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Histoire ecclésiastique
CHAPITRE XI : CE QUI ARRIVE A DENYS ET A CEUX D'EGYPTE
[1] Au sujet de la persécution qui sévissait sous ce prince avec une très grande force, ce que ce même Denys a enduré, avec d'autres, pour la religion du Dieu de l'univers sera expliqué dans les paroles qu'il adressa en une longue lettre à Germain, un des évêques ses con - 319 temporains qui essayait de dire du mal de lui ; il expose ce qui suit :
[2] « Je risque de tomber réellement dans une grande folie et stupidité, réduit que je suis à la nécessité de raconter l'admirable conduite de Dieu envers nous ; mais puisque, dit-on, « il est bon de cacher le secret du roi mais glorieux de révéler les œuvres de Dieu », j'en viendra là, grâce à la violence que me fait Germain.
[3] « Je vins devant Emilien, mais non pas seul ; je fus accompagné par mon collègue dans le sacerdoce et Maxime et par les diacres Faustus, Eusèbe, Chérémon, même un des frères de Rome qui étaient parmi nous, entra avec nous.2 [4] Emilien ne me dit pas tout d'abord : «Ne réunis plus [les frères].» Cela lui était en effet chose accessoire et il s'empressa d'aller tout d'abord au but final ; il ne parla donc pas de ne plus assembler les autres, mais de ne plus être chrétiens nous-mêmes et il nous ordonna de cesser de l'être; si je changeais de convictions, les autres me suivraient, eux aussi, pensait-il. [5] Mais je répondis tout naturellement par la courte parole : « Il vaut mieux obéir à Dieu qu'aux hommes », et devant lui je rendis le témoignage que j'adorais le seul Dieu qui existe et pas d'autre, que je ne changerais pas et que jamais je ne cesserais d'être chrétien. Sur ce, il nous ordonna d'aller dans un bourg voisin du désert appelé Képhro.3 [6] Mais écoutez les paroles mêmes que nous avons dites de part et d'autre, ainsi qu'elles sont consignées dans les documents officiels.
« Denys, Faustus, Maxime, Marcel et Chérémon 321 étant introduits, Émilion, exerçant la charge de gouverneur, dit : « Je vous ai entretenus de vive voix de la bonté dont nos maîtres usent envers vous;4 [7] ils vous donnent en effet la faculté d'être délivrés si vous voulez vous tourner vers ce qui est conforme à la nature et adorer les dieux qui conservent leur empire, mais aussi, d'autre part, omettre les choses qui répugnent à la nature. Que dites-vous donc à cela? car j'attends de vous que vous ne soyez pas ingrats envers la bienveillance de nos princes puisqu'ils vous exhortent à ce qu'il y a de meilleur. »
[8] « Denys répondit : « Tous n'adorent pas tous les dieux, mais chacun adore ceux qu'il regarde comme tels. Aussi bien nous adorons le Dieu unique, créateur de tous les êtres, celui qui a mis l'empire aux mains des très pieux Augustes, Valérien et Gallien, c'est lui que nous révérons et adorons, et nous le prions sans cesse pour leur règne afin qu'il demeure inébranlable. »
[9] « Emilien exerçant la charge de gouverneur leur dit : « Qui donc vous empêche de l'adorer, s'il est Dieu, avec les dieux qui le sont par nature? car on vous ordonne d'adorer les dieux et les dieux que tous savent. »
« Denys répondit : « Nous n'adorons pas d'autre dieu.»
