1.
Si l'on s'imagine réfuter notre doctrine en faisant valoir que, même après l'application du traitement, la vie humaine est encore gâtée par les fautes, qu'on se laisse guider vers la vérité par un exemple familier. Quand le serpent a reçu sur la tête le coup mortel, les replis qui viennent à la suite ne sont pas abattus avec la tête, mais elle est déjà morte que la queue reste animée du principe vital qui lui est propre et conserve le mouvement de la vie. Il en est de même pour le vice: on peut le voir, frappé du coup mortel, troubler encore de ses débris la vie humaine.
[2] Mais laissant de côté, sur ce point encore, leurs critiques contre l'enseignement de la religion, les adversaires font valoir comme un grief, que la foi ne s'étend pas à toute l'humanité. Pourquoi donc, disent-ils, la grâce de l'Évangile ne s'est elle pas étendue à tous les hommes? Pourquoi, à-côté d'un certain nombre qui s'attachent à la doctrine nouvelle, une portion considérable de l'humanité en reste-t-elle privée ? Ou bien Dieu n'a pas voulu distribuer largement son bienfait à tous, ou bien il n'en a absolument pas eu le pouvoir, et ni l'une ni l'autre de ces deux causes n'est exempte de reproche. Car il ne sied pas à Dieu de ne pas vouloir le bien, ni d'être incapable de le faire. Si donc la foi est un bien, pourquoi, disent-ils, la grâce de l'Evangile ne s'est-elle pas étendue à tous?