CHAPITRE VI : LE DERNIER SIÈGE DES JUIFS SOUS HADRIEN
[1] La révolte des Juifs prenait donc à nouveau de plus vastes proportions. Rufus, gouverneur de Judée, après avoir reçu des renforts de l'empereur, profita sans pitié des folies de ces réfractaires et marcha contre eux. Il leur tua des masses serrées d'hommes, de femmes et d'enfants; puis, selon les lois de la guerre, les déposséda de leur pays.1
[2] Le chef des Juifs s'appelait Barchochébas, nom qui signifie étoile. Il n'était du reste qu'un voleur et un assassin ; mais par son nom, il imposait à ces hommes serviles, et se donnait pour un astre qui leur était venu du ciel et qui devait les éclairer dans leurs malheurs.
[3] La guerre était dans toute son intensité, la dix- huitième année du règne [134-135], et elle était concentrée autour de Bether, petite ville très forte, à peu de distance de Jérusalem. Le siège dura longtemps; la faim et la soif réduisirent les révoltés aux dernières extrémités de la misère. L'auteur de cette folie en subit le juste châtiment et, depuis ce temps, tout le peuple reçut, par une loi et des prescriptions d'Hadrien, la défense absolue d'approcher du pays qui entoure Jérusalem : si bien qu'il était interdit aux Juifs de regarder même de loin le sol de leur patrie. C'est ce que raconte Ariston de Pella.2
[4] Ainsi Jérusalem n'avait plus de Juifs dans ses murs et elle en était venue à perdre complètement ses anciens habitants : elle ne renfermait plus que des étrangers. La ville romaine qui lui fut substituée changea de nom, et, en l'honneur de l'empereur Aelius Hadrianus, elle fut appelée Aelia. L'Église qui s'y trouvait n'était également plus composée que de Gentils. Le premier qui en devint évêque, après ceux de la circoncision, fut Marc.