[10] « Emilien exerçant la charge de gouverneur leur dit : « Je vois que vous êtes ingrats et insensibles à la mansuétude de nos Augustes, c'est pourquoi vous ne resterez pas dans cette ville, mais vous serez envoyés 323 dans les régions de la Libye, dans un lieu appelé Képhro, car j'ai choisi ce pays par ordre de nos Augustes. Jamais il ne vous sera permis ni à vous ni à d'autres de faire des assemblées, ni d'entrer dans ce qu'on appelle les cimetières.5 [11] Si, d'autre part, quelqu'un est vu ailleurs que dans le lieu que j'ai ordonné, ou est trouvé dans une assemblée quelconque, il se mettra en péril imminent, car le châtiment convenable ne manquera pas. Retirez-vous donc où il vous a été ordonné. »
« J'étais malade, mais il me contraignit à partir, sans me donner un seul jour de délai. Comment donc m'eût-il été loisible de réunir ou non l'assemblée ? »
Puis après autres choses il dit : [12] « Cependant nous ne nous sommes pas avec l'aide du Seigneur abstenus de nous assembler d'une façon réelle ; d'une part j'ai convoqué avec beaucoup de soin ceux qui étaient dans la ville, comme si j'étais avec eux, « j'étais absent de corps mais présent d'esprit »; d'autre part, à Képhro, une église nombreuse se réunit à nous ; elle était composée d'abord des frères de la ville [d'Alexandrie] qui nous avaient suivis, puis de ceux qui venaient d'Egypte.6 [13] Là encore Dieu ouvrit pour nous une porte à la parole. Tout d'abord nous fûmes persécutés, frappés à coups de pierres, mais plus tard un nombre assez respectable de païens laissèrent les idoles et se convertirent à Dieu. Ils n'avaient pas jusque-là reçu la parole divine; elle leur était alors distribuée par nous pour la première fois. [14] Et comme si Dieu nous avait conduits auprès d'eux pour 325 cela, lorsque nous eûmes rempli cet office, il nous en retira, Émilien résolut en effet de nous faire changer de résidence et aller vers des pays plus rudes, à ce qu'il parut, et plus libyens et il ordonna que de partout on se dirigeât ensemble vers le Maréote, assignant à chacun comme résidence un bourg parmi ceux de la contrée. Pour moi il me plaça de préférence sur la route comme devant être arrêté le premier. Il avait en effet manifestement arrangé et préparé la chose de façon à ce que quand il voudrait nous prendre il nous eût tous facilement sous la main.7
[15] « Quant à moi, lorsque je reçus l'ordre de partir pour Képhro, j'ignorais où était ce pays, et j'en avais à peine entendu prononcer le nom autrefois, et cependant j'y allai avec courage et tranquillité, mais lorsqu'il me fut annoncé qu'il fallait émigrer vers Colluthion, ceux qui étaient auprès de moi savent comment je fus affecté (car ici je dois m'accuser) : [16] je fus d'abord accablée, je m'irritai fort ; si ces lieux m'étaient en effet plus connus et plus familiers, on disait qu'ils étaient vides de nos frères et de gens qui nous fussent sympathiques, et d'autre part exposés au tumulte des caravanes et aux incursions des brigands. [17] J'eus cependant une consolation, ce fut d'entendre les frères rappeler qu'on était plus voisin de la ville [d'Alexandrie]; d'une part Képhro nous avait procuré des relations nombreuses avec les frères d'Egypte, si bien qu'il avait été possible d'étendre plus au loin l'influence de l'Église ; mais d'autre part plus proches d'Alexandrie nous jouirions d'une façon plus continue de la vue de ceux qui nous sont vraiment affectionnés, très intimes et très chers, 327 car ils y devaient venir et faire séjour ; et comme dans les faubourgs écartés, des assemblées partielles y auraient lieu; il on arriva ainsi. »8
[18] Et après autre chose, il écrit encore ceci concernant ce qui lui est arrivé : « Germain s'honore de ses nombreuses confessions, il a du reste beaucoup à dire de ce qui a été fait contre lui ; combien pourrait-il en compter qui nous concernent? condamnations, confiscations, ventes aux enchères, pillages des biens, pertes des dignités, mépris de la gloire séculière, dédain des éloges des préfets, des gens du sénat et des ennemis, support des menaces, des clameurs, des dangers, des persécutions, de la vie errante, de la gêne et des afflictions de toutes sortes, telles qu'elles me sont arrivées sous Dèce et Sabinus, et maintenant encore sous Emilien.9 [19] Où Germain a-t-il été vu? Quel récit a-t-on fait de lui ? Mais je laisse la grande folie dans laquelle je suis tombé à cause de Germain, et quant à ce qui regarde la narration de chacune des choses qui me sont arrivées je remets aux frères qui les savent le soin de la faire. »
[20] Le même Denys dans sa lettre à Dométius et à Didyme, rappelle encore les incidents de la persécution en ces termes : « Les nôtres sont nombreux et vous ne les connaissez pas, il est superflu de faire la liste de leurs noms ; toutefois sachez que des hommes, des femmes, des jeunes gens, des vieillards, des jeunes filles, et des personnes avancées en âge, des soldats, de simples particuliers, des gens de toutes races et de tout âge, après avoir vaincu, les uns par les fouets et le feu, et les autres par le fer ont reçu les couronnes. [21] Pour d'autres 329 une période de temps tout à fait longue n'a pas suffi pour qu'ils parussent acceptables au Seigneur ; c'est ainsi, du reste, qu'il a semblé en être pour moi jusqu'à maintenant; c'est pourquoi il m'a réservé pour l'heure favorable que lui-même connaît, quand il dit : « Je t'ai exaucé au moment favorable et je t'ai secouru à l'heure du salut. »
