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Ἐκκλησιαστικὴ ἱστορία
Α Τίς ἡ τῆς ἐπαγγελίας ὑπόθεσις.
[1.1.1] Τὰς τῶν ἱερῶν ἀποστόλων διαδοχὰς σὺν καὶ τοῖς ἀπὸ τοῦ σωτῆρος ἡμῶν καὶ εἰς ἡμᾶς διηνυσμένοις χρόνοις, ὅσα τε καὶ πηλίκα πραγματευθῆναι κατὰ τὴν ἐκκλησιαστικὴν ἱστορίαν λέγεται, καὶ ὅσοι ταύτης διαπρεπῶς ἐν ταῖς μάλιστα ἐπισημοτάταις παροικίαις ἡγήσαντό τε καὶ προέστησαν, ὅσοι τε κατὰ γενεὰν ἑκάστην ἀγράφως ἢ καὶ διὰ συγγραμμάτων τὸν θεῖον ἐπρέσβευσαν λόγον, τίνες τε καὶ ὅσοι καὶ ὁπηνίκα νεωτεροποιίας ἱμέρωι πλάνης εἰς ἔσχατον ἐλάσαντες, ψευδωνύμου γνώσεως εἰσηγητὰς ἑαυτοὺς ἀνακεκηρύχασιν, ἀφειδῶς οἷα λύκοι βαρεῖς τὴν Χριστοῦ [1.1.2] ποίμνην ἐπεντρίβοντες, πρὸς ἐπὶ τούτοις καὶ τὰ παραυτίκα τῆς κατὰ τοῦ σωτῆρος ἡμῶν ἐπιβουλῆς τὸ πᾶν Ἰουδαίων ἔθνος περιελθόντα, ὅσα τε αὖ καὶ ὁποῖα καθ' οἵους τε χρόνους πρὸς τῶν ἐθνῶν ὁ θεῖος πεπολέμηται λόγος, καὶ πηλίκοι κατὰ καιροὺς τὸν δι' αἵματος καὶ βασάνων ὑπὲρ αὐτοῦ διεξῆλθον ἀγῶνα, τά τ' ἐπὶ τούτοις καὶ καθ' ἡμᾶς αὐτοὺς μαρτύρια καὶ τὴν ἐπὶ πᾶσιν ἵλεω καὶ εὐμενῆ τοῦ σωτῆρος ἡμῶν ἀντίληψιν γραφῆι παραδοῦναι προηιρημένος, οὐδ' ἄλλοθεν ἢ ἀπὸ πρώτης ἄρξομαι τῆς κατὰ τὸν σωτῆρα καὶ κύριον ἡμῶν Ἰησοῦν τὸν [1.1.3] Χριστὸν τοῦ θεοῦ οἰκονομίας. ἀλλά μοι συγγνώμην εὐγνωμόνων ἐντεῦθεν ὁ λόγος αἰτεῖ, μείζονα ἢ καθ' ἡμετέραν δύναμιν ὁμολογῶν εἶναι τὴν ἐπαγγελίαν ἐντελῆ καὶ ἀπαράλειπτον ὑποσχεῖν, ἐπεὶ καὶ πρῶτοι νῦν τῆς ὑποθέσεως ἐπιβάντες οἷά τινα ἐρήμην καὶ ἀτριβῆ ἰέναι ὁδὸν ἐγχειροῦμεν, θεὸν μὲν ὁδηγὸν καὶ τὴν τοῦ κυρίου συνεργὸν σχήσειν εὐχόμενοι δύναμιν, ἀνθρώπων γε μὴν οὐδαμῶς εὑρεῖν οἷοί τε ὄντες ἴχνη γυμνὰ τὴν αὐτὴν ἡμῖν προωδευκότων, μὴ ὅτι σμικρὰς αὐτὸ μόνον προφάσεις, δι' ὧν ἄλλος ἄλλως ὧν διηνύκασι χρόνων μερικὰς ἡμῖν καταλελοίπασι διηγήσεις, πόρρωθεν ὥσπερ εἰ πυρσοὺς τὰς ἑαυτῶν προανατείνοντες φωνὰς καὶ ἄνωθέν ποθεν ὡς ἐξ ἀπόπτου καὶ ἀπὸ σκοπῆς βοῶντες καὶ διακελευόμενοι, ἧι χρὴ βαδίζειν καὶ τὴν τοῦ λόγου πορείαν [1.1.4] ἀπλανῶς καὶ ἀκινδύνως εὐθύνειν. ὅσα, τοίνυν εἰς τὴν προκειμένην ὑπόθεσιν λυσιτελεῖν ἡγούμεθα τῶν αὐτοῖς ἐκείνοις σποράδην μνημονευθέντων, ἀναλεξάμενοι καὶ ὡς ἂν ἐκ λογικῶν λειμώνων τὰς ἐπιτηδείους αὐτῶν τῶν πάλαι συγγραφέων ἀπανθισάμενοι φωνάς, δι' ὑφηγήσεως ἱστορικῆς πειρασόμεθα σωματοποιῆσαι, ἀγαπῶντες, εἰ καὶ μὴ ἁπάντων, τῶν δ' οὖν μάλιστα διαφανεστάτων τοῦ σωτῆρος ἡμῶν ἀποστόλων τὰς διαδοχὰς κατὰ τὰς διαπρεπούσας ἔτι καὶ νῦν μνημονευομένας ἐκκλησίας [1.1.5] ἀνασωσαίμεθα. ἀναγκαιότατα δέ μοι πονεῖσθαι τὴν ὑπόθεσιν ἡγοῦμαι, ὅτι μηδένα πω εἰς δεῦρο τῶν ἐκκλησιαστικῶν συγγρα φέων διέγνων περὶ τοῦτο τῆς γραφῆς σπουδὴν πεποιημένον τὸ μέρος· ἐλπίζω δ' ὅτι καὶ ὠφελιμωτάτη τοῖς φιλοτίμως περὶ [1.1.6] τὸ χρηστομαθὲς τῆς ἱστορίας ἔχουσιν ἀναφανήσεται. ἤδη μὲν οὖν τούτων καὶ πρότερον ἐν οἷς διετυπωσάμην χρονικοῖς κανόσιν ἐπιτομὴν κατεστησάμην, πληρεστάτην δ' οὖν ὅμως αὐτῶν ἐπὶ τοῦ παρόντος ὡρμήθην τὴν ἀφήγησιν ποιήσασθαι. [1.1.7] Καὶ ἄρξεταί γέ μοι ὁ λόγος, ὡς ἔφην, ἀπὸ τῆς κατὰ τὸν Χριστὸν ἐπινοουμένης ὑψηλοτέρας καὶ κρείττονος ἢ κατὰ ἄνθρω[1.1.8]πον οἰκονομίας τε καὶ θεολογίας. καὶ γὰρ τὸν γραφῆι μέλλοντα τῆς ἐκκλησιαστικῆς ὑφηγήσεως παραδώσειν τὴν ἱστορίαν, ἄνωθεν ἐκ πρώτης τῆς κατ' αὐτὸν τὸν Χριστόν, ὅτιπερ ἐξ αὐτοῦ καὶ τῆς προσωνυμίας ἠξιώθημεν, θειοτέρας ἢ κατὰ τὸ δοκοῦν τοῖς πολλοῖς οἰκονομίας ἀναγκαῖον ἂν εἴη κατάρξασθαι.
