CHAPITRE XVIII : JEAN L'APÔTRE ET L'APOCALYPSE
[1] On raconte qu'à cette époque l'apôtre et évangéliste Jean vivait encore ; à cause du témoignage qu'il avait rendu au Verbe de Dieu, il avait été condamné, par jugement, à habiter l'île de Patmos. [2] Irénée, à propos du nombre produit par l'addition des lettres qui forment le nom de l'Antéchrist d'après l'Apocalypse attribuée à Jean, dit en propres termes ceci de Jean, dans le cinquième livre des Hérésies :
[3] « S'il eût fallu proclamer ouvertement à notre époque le nom de l'Antéchrist, celui qui a vu la révélation l'aurait fait. Car il la contempla il n'y a pas longtemps et presque dans notre génération, vers la fin du règne de Domitien. »
[4] L'enseignement de notre foi brillait à cette époque d'un tel éclat que les écrivains étrangers à notre croyance n'hésitent pas à rapporter dans leurs histoires la persécution et les martyres qu'elle provoqua. Ils en fixent la date avec exactitude ; ils racontent que dans la quinzième année de Domitien, avec beaucoup d'autres, Flavia Domitilla elle-même, fille d'une sœur de Flavius Glémens, alors un des consuls de Rome [95], fut reléguée dans l'île Pontia en punition de ce qu'elle avait rendu témoignage au Christ.