[22] « Puis donc que vous cherchez à connaître ce qui nous concerne et que vous voulez qu'on vous raconte comment nous vivons, apprenez d'abord que nous avons été emmenés prisonniers par un centurion des officiers et les soldats ou serviteurs qui étaient avec eux, moi, Gaius, Faustus, Pierre et Paul. Des Maréotes survenant nous ont enlevés malgré nous; nous refusions de les suivre, mais ils nous ont entraînés de force.10 [23] Maintenant moi, Gaius et Pierre seuls après avoir été séparés de nos autres frères, avons été enfermés dans un pays désert et aride de la Libye ; trois jours de marche nous séparent de Parétonium. »
[24] Et un peu plus loin il dit : « Dans la ville des prêtres se sont cachés et ont visité secrètement les frères ce sont Maxime, Dioscore, Démétrius, Lucius ; ceux en effet qui étaient plus connus dans le monde, Faustin et Aquila, errent en Egypte ; quant aux diacres qui ont survécu à ceux qui sont morts dans l'île, ce sont Faustus, Eusèbe et Chérémon. C'est cet Eusèbe que Dieu a fortifié dès le début et préparé à s'acquitter avec courage du service des confesseurs en prison et à remplir la mission, non sans danger, d'ensevelir les corps des parfaits et bienheureux martyrs.11 [25] Car jusqu'à aujourd'hui le gouverneur 331 ne manque pas, lorsqu'on en amène quelques-uns devant lui, ou de les mettre à mort cruellement, ou de les déchirer en des tortures, ou de les faire languir en prison et dans les chaînes; il interdit que nul n'approche d'eux, et il veille strictement à ce que personne n'y paraisse. Cependant, Dieu, grâce au courage et à l'insistance des frères, procure un peu de soulagement aux affligés. » Voilà ce que dit Denys.12
[26] Il faut savoir qu'Eusèbe, que Denys a appelé diacre, a été peu après établi évêque de Laodicée en Syrie ; quant à Maxime, qu'il cite alors comme prêtre, il a succédé à Denys lui-même dans le gouvernement spirituel des frères d'Alexandrie; pour Faustus, qui s'était alors distingué avec lui dans la confession, il a été conservé jusqu'à la persécution de notre temps, véritable vieillard plein de jours ; il a terminé sa vie à notre époque par le martyre et a eu la tête tranchée.
Voilà ce qui arriva à Denys en ce temps-là.
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1-19 = FELTOE, 27, 10 -36, 7. ↩
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Cet Emilien ne doit pas être confondu avec le successeur de Gallus. Il prit lui-même la pourpre, sous le règne de Gallien ; mais Théodote, général de Gallien, le vainquit et le fit tuer. - Maxime devait succéder à Denys sur le siège d'Alexandrie. ↩
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Képhro, village dont on ne sait rien de plus. ↩
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Marcellus n'a pas été nommé précédemment; est-ce le frère de Rome qui a été pris avec eux? Ici Eusèbe est omis. ↩
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καλούμενα prouve que ce sens de κοιμητήριον est chrétien. Sur les cimetières, voy. DUCHESNE Hist, t. I, p. 387 ; et l'art, spécial du Dictionnaire d'archéologie de dom Cabrol. - « Accusabatur scilicet Dionysius a Germano quod conuentus fratrum non habuisset ente exotlam persecutionem, sed fuga saluti suae prospexisset. Quotiens enim ingruebat persecutio, solebant prius episcopi populum congregare » (VALOIS). ↩
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ὡς εἶπεν : voy. la n. sur viii 5 ↩
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λιβυκωτέρους : cf. x, 5. Cette expression est contredite par la mention du lac Maréotis ; voy. la n. de Schwartz. ↩
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γειτνιῴη SCHARTZ : γνειντιῶ, BDT γειτνιῶ EM, γειτνίᾶ AR2, .« ist nah » arm. - προάστείοις désigne la région qui entoure une ville; voy. BINGHAM, Antiq., IX, ii, 3 (FELTOR). ↩
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ὁμολογίας : Confessions de la foi devant les autorités en temps de pesécution. - πολλά τἑ εἶπεν WILAMOWITZ. - Sur la persécution sous Dèce cf. Sabinus, νον. VI, x,i 2. - Le deuxième ρῖα, devant μέχρι est une altération antérieure à Eusèbe. 547 - 20-25 = 69, 4. ↩
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στρατηγῶν : des magistrats civils, duumuiri, auxquels sont attachés les ὑπηρεταί, tandis que les soldats dépendent du centurion. — ἀφήρπασαν : sur ces événements, voy. VI, x. 6. ↩
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νήσῳ lat. arm., νόσῳ mss. : probablement une île du fleuve, connue des chrétiens; voy. SCHWAHTZ, p. lxxxvi. - τελείων : ces parfaits sont les martyrs; cf. VII, xii, 26. ↩
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Sur Eusèbe, voy. xxxii, 5; sur Maxime, xxviii, 3; la persécution où périt Faustus est celle de Dioctétien (303-304). ↩
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Ἐκκλησιαστικὴ ἱστορία
ΙΑ Περὶ τῶν τότε Διονυσίωι καὶ τοῖς κατ' Αἴγυπτον συμβάντων.