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Histoire ecclésiastique
CHAPITRE PREMIER : SUJET DE L'OUVRAGE PROJETE
Les successions des saints apôtres et les temps écoulés depuis notre Sauveur jusqu'à nous, toutes les grandes choses que l'on raconte avoir été accomplies, dans l'histoire ecclésiastique ; les personnages de cette histoire qui ont présidé avec éclat au gouvernement des plus illustres sièges, ceux qui dans chaque génération ont été par leur parole ou dans leurs ouvrages les ambassadeurs de la parole divine; les noms, la qualité et l'époque de ceux qui, emportés au loin par le charme et la nouveauté de l'erreur, se sont présentée comme les introducteurs d'une science mensongère et, ainsi que des loups cruels, ont ravagé sans pitié le troupeau du Christ; [2] ensuite, les malheurs qui ont accablé toute la nation des juifs aussitôt après l'attentat contre notre Sauveur; puis la nature, la variété et les temps des nombreux combats que la doctrine divine a soutenus contre les païens; ceux qui, suivant les temps, ont pour elle engagé la lutte au prix de leur sang et de leurs supplices ; comme aussi les martyres qui ont eu 9 lieu de nos jours, et enfin la délivrance qui nous est venue de la miséricordieuse bonté de notre Sauveur : voilà ce que j'ai entrepris de transmettre par écrit. Le point de départ de mon travail ne sera autre que le commencement de l'économie {voy. l'Appendice) de notre Sauveur et Seigneur Jésus, le Christ de Dieu.1
[3] Mais mon sujet réclame pour moi l'indulgence des gens bienveillants ; car je fais l'aveu qu'en une telle entreprise il est au-dessus de mes forces de remplir parfaitement et complètement l'attente du lecteur. Je suis en effet actuellement le premier qui tente une pareille œuvre, et le chemin par où je dois passer est désert et n'a été foulé par personne : que Dieu, je l'en prie, me conduise, et que la force du Seigneur soit mon secours. Il ne me sera pas possible de trouver les simples traces de ceux qui ont avant moi suivi la même voie ; je ne rencontrerai que de faibles indications d'écrivains qui nous ont laissé, chacun sur les temps qu'il a traversés, des récits partiels. Leurs paroles seront comme un fanal qu'on élève en avant ou comme la voix des veilleurs qui dans le lointain retentit du haut d'une tour ; ils m'indiqueront par où il faut penser et diriger la marche de mon récit sans erreur et sans danger. [4] Je choisirai ce que je penserai convenir au but que je me propose, dans ce qu'ils rapportent çà et là, et je cueillerai chez ces écrivains antiques comme en des parterres d'éloquence les passages utiles et j'essaierai d'en faire un tout par mon récit. Heureux si je puis sauver de l'oubli les successions, sinon de tous les apôtres de notre Sauveur, du 11 moins de ceux qui se sont le plus distingués dans les Églises demeurées illustres jusqu'à nous.
