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Histoire ecclésiastique
CHAPITRE V : POTAMIENE
[1] Basilide est placé parmi ceux-ci au septième rang. Il 169 conduisait au martyre la célèbre Potamiène, que des chants nombreux célèbrent encore aujourd'hui chez ses compatriotes. Après avoir soutenu mille combats contre ceux qui en voulaient à la pureté de son corps et à la virginité qui était sa gloire (car en vérité sans parler de l'âme, l'épanouissement de la beauté physique était en elle comme une fleur dans son éclat), après avoir supporté mille tourments, à la fin, après avoir enduré des tortures terribles dont le récit donne des frissons, elle subit avec sa mère Marcella le supplice du feu.2
[2] On raconte que le juge (il s'appelait Aquila), après avoir accumulé sur tous ses membres de terribles blessures, la menaça enfin de la livrer aux gladiateurs pour flétrir son corps. Elle réfléchit un court instant en elle-même : on lui demanda à quoi elle pensait, elle fit une réponse telle qu'elle parut avoir dit une chose tenue par eux pour impie.3 [3] Elle parlait encore qu'elle reçut le texte de la sentence, et Basilide, un des soldats qui avait la fonction de conduire, la prit et l'emmena à la mort. La foule s'efforçait de l'ennuyer et de l'insulter avec des paroles inconvenantes ; Basilide écartait et tenait en respect les insulteurs et témoignait à la condamnée une très grande pitié et humanité. Celle-ci accueillit les témoignages de sympathie dont elle était l'objet et exhorta le soldat à être résolu ; elle priera pour lui après son départ auprès de son Seigneur et, sous peu, elle lui payera le retour de tout ce qu'il a fait pour elle.4 [4] Après avoir dit cela, elle souffrit généreusement le trépas; on lui versa de la poix bouillante sur toutes 171 les parties du corps, depuis la pointe des pieds jusqu'à la tête, tout doucement et peu à peu.5 [5] C'est ainsi que fut combattu le combat de cette jeune fille digne d'être chantée.
Basilide n'attendit pas longtemps ; pour un motif quelconque, il lui fut demandé un serment par ses compagnons d'armes ; il déclara nettement qu'il lui était absolument impossible de le prêter, parce qu'il était chrétien et qu'il le confessait ouvertement. On pensa tout d'abord qu'il plaisantait, mais comme il persistait avec obstination, on le conduisit vers le juge; il lui avoua sa résistance et celui-ci le fit mettre en prison. [6] Ses frères en Dieu vinrent près de lui et lui demandèrent la cause de cette ardeur subite et extraordinaire. On raconte qu'il dit que Potamiène, trois jours après son martyre, lui aurait apparu la nuit, lui aurait mis une couronne sur la tête et lui aurait dit qu'elle avait imploré sa grâce auprès du Seigneur et qu'elle avait obtenu sa requête, et qu'il la recevrait sous peu. Sur ce, les frères lui donnèrent le sceau du Seigneur, et le jour suivant, après s'être distingué dans le glorieux martyre du Seigneur, il eut la tête tranchée.
[7] On raconte que beaucoup d'autres habitants d'Alexandrie vinrent en masse à la doctrine du Christ, à la même époque, parce que, pendant leur sommeil, Potamiène leur était apparue elles avait appelés. Mais en voilà assez sur ce sujet.6
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Sur Potamiène, voy. PALLADIUS. Hist. lausiaque, iii (édition Lucot dans la collection Hemmer-Lejay). ↩
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ἐραστάς AEMRT arm. ἀρετάς BD, πρὸς ἀρετάς om. lal.- καὶ... -- γὰρ.. ἐπήνθει. AEMRT arm., om. BD lat. - Les altérations de BD et de Rufin sont l'œuvre de la pruderie (SCHWARTZ, p. xciv). ↩
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μονομάχοις mss., προνοβοσκοῖς arm., « uel crudolissimis gladiatoribus uel impudicissimis lenonibus » Rufin. Ce dernier connaît un texte qui a mélangé les deux leçons. On peut se demander si le même mobile n'a pas produit ici le même résultat qu'au § précédent. Ici, l'altération serait ancienne, puisque le syriaque, connu par l'arménien, nous aurait seul gardé la vraie leçon. Mais au § 1, elle remonte déjà au ive siècle ; et il y a des cas, quoique rares, où les versions seules ont gardé la vraie leçon (voy. SCHWARTZ, p. lxxxv suiv.). Cependant, il est de tradition de mettre une vierge en présence du leno dans les récits de martyre : πορνοβοσκοῖς peut être un embellissement de ce genre dans l'original grec du syriaque. - πρὸς ἑαυτήν BDM, εἰς ἑI. AERT : un des passages qui prouvent l'intervention d'un recenseur dans AEBT} pour SCHWARTZ, p. LXX. ↩
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τὴν ἐπὶ θανάτῳ : voy. iii, 4. Basilide était sans doute un speculalor. Les speculatores étaient des soldats attachés à la personne de l'empereur ou des généraux; voy. CAGHAT dans DAREMBERG et SAGLIO, IV, 2, 1422. Au § 1, il est donné comme disciple d'Origène. Il avait probablement entendu la prédication du catéchiste, mais ne s'était pas converti. ↩
