Chapitre XI
Ayant ensuite plus d’ardeur que jamais pour s’avancer dans la piété, il fut chez le vieillard dont j’ai parlé ci-dessus, et le pria de trouver bon qu’ils aillent ensemble dans le désert ; mais celui-ci allégua son âge et la nouveauté qu’il y avait en cela. Antoine partit aussitôt pour aller seul dans la montagne.
Le démon, voyant son extrême ferveur et voulant en empêcher l’effet, jeta sur son chemin un plat d’argent d’une excessive grandeur. Antoine, reconnaissant la ruse de cet esprit impur, s’arrêta et considérant dans ce plat le démon, n’en tint pas compte mais se dit en lui-même : « D’où peut être venu ce plat en ce désert où il n’y a aucun sentier et où l’ont ne voit pas trace pas une trace de pas d’homme ? Et quand même quelqu’un y serait allé et l’aurait laissé tomber, sa taille le rend très facile à apercevoir et la solitude de ces lieux inhabités l’aurait fait retrouver à celui qui, l’ayant perdu, serait revenu pour le chercher. Mais c’est ici, ô démon, l’une de tes tromperies ; elle ne retardera pas l’exécution du dessein que j’entreprends avec tant de joie. Garde donc ton argent et qu’il périsse avec toi (Ac 8, 20) ». Aussitôt ces paroles achevées, ce plat s’évanouit comme la fumée.