[5] Je crois faire là un travail tout à fait nécessaire, car parmi les écrivains ecclésiastiques personne jusqu'ici à ma connaissance ne s'est soucié d'entreprendre une pareille œuvre. J'espère aussi qu'il paraîtra de quelque profit à ceux qui recherchent les enseignements de l'histoire. [6] J'ai déjà du reste dans les colonnes de mes Chroniques, disposé un résumé des événements dont je me prépare aujourd'hui à faire un récit très complet.
[7] Ainsi que je viens de le dire, je débuterai par un sujet qui dépasse en hauteur et en puissance la raison humaine : l'économie et la théologie du Christ (voy. l'Appendice).2 [8] Quiconque veut écrire un exposé de l'histoire ecclésiastique, doit d'abord traiter des débuts de l'économie du Christ lui-même puisque nous avons l'honneur de tirer notre nom de lui, économie du reste plus divine qu'il ne semble à beaucoup.
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οἰκονομίας;. Ce terme désigne la partie humaine et l'activité extérieure du Christ. Le début de l'économie, ἡ πρώτη οἴκονομία ,est la descente du Christ sur terre, l'incarnation ; de même § 8 Cf. ἡ κατ' ἀνθρύπους οἰκονομία, Vie de Const. I, xxxii, 2 ; ἡ σωτήριας οἴκονομία, ib. IV, xxix, 3. Le mot désigne à l'origine la mission du Christ; il est pris dans ce sens par IGNACE, Eph., xviii,,2: Ὁ Χριστὸς ἐκυφορήθη ὑπὸ 491 Μαρίας κατ' οἰκονομίαν θεοῦ ; c'est ainsi que le même auteur l'entend, dans un sens profane, de la fonction de celui que le père de famille délègue pour l'administration des affaires : Ὃν πέμπει ὁ οἰκοδεσπότης εἰς ἰδίαν οἰκονομίαν. Le sens spécial et théologique apparaît clairement dans JUSTIN, Dial., ciii (P. G., t. VI, col. 717 A). IRÉNÉE, Hérésies, 1, x, 1 (P. G., t. VII, col. 549 A) appelle οἰκονομίας les actes successifs par lesquels le Christ a sauvé les hommes, depuis son premier avènement jusqu'au second, τὴν ἐκ τῶν οὐρανῶν ἐν τῇ δόξη τοῦ Πατρὸς παρουσίαν αὐτοῦ. Le mot devient un terme technique et est employé par Clément d'Alexandrie, Origène, Epiphane, Cyrille d'Alexandrie, etc. Voy. la note de Valois. Il passe dans les autres langues : en syriaque (CHABOT, Synodicon orientale, p. 301 ; synode d'Acace en 486) ; en latin, où il est traduit par dispensatio (saint JERÔME, Epist., XCVIII, 6; P. L., t. XXII, col. 797 ; AUGUSTIN, In lohan., XXXVI, 2; Serm. CCXXXVII, ι, 1; CCLXIV, 6; P. L., t. XXXV, col. 1663; t. XXX VIII, col.1122i et 1217) par administratio (AUG., De fide et symb., 18; P.L., t. XL, col. 191 : Administralionem suscepti hominis). — Un sens plus général du mot est « providence», ci-dessous, II, i, 13. ↩
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οἰκονομίας τε καὶ θεολογίας. La « théologie » du Christ se rapporte à l'élément divin comme l'économie à l'élément humain. Ainsi GREGOIRE DE NAXIANZE, Disc. XXXVIII, 8; P. G., t. XXXVI, col. 320 Β : Ταῦτα μοι περὶ Θεοῦ πεφιλοσοφήσθω τανῦν· οὐδὲ γὰρ ὑπὲρ ταῦτα καιρός, ὅτι μὴ θεολογία τὸ προκείμενον ἡμῖν, ἀλλ' οἰκονομία : « Voila pour le moment assez de raisonnements sur Dieu ; car ce sujet n'est pas de saison, puisque nous avons à nous occuper non de « théologie », mais d'économie ». SEVERIANUS DE GABALA (fin du ive s.), De Sigillis, 5 et 6 (P. G., t. LXIII, col. 539-541), établit une distinction entre les trois premiers évangélistes elle quatrième; les synoptiques, s'adressent à toutes les nattons, ont pris pour point de départ l' « économie » ;492 saint Jean, voulant approfondir la « théologie » tire son début de la divinité du Christ. Voy. plus bas, II, .3, αἱ περὶ αὐτοῦ (Χριστοῦ) μυστικαῖ τῶν γραφῶν θεολιγίαι (A propos du début du quatrième évangile) . ↩