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La description du supplice, très précise dans ce passage, exclut la cuve dans laquelle le moyen-âge place les martyrs. ↩
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προσκεκλημένης mss. : ἐπὶ τὸν θεῖον λόγον πρ., A, arm. Cf. SCHWARTZ, p. CXXIII. ↩
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The Church History of Eusebius
Chapter V.--Potamiaena. 1
1. Basilides 2 may be counted the seventh of these. He led to martyrdom the celebrated Potamiaena, who is still famous among the people of the country for the many things which she endured for the preservation of her chastity and virginity. For she was blooming in the perfection of her mind and her physical graces. Having suffered much for the faith of Christ, finally after tortures dreadful and terrible to speak of, she with her mother, Marcella, 3 was put to death by fire.
2. They say that the judge, Aquila by name, having inflicted severe tortures upon her entire body, at last threatened to hand her over to the gladiators for bodily abuse. After a little consideration, being asked for her decision, she made a reply which was regarded as impious.
3. Thereupon she received sentence immediately, and Basilides, one of the officers of the army, led her to death. But as the people attempted to annoy and insult her with abusive words, he drove back her insulters, showing her much pity and kindness. And perceiving the man's sympathy for her, she exhorted him to be of good courage, for she would supplicate her Lord for him after her departure, and he would soon receive a reward for the kindness he had shown her.
4. Having said this, she nobly sustained the issue, burning pitch being poured little by little, over various parts of her body, from the sole of her feet to the crown of her head. Such was the conflict endured by this famous maiden.
5. Not long after this Basilides, being asked by his fellow-soldiers to swear for a certain reason, declared that it was not lawful for him to swear at all, for he was a Christian, and he confessed this openly. At first they thought that he was jesting, but when he continued to affirm it, he was led to the judge, and, acknowledging his conviction before him, he was imprisoned. But the brethren in God coming to him and inquiring the reason of this sudden and remarkable resolution, he is reported to have said that Potamiaena, for three days after her martyrdom, stood beside him by night and placed a crown on his head and said that she had besought the Lord for him and had obtained what she asked, and that soon she would take him with her.
6. Thereupon the brethren gave him the seal 4 of the Lord; and on the next day, after giving glorious testimony for the Lord, he was beheaded. And many others in Alexandria are recorded to have accepted speedily the word of Christ in those times.
7. For Potamiaena appeared to them in their dreams and exhorted them. But let this suffice in regard to this matter.
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Potamiaena, one of the most celebrated of the martyrs that suffered under Severus, is made by Rufinus a disciple of Origen, but Eusebius does not say that she was, and indeed, in making Basilides the seventh of Origen's disciples to suffer, he evidently excludes Potamiaena from the number. Quite a full account of her martyrdom is given by Palladius in his Historia Lausiaca, chap. 3 (Migne's Patr. Gr. XXXIV. 1014), which contains some characteristic details not mentioned by Eusebius. It appears from that account that she was a slave, and that her master, not being able to induce her to yield to his passion, accused her before the judge as a Christian, bribing him, if possible, to break her resolution by tortures and then return her to him, or, if that was not possible, to put her to death as a Christian. We cannot judge as to the exact truth of this and other details related by Palladius, but his history (which was written early in the fifth century) is, in the main at least, reliable, except where it deals with miracles and prodigies (cf. the article on Palladius of Helenopolis, in the Dict. of Christ. Biog.). ↩
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Basilides is clearly reckoned here among the disciples of Origen. The correctness of Eusebius' statement has been doubted, but there is no ground for such doubt, for there is no reason to suppose that all of Origen's pupils became converted under his instruction. ↩
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Of Marcella, we know only that she was the mother of the more celebrated Potamiaena, and suffered martyrdom by fire. ↩
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The word sphragis, "seal," was very commonly used by the Fathers to signify baptism (see Suicer's Thesaurus). ↩