[7.11.1] Περὶ δὲ τοῦ κατ' αὐτὸν διωγμοῦ σφοδρότατα πνεύσαντος οἷα σὺν ἑτέροις ὁ αὐτὸς διὰ τὴν εἰς τὸν τῶν ὅλων θεὸν εὐσέβειαν ὑπέστη, δηλώσουσιν αἱ αὐτοῦ φωναὶ ἃς πρὸς Γερμανὸν τῶν κατ' αὐτὸν ἐπισκόπων κακῶς ἀγορεύειν αὐτὸν πειρώμενον ἀποτεινόμενος, τοῦτον παρατίθεται τὸν τρόπον· [7.11.2] «εἰς ἀφροσύνην δὲ κινδυνεύω πολλὴν καὶ ἀναισθησίαν ὄντως ἐμπεσεῖν, εἰς ἀνάγκην συμβιβαζόμενος τοῦ διηγεῖσθαι τὴν θαυμαστὴν περὶ ἡμᾶς οἰκονομίαν τοῦ θεοῦ· ἀλλ' ἐπεὶ μυστήριον, φησίν, βασιλέως κρύψαι καλόν, τὰ δὲ ἔργα τοῦ θεοῦ ἀνακαλύπτειν ἔνδοξον, ὁμόσε χωρήσω τῆι Γερμανοῦ βίαι. [7.11.3] ἧκον πρὸς Αἰμιλιανόν, οὐ μόνος, ἠκολούθησαν δέ μοι συμπρεσβύτερός τέ μου Μάξιμος καὶ διά κονοι Φαῦστος Εὐσέβιος Χαιρήμων, καί τις τῶν ἀπὸ Ῥώμης παρόντων ἀδελφῶν ἡμῖν συνεισῆλθεν. [7.11.4] Αἰμιλιανὸς δὲ οὐκ εἶπέν μοι προηγουμένως «μὴ σύναγε». περιττὸν γὰρ τοῦτο ἦν αὐτῶι καὶ τὸ τελευταῖον, ἐπὶ τὸ πρῶτον ἀνατρέχοντι· οὐ γὰρ περὶ τοῦ μὴ συνάγειν ἑτέρους ὁ λόγος ἦν αὐτῶι, ἀλλὰ περὶ τοῦ μηδ' αὐτοὺς ἡμᾶς εἶναι Χριστιανούς, καὶ τούτου προσέταττεν πεπαῦσθαι, εἰ μεταβαλοίμην ἐγώ, καὶ τοὺς ἄλλους ἕψεσθαί μοι νομίζων. [7.11.5] ἀπεκρινάμην δὲ οὐκ ἀπεοικότως οὐδὲ μακρὰν τοῦ πειθαρχεῖν δεῖ θεῶι μᾶλλον ἢ ἀνθρώποις, ἀλλ' ἄντικρυς διεμαρτυράμην ὅτι τὸν θεὸν τὸν ὄντα μόνον καὶ οὐδένα ἕτερον σέβω οὐδ' ἂν μεταθείμην οὐδὲ παυσαίμην ποτὲ Χριστιανὸς ὤν. ἐπὶ τούτοις ἐκέλευσεν ἡμᾶς ἀπελθεῖν εἰς κώμην πλησίον τῆς ἐρήμου καλουμένην Κεφρώ. [7.11.6] αὐτῶν δὲ ἐπακούσατε τῶν ὑπ' ἀμφοτέρων λεχθέντων ὡς ὑπεμνηματίσθη. «εἰσαχθέντων Διονυσίου καὶ Φαύστου καὶ Μαξίμου καὶ Μαρκέλλου καὶ Χαιρήμονος, Αἰμιλιανὸς διέπων τὴν ἡγεμονίαν εἶπεν· «καὶ ἀγράφως ὑμῖν διελέχθην περὶ τῆς φιλανθρωπίας τῶν κυρίων ἡμῶν ἧι περὶ ὑμᾶς κέχρηνται· [7.11.7] δεδώκασιν γὰρ ἐξουσίαν ὑμῖν σωτηρίας, εἰ βούλοισθε ἐπὶ τὸ κατὰ φύσιν τρέπεσθαι καὶ θεοὺς