles de philosophie. Je crois que tout l’embarras que cette phrase a donné vient de ce qu’on a mal compris à quoi se rapporte mallon. On a perdu de vue la phrase précédente : Vous qui dites que nous ne faisons que bavarder entre femmes, etc., écoutez quelle frivolité chez les Grecs. Il me paraît clair que Tatien veut dire: « Vous nous traitez de frivoles, mais vous l’êtes bien plus, comme le prouve une de vos pratiques les plus entachées de vaine gloire (la manie des statues, accordées même aux femmes). » ↩

  3. Sur ce groupe de poétesses, cf. Kalkmann qui compare un groupement analogue dans l’épigramme d’Antipater de Sidon (Anth., IX, 26). Prazilla de Sicyone (milieu du Ve siècle) composa des scolies et des dithyrambes; Léarchis est la plus inconnue de toutes ces poétesses; je ne parle pas de Sapho; Erinna, donnée comme amie de Sapho, mais sans doute d’époque plus récente, est connue par sa Quenouille. Myrtis, d’Anthédon en Béotie, est de la génération qui a précédé Pindare; Myro (ou Mœro) de Byzance est la mère du poète tragique Homère, de l’époque alexandrine; rien à dire de Praxagoris et Clito. De ces diverses statues, une seule est identifiée: la Sapho de Silanion (Kalkmann, ib.). ↩

  4. Anytè, de Tégée (commencement du IIIe siècle), dont il nous reste de jolies épigrammes dans l’anthologie, et qu’Antipater, dans l’épigramme citée ci-dessus, appelle: un Homère femme, Télésilla, d’Argos, se rattacherait plutôt par la date aux premières poétesses du groupe qui précède: Nossis de Locres est du commencement de l’époque alexandrine. Aucune de ces statues n’est identifiée. ↩

  5. Mnésarchis et Thaliarchis sont pour nous des inconnues. Corinne est l’élève de Myrtis et la rivale de Pindare. Peut-être y a-t-il une copie de la statue de Corinne par Silanion dans une statuette de marbre e représentant une jeune fille debout, tenant un rouleau, avec une capsa à sa gauche; sur le socle est gravée l’inscription KOPINNA, d’une authenticité indiscutable ». S. Reinach, Revue critique, 1898, n° 3; et Répertoire de la Statuaire grecque et romaine, tome II. ↩

  6. C’est sans doute la mention faite un peu plus haut d’Erinna qui amène ce détail. ↩

  7. Il est difficile de ne pas identifier Glaukippé avec l’Alkippé dont parle Pline l’ancien (H. N., VII, 34. Kalkmann note toutefois que Pline ne parle pas expressément d’une statue (l’Alkippé). ↩

  8. La Phryné de Praxitèle est encore une statue connue par des témoignages autres que ceux de Tatien. ↩

  9. Je signale (cf. Kalkmann), le texte de Pline qu’on a rapproché de cette phrase de Tatien: « Niciaei nobilis pyctae. Byzanti geniti, qui, adulterio Aethiopis nata matre nihilo utoris colore differente, ipse avum regeneravit Ethiopem. H. N., VII, 51. » Mais sommes-nous en présence de deux traditions sur deux faits distincts, ou bien y a-t-il une confusion, soit chez Pline, soit chez Tatien? La première hypothèse me paraît la plus vraisemblable. ↩

  10. L’œuvre de Pythagore est aussi une de celles que nous connaissons par d’autres témoignages. Cf. Kalkmann. ↩

  11. Ce passage est un des plus difficiles à interpréter du catalogue. Les explications de Kalkmann qui pense que Tatien ne connaissait la fameuse vache que par ouï-dire et qu’il a fait de graves confusions, ayant dans l’esprit à la fois la vache de Myron et le groupe de la Niké sacrifiant un taureau, me paraissent bien peu satisfaisantes. ↩

  12. Europe. ↩

  13. L’héroïne de la tragédie d’Euripide Μελανίππη ἡ σοφή. ↩

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Address of Tatian to the Greeks

Chapter XXXIII.--Vindication of Christian Women.

