XXXII.
Chez nous, point de désir de la vaine gloire et point de divergences dans les doctrines. Séparés de la doctrine commune et terrestre, obéissant aux préceptes de Dieu, soumis à la loi du Père de l’Incorruptibilité, nous répudions tout ce qui a pour base les opinions humaines; chez nous ce ne sont pas les seuls riches qui cultivent la philosophie; les pauvres aussi jouissent gratuitement de l’enseignement; car ce qui vient de Dieu ne peut être compensé par les présents de ce monde. Nous accueillons donc tous ceux qui veulent écouter, que ce soient de vieilles femmes ou de jeunes enfants, tous les âges en un mot sont également honorés chez nous; mais toute impureté reste loin de nous. Nous, nous ne disons pas des mensonges; quant à vous, le mieux serait que votre persistance dans l’impiété prît une fin; sinon, que nos doctrines soient, comme elles sont, confirmées par l’assentiment de Dieu, et vous, riez, pour pleurer un jour! N’est-il pas absurde, quand selon vous Nestor peut à peine couper les traits des chevaux, tant l’âge l’a rendu faible et impuissant,1 de l’admirer parce qu’il essaye de lutter contre les jeunes gens et de rire de ceux qui parmi nous, en luttant contre la vieillesse, s’occupent des choses divines2 ? Qui ne rira quand vous nous parlez des Amazones, de Sémiramis et d’autres guerrières, et quand vous outragez nos vierges? Achille était un jeune homme et on croit qu’il était très magnanime; Néoptolème aussi était jeune, mais fort; Philoctète faible, mais la divinité cependant avait besoin de lui contre Troie, Vous savez comment était Thersite? c’était un chef cependant. Si son intarissable bavardage n’eût été le résultat de son ignorance, on ne l’aurait pas raillé pour sa tête pointue et chauve.3 Nous faisons le même accueil à tous ceux qui veulent philosopher nous n’examinons pas l’extérieur, et nous ne jugeons pas ceux qui viennent à nous sur l’apparence; car nous pensons que la force de la pensée peut être chez tous, fussent-ils faibles par le corps. Vous êtes au contraire pleins de haine et de sottise.
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Iliade, VIII, 87. ↩
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Rappel de ce qui a été dit plus haut : κἂν πρεσβύτιδες ὦσι. même les vieilles femmes (et les vieillards) viennent se faire instruire de nos doctrines. ↩
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Iliade, II, 212, 219. Ce développement, à partir de la phrase sur Achille est introduit par Tatien avec sa brusquerie ordinaire et le lien avec le contexte semble fort lâche. Il ne semble guère pouvoir être cherché que dans l’idée suivante : chez vous-mêmes, comme chez nous, a-t-on jamais fait attention aux différences d’âge, de santé, de beauté pour juger les hommes Exemples: Achille, Néopolème, Philoctète et même Thersite. ↩