τοὺς σώιζοντας αὐτῶν τὴν βασιλείαν προσκυνεῖν, ἐπιλαθέσθαι δὲ τῶν παρὰ φύσιν. τί οὖν φατὲ πρὸς ταῦτα; οὐδὲ γὰρ ἀχαρίστους ὑμᾶς ἔσεσθαι περὶ τὴν φιλανθρωπίαν αὐτῶν προσδοκῶ, ἐπειδήπερ ἐπὶ τὰ βελτίω ὑμᾶς προτρέπονται». [7.11.8] «Διονύσιος ἀπεκρίνατο· «οὐ πάντες πάντας προσκυνοῦσι θεούς, ἀλλ' ἕκαστοι τινάς, οὓς νομίζουσιν· ἡμεῖς τοίνυν τὸν ἕνα θεὸν καὶ δημιουργὸν τῶν ἁπάντων, τὸν καὶ τὴν βασιλείαν ἐγχειρίσαντα τοῖς θεοφιλεστάτοις Οὐαλεριανῶι καὶ Γαλλιήνωι Σεβαστοῖς, τοῦτον καὶ σέβομεν καὶ προσκυνοῦμεν, καὶ τούτωι διηνεκῶς ὑπὲρ τῆς βασιλείας αὐτῶν, ὅπως ἀσάλευτος διαμείνηι, προσευχόμεθα». [7.11.9] «Αἰμιλιανὸς διέπων τὴν ἡγεμονίαν αὐτοῖς εἶπεν· «τίς γὰρ ὑμᾶς κωλύει καὶ τοῦτον, εἴπερ ἐστὶν θεός, μετὰ τῶν κατὰ φύσιν θεῶν προσκυνεῖν; θεοὺς γὰρ σέβειν ἐκελεύσθητε, καὶ θεοὺς οὓς πάντες ἴσασιν». «Διονύσιος ἀπεκρίνατο· «ἡμεῖς οὐδένα ἕτερον προσκυνοῦμεν». [7.11.10] «Αἰμιλιανὸς διέπων τὴν ἡγεμονίαν αὐτοῖς εἶπεν· «ὁρῶ ὑμᾶς ὁμοῦ καὶ ἀχαρίστους ὄντας καὶ ἀναισθήτους τῆς πραιότητος τῶν Σεβαστῶν ἡμῶν· δι' ὅπερ οὐκ ἔσεσθε ἐν τῆι πόλει ταύτηι, ἀλλὰ ἀποσταλήσεσθε εἰς τὰ μέρη τῆς Λιβύης καὶ ἐν τόπωι λεγομένωι Κεφρώ· τοῦτον γὰρ τὸν τόπον ἐξελεξάμην ἐκ τῆς κελεύσεως τῶν Σεβαστῶν ἡμῶν. οὐδαμῶς δὲ ἐξέσται οὔτε ὑμῖν οὔτε ἄλλοις τισὶν ἢ συνόδους ποιεῖσθαι ἢ εἰς τὰ καλούμενα κοιμητήρια εἰσιέναι. [7.11.11] εἰ δέ τις φανείη ἢ μὴ γενόμενος εἰς τὸν τόπον τοῦτον ὃν ἐκέλευσα, ἢ ἐν συναγωγῆι τινι εὑρεθείη, ἑαυτῶι τὸν κίνδυνον ἐπαρτήσει· οὐ γὰρ ἐπιλείψει ἡ δέουσα ἐπιστρέφεια. ἀπόστητε οὖν ὅπου ἐκελεύσθητε». «καὶ νοσοῦντα δέ με κατήπειξεν, οὐδὲ μιᾶς ὑπέρθεσιν δοὺς ἡμέρας. ποίαν οὖν ἔτι τοῦ συνάγειν ἢ μὴ συνάγειν εἶχον σχολήν;» εἶτα μεθ' ἕτερά φησιν· [7.11.12] «ἀλλ' οὐδὲ τῆς αἰσθητῆς ἡμεῖς μετὰ τοῦ κυρίου συναγωγῆς ἀπέστημεν, ἀλλὰ τοὺς μὲν ἐν τῆι πόλει σπουδαιότερον συνεκρότουν ὡς συνών, ἀπὼν