Therefore I have been desirous to prove from the things which are esteemed honourable among you, that our institutions are marked by sober-mindedness, but that yours are in close affinity with madness. 1 You who say that we talk nonsense among women and boys, among maidens and old women, and scoff at us for not being with you, hear what silliness prevails among the Greeks. For their works of art are devoted to worthless objects, while they are held in higher estimation by you than even your gods; and you behave yourselves unbecomingly in what relates to woman. For Lysippus cast a statue of Praxilla, whose poems contain nothing useful, and Menestratus one of Learchis, and Selanion one of Sappho the courtezan, and Naucydes one of Erinna the Lesbian, and Boiscus one of Myrtis, and Cephisodotus one of Myro of Byzantium, and Gomphus one of Praxigoris, and Amphistratus one of Clito. And what shall I say about Anyta, Telesilla, and Mystis? Of the first Euthycrates and Cephisodotus made a statue, and of the second Niceratus, and of the third Aristodotus; Euthycrates made one of Mnesiarchis the Ephesian, Selanion one of Corinna, and Euthycrates one of Thalarchis the Argive. My object in referring to these women is, that you may not regard as something strange what you find among us, and that, comparing the statues which are before your eyes, you may not treat the women with scorn who among us pursue philosophy. This Sappho is a lewd, love-sick female, and sings her own wantonness; 2 but all our women are chaste, and the maidens at their distaffs sing of divine things 3 more nobly than that damsel of yours. Wherefore be ashamed, you who are professed disciples of women yet scoff at those of the sex who hold our doctrine, as well as at the solemn assemblies they frequent. 4 What a noble infant did Glaucippae present to you, who brought forth a prodigy, as is shown by her statue cast by Niceratus, the son of Euctemon the Athenian! But, if Glaucippae brought forth an elephant, was that a reason why she should enjoy public honours? Praxiteles and Herodotus made for you Phrynae the courtezan, and Euthycrates cast a brazen statue of Panteuchis, who was pregnant by a whoremonger; and Dinomenes, because Besantis queen of the Paeonians gave birth to a black infant, took pains to preserve her memory by his art. I condemn Pythagoras too, who made a figure of Europa on the bull; and you also, who honour the accuser of Zeus on account of his artistic skill. And I ridicule the skill of Myron, who made a heifer and upon it a Victory because by carrying off the daughter of Agenor it had borne away the prize for adultery and lewdness. The Olynthian Herodotus made statues of Glycera the courtezan and Argeia the harper. Bryaxis made a statue of Pasiphaë; and, by having a memorial of her lewdness, it seems to have been almost your desire that the women of the present time should be like her. 5 A certain Melanippë was a wise woman, and for that reason Lysistratus made her statue. But, forsooth, you will not believe that among us there are wise women!

"Satanic minstrelsies," as St. Chryosostom names them,--they beguiled their toils and soothed their sorrows with "Psalms and hymns and spiritual songs." As St. Jerome relates, "You could not go into the field, but you might hear the ploughman's hallelujahs, the mower's hymns, and the vine-dresser's chant of the Psalms of David." See Cave's Primitive Christianity, p. 132.]


  1. [See [8]note 2, next page.] ↩

  2. [St. Chrysostom speaks of the heathen as hoi tais satanikais odais katasepomenoi. In Psalmum, cxvii. tom. v. p. 533. Ed. Migne.] ↩

  3. [Such as the Magnificat of the Virgin, the Twenty-third Psalm, or the Christian Hymn for Eventide, which they learned in the Christian schools (cap. xxxii. p. 78). Cold is the heart of any mother's son that does not warm over such a chapter as this on the enfranchisement of womanhood by Christ. Observe our author's scorn for the heathen "affinity with unreason" (this chapter, supra), and then enjoy this glimpse of the contrast afforded by the Gospel in its influence upon women. Intensely should we delight in the pictures of early Christian society, of which the Fathers give us these suggestive outlines. Rejecting the profane and wanton songs they heard around them,-- ↩

  4. [Such as the Magnificat of the Virgin, the Twenty-third Psalm, or the Christian Hymn for Eventide, which they learned in the Christian schools (cap. xxxii. p. 78). Cold is the heart of any mother's son that does not warm over such a chapter as this on the enfranchisement of womanhood by Christ. Observe our author's scorn for the heathen "affinity with unreason" (this chapter, supra), and then enjoy this glimpse of the contrast afforded by the Gospel in its influence upon women. Intensely should we delight in the pictures of early Christian society, of which the Fathers give us these suggestive outlines. Rejecting the profane and wanton songs they heard around them,--"Satanic minstrelsies," as St. Chryosostom names them,--they beguiled their toils and soothed their sorrows with "Psalms and hymns and spiritual songs." As St. Jerome relates, "You could not go into the field, but you might hear the ploughman's hallelujahs, the mower's hymns, and the vine-dresser's chant of the Psalms of David." See Cave's Primitive Christianity, p. 132.] ↩

  5. [St. Paul's spirit was stirred within him, beholding the abominable idolatries of the Athenians; and who can wonder at the loathing of Christians, whose wives and children could not escape from these shameful spectacles. The growing asceticism and fanatical views of sexual relations, which were now rising in the Church, were a morbid but virtuous revolt of faith against these impurities.] ↩

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Einleitung zu Tatians Rede an die Bekenner des Griechentums
Introductory Note to Tatian the Assyrian

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