μὲν τῶι σώματι, ὡς εἶπεν, παρὼν δὲ τῶι πνεύματι, ἐν δὲ τῆι Κεφροῖ καὶ πολλὴ συνεπεδήμησεν ἡμῖν ἐκκλησία, τῶν μὲν ἀπὸ τῆς πόλεως ἀδελφῶν ἑπομένων, τῶν δὲ συνιόντων ἀπ' Αἰγύπτου. [7.11.13] κἀκεῖ θύραν ἡμῖν ὁ θεὸς ἀνέωιξεν τοῦ λόγου. καὶ τὸ μὲν πρῶτον ἐδιώχθημεν, ἐλιθοβολήθημεν, ὕστερον δέ τινες οὐκ ὀλίγοι τῶν ἐθνῶν τὰ εἴδωλα καταλιπόντες, ἐπέστρεψαν ἐπὶ τὸν θεόν· οὐ πρότερον δὲ παραδεξαμένοις αὐτοῖς τότε πρῶτον δι' ἡμῶν ὁ λόγος ἐπεσπάρη, [7.11.14] καὶ ὥσπερ τούτου ἕνεκεν ἀπαγαγὼν ἡμᾶς πρὸς αὐτοὺς ὁ θεός, ἐπεὶ τὴν διακονίαν ταύτην ἐπληρώσαμεν, πάλιν ἀπαγήοχεν. ὁ γὰρ Αἰμιλιανὸς εἰς τραχυτέρους μέν, ὡς ἐδόκει, καὶ λιβυκωτέρους ἡμᾶς μεταστῆσαι τόπους ἐβουλήθη, καὶ τοὺς πανταχόσε εἰς τὸν Μαρεώτην ἐκέλευσεν συρρεῖν, κώμας ἑκάστοις τῶν κατὰ χώραν ἀφορίσας, ἡμᾶς δὲ μᾶλλον ἐν ὁδῶι καὶ πρώτους καταληφθησομένους ἔταξεν. ὠικονόμει γὰρ δῆλον ὅτι καὶ παρεσκεύαζεν ἵνα ὁπόταν βουληθείη συλλαβεῖν, πάντας εὐαλώτους ἔχοι. [7.11.15] «ἐγὼ δὲ ὅτε μὲν εἰς Κεφρὼ κεκελεύσμην ἀπελθεῖν, καὶ τὸν τόπον ἠγνόουν ὅποι ποτὲ οὗτός ἐστιν, οὐδὲ τὸ ὄνομα σχεδὸν πρότερον ἀκηκοώς, καὶ ὅμως εὐθύμως καὶ ἀταράχως ἀπήιειν· ἐπεὶ δὲ μετασκηνώσειν εἰς τὰ Κολλουθίωνος ἀπηγγέλη μοι, ἴσασιν οἱ παρόντες ὅπως διετέθην ἐνταῦθα γὰρ ἐμαυτοῦ κατηγορήσω, [7.11.16] τὸ μὲν πρῶτον ἠχθέσθην καὶ λίαν ἐχαλέπηνα· καὶ γὰρ εἰ γνωριμώτεροι καὶ συνηθέστεροι ἐτύγχανον ἡμῖν οἱ τόποι, ἀλλ' ἔρημον μὲν ἀδελφῶν καὶ σπουδαίων ἀνθρώπων ἔφασκον εἶναι τὸ χωρίον, ταῖς δὲ τῶν ὁδοιπορούντων ἐνοχλήσεσιν καὶ ληιστῶν καταδρομαῖς ἐκκείμενον· [7.11.17] ἔτυχον δὲ παραμυθίας, ὑπομνησάντων με τῶν ἀδελφῶν ὅτι γειτνιώιη μᾶλλον τῆι πόλει καὶ ἡ μὲν Κεφρὼ πολλὴν ἡμῖν ἦγεν ἀδελφῶν τῶν ἀπ' Αἰγύπτου τὴν ἐπιμιξίαν, ὡς πλατύτερον ἐκκλησιάζειν δύνασθαι, ἐκεῖ δέ, πλησιαίτερον οὔσης τῆς πόλεως, συνεχέστερον τῆς τῶν ὄντως ἀγαπητῶν καὶ οἰκειοτάτων καὶ φιλτάτων ὄψεως ἀπολαύσομεν· ἀφίξονται γὰρ καὶ ἀναπαύσονται καὶ ὡς ἐν προαστείοις πορρωτέρω κειμένοις κατὰ μέρος ἔσονται συναγωγαί. καὶ οὕτως ἐγένετο». [7.11.18] καὶ μεθ' ἕτερα περὶ τῶν συμβεβηκότων αὐτῶι αὖθις ταῦτα γράφει· «πολλαῖς γε ταῖς ὁμολογίαις Γερμανὸς σεμνύνεται, πολλά γε εἰπεῖν ἔχει καθ' ἑαυτοῦ γενόμενα· ὅσας ἀριθμῆσαι δύναται περὶ ἡμῶν ἀποφάσεις, δημεύσεις, προγραφάς, ὑπαρχόντων ἁρπαγάς, ἀξιωμάτων ἀποθέσεις, δόξης κοσμικῆς ὀλιγωρίας, ἐπαίνων ἡγεμονικῶν καὶ βουλευτικῶν καταφρονήσεις καὶ τῶν ἐναντίων, ἀπειλῶν καὶ καταβοήσεων καὶ κινδύνων καὶ διωγμῶν καὶ πλάνης καὶ στενοχωρίας καὶ ποικίλης θλίψεως ὑπομονήν, οἷα τὰ ἐπὶ Δεκίου καὶ Σαβίνου συμβάντα μοι, οἷα μέχρι νῦν Αἰμιλιανοῦ. [7.11.19] ποῦ δὲ Γερμανὸς ἐφάνη; τίς δὲ περὶ αὐτοῦ λόγος; ἀλλὰ τῆς πολλῆς ἀφροσύνης, εἰς ἣν ἐμπίπτω διὰ Γερμανόν, ὑφίεμαι, δι' ὃ καὶ τὴν καθ' ἕκαστον τῶν γενομένων διήγησιν παρίημι τοῖς εἰδόσιν ἀδελφοῖς λέγειν». [7.11.20] ὁ δ' αὐτὸς καὶ ἐν τῆι πρὸς Δομέτιον καὶ Δίδυμον ἐπιστολῆι τῶν ἀμφὶ τὸν διωγμὸν αὖθις μνημονεύει ἐν τούτοις· «τοὺς δὲ ἡμετέρους, πολλούς τε ὄντας καὶ ἀγνῶτας ὑμῖν, περισσὸν ὀνομαστὶ καταλέγειν, πλὴν ἴστε ὅτι ἄνδρες καὶ γυναῖκες, καὶ νέοι καὶ γέροντες, καὶ κόραι καὶ πρεσβύτιδες, καὶ στρατιῶται καὶ ἰδιῶται, καὶ πᾶν γένος καὶ πᾶσα ἡλικία, οἳ μὲν διὰ μαστίγων καὶ πυρός, οἳ δὲ διὰ σιδήρου τὸν ἀγῶνα νικήσαντες, τοὺς στεφάνους ἀπειλήφασιν· [7.11.21] τοῖς δὲ οὐ πάμπολυς αὐτάρκης ἀπέβη χρόνος εἰς τὸ φανῆναι δεκτοὺς τῶι κυρίωι, ὥσπερ οὖν ἔοικεν μηδὲ ἐμοὶ μέχρι νῦν, διόπερ εἰς ὃν οἶδεν αὐτὸς ἐπιτήδειον καιρὸν ὑπερέθετό με ὁ λέγων καιρῶι δεκτῶι ἐπήκουσά σου, καὶ ἐν ἡμέραι σωτηρίας ἐβοήθησά σοι. [7.11.22] τὰ γὰρ καθ' ἡμᾶς ἐπειδὴ πυνθάνεσθε καὶ βούλεσθε δηλωθῆναι ὑμῖν ὅπως διάγομεν, ἠκούσατε μὲν πάντως ὅπως ἡμᾶς δεσμώτας ἀγομένους ὑπὸ ἑκατοντάρχου καὶ στρατηγῶν καὶ τῶν σὺν αὐτοῖς στρατιωτῶν καὶ ὑπηρετῶν, ἐμέ τε καὶ Γάϊον καὶ Φαῦστον καὶ Πέτρον καὶ Παῦλον, ἐπελθόντες τινὲς τῶν Μαρεωτῶν, ἄκοντας καὶ μηδὲ ἑπομένους, βίαι τε καὶ σύροντες, ἀφήρπασαν· [7.11.23] ἐγὼ δὲ νῦν καὶ Γάϊος καὶ Πέτρος μόνοι, τῶν ἄλλων ἀδελφῶν ἀπορφανισθέντες, ἐν ἐρήμωι καὶ αὐχμηρῶι τῆς Λιβύης τόπωι κατακεκλείσμεθα, τριῶν ὁδὸν ἡμερῶν τοῦ Παραιτονίου διεστηκότες». [7.11.24] καὶ ὑποκαταβάς φησιν· «ἐν δὲ τῆι πόλει καταδεδύκασιν ἀφανῶς ἐπισκεπτόμενοι τοὺς ἀδελφούς, πρεσβύτεροι μὲν Μάξιμος Διόσκορος Δημήτριος Λούκιος· οἱ γὰρ ἐν τῶι κόσμωι προφανέστεροι Φαυστῖνος καὶ Ἀκύλας ἐν Αἰγύπτωι πλανῶνται· διάκονοι δὲ οἱ μετὰ τοὺς ἐν τῆι νήσωι τελευτήσαντας ὑπολειφθέντες Φαῦστος Εὐσέβιος Χαιρήμων· Εὐσέβιος, ὃν ἐξ ἀρχῆς ὁ θεὸς ἐνεδυνάμωσεν καὶ παρεσκεύασεν τὰς ὑπηρεσίας τῶν ἐν ταῖς φυλακαῖς γενομένων ὁμολογητῶν ἐναγωνίως ἀποπληροῦν καὶ τὰς τῶν σωμάτων περιστολὰς τῶν τελείων καὶ μακαρίων μαρτύρων οὐκ ἀκινδύνως ἐκτελεῖν· [7.11.25] καὶ γὰρ μέχρι νῦν οὐκ ἀνίησιν ὁ ἡγούμενος τοὺς μὲν ἀναιρῶν, ὡς προεῖπον, ὠμῶς τῶν προσαγομένων, τοὺς δὲ βασάνοις καταξαίνων, τοὺς δὲ φυλακαῖς καὶ δεσμοῖς ἐκτήκων προστάσσων τε μηδένα τούτοις προσιέναι καὶ ἀνερευνῶν μή τις φανείη, καὶ ὅμως ὁ θεὸς τῆι προθυμίαι καὶ λιπαρίαι τῶν ἀδελφῶν διαναπαύει τοὺς πεπιεσμένους». [7.11.26] καὶ τοσαῦτα μὲν ὁ Διονύσιος. ἰστέον δὲ ὡς ὁ μὲν Εὐσέβιος, ὃν διάκονον προσεῖπεν, σμικρὸν ὕστερον ἐπίσκοπος τῆς κατὰ Συρίαν Λαοδικείας καθίσταται, ὁ δὲ Μάξιμος, ὃν τότε πρεσβύτερον εἴρηκεν, μετ' αὐτὸν Διονύσιον τὴν λειτουργίαν τῶν κατ' Ἀλεξάνδρειαν ἀδελφῶν διαδέχεται, Φαῦστος δέ, ὁ σὺν αὐτῶι τηνικάδε διαπρέψας ἐν τῆι ὁμολογίαι, μέχρι τοῦ καθ' ἡμᾶς διωγμοῦ φυλαχθείς, γηραιὸς κομιδῆι καὶ πλήρης ἡμερῶν καθ' ἡμᾶς αὐτοὺς μαρτυρίωι τὴν κεφαλὴν ἀποτμηθεὶς τελειοῦται· ἀλλὰ τὰ μὲν κατ' ἐκεῖνο καιροῦ τῶι Διονυσίωι συμβάντα τοιαῦτα.