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Commentaire sur l'Evangile selon Saint Matthieu
6.
Demandons maintenant à ceux qui rejettent l’ancienne loi, si le commandement de ne se point mettre en colère est contraire à celui de ne point tuer; et s’il n’en est pas plutôt la perfection et comme le couronnement. N’est-il pas visible que l’un est l’accomplissement de l’autre et qu’ainsi il est plus grand? Celui qui s’abstient de la colère s'abstiendra bien plus aisément de l’homicide; et celui qui étouffe dans son coeur tous les mouvements d’indignation, arrêtera bien plus aisément ses mains pour leur interdire toute violence. La colère est la racine de l’homicide. Celui qui coupe cette racine en coupera facilement toutes les branches, ou plutôt il ne les laissera pas même pousser. Ainsi Jésus-Christ ne donnait point ces nouveaux préceptes pour détruire la loi; mais pour la faire observer plus parfaitement. Car quel est le but de la loi? N’est-ce pas d’empêcher l’homicide? Il eût donc fallu pour être contraire à la loi commander le meurtre, puisque tuer, et ne pas tuer, sont les deux contraires. Mais lorsqu’il ne permet pas même qu’on se mette en colère, il est visible qu’il tend au même but où la loi tendait, mais qu’il le fait plus parfaitement. Celui qui ne pense qu’à ne point tuer, n’aura jamais tant d’aversion de l’homicide que celui qui veut étouffer même la colère; et ce dernier est sans comparaison plus éloigné de tomber dans le crime que n’est le premier.
Mais, pour mieux combattre ces hérétiques, voyons tout ce qu’ils nous disent : Le Dieu, disent-ils, qui a créé le monde, « qui fait lever le soleil sur les bons et sur les méchants, et pleuvoir sur les justes et sur les injustes (Matth. V, 45), » est un esprit mauvais. Il est vrai que les moins emportés d’entre eux ont horreur de cette impiété; et qu’ils se contentent de dire que ce Dieu peut être juste; mais (132) qu’il ne peut pas être bon. Ils feignent ensuite un autre Dieu qui ne fut jamais et qui ne créa jamais rien, qu’ils disent être le Père de Jésus-Christ. Celui qu’ils nient être bon, demeure selon eux dans ce qu’il a créé, comme dans un bien qui lui appartient et qu’il conserve; et l’autre à qui ils donnent le nom de bon, vient tout d’un coup usurper l’héritage de l’autre, et entreprend d’être le Sauveur de ceux dont il n’est pas le Créateur. Voyez-vous. les fils du démon, comme ils puisent leur langage à la source de leur père, puisqu’ils ôtent à Dieu la création qui lui est propre, quoique saint Jean crie: « Il est venu dans son domaine « et le monde a été fait par lui ? » (Jean, I, 11.)
Ils examinent ensuite l’ancienne loi qui dit: « Oeil pour oeil, et dent pour dent. » Ils s’emportent contre ces paroles et demandent comment celui qui les a dites, a pu être bon. Que répondrons-nous à cela, sinon que ces préceptes sont en effet pleins de bonté? Car le législateur n’ordonne pas cela afin que nous nous entr’arrachions les yeux, mais afin que la crainte de souffrir ce mal, nous empêche de le faire aux autres. Comme lorsqu’il a menacé les Ninivites de renverser leur ville, il n’avait pas résolu de le faire, puisque, pour l’exécuter, il n’avait qu’à les punir sans les menacer,-mais il voulait seulement les effrayer, afin que par leur pénitence ils apaisassent sa colère. De même-ici, par cette perte d’un oeil dont il menace ceux qui arracheraient celui de leur frère, il veut retenir par le frein de la crainte ceux qui ne se laisseraient pas gouverner à la raison et à l’humanité. Il faudrait donc avoir perdu l’esprit et être furieux, pour dire qu’il y a de la cruauté à arrêter l’homicide , et à réprimer l’adultère.
Pour moi je suis si éloigné de trouver qu’il y ait de la cruauté dans cette loi, que je trouverais de l’injustice dans la disposition contraire. Vous dites que Dieu est cruel, parce qu’il commande d’arracher oeil pour oeil, et moi je vous dis que, s’il n’avait fait ce précepte, plusieurs auraient dit de lui ce que vous en dites. Car supposons que toute la loi soit détruite, que personne n’ait plus rien à craindre de ses châtiments, qu’il soit libre à tous les méchants de satisfaire sans crainte leurs passions; qu’ils pussent voler, tuer, être parjures, être adultères et parricides; n’est-il pas vrai que tout serait dans une confusion étrange, et que toutes les places, toutes les villes, toute la terre et la mer seraient remplies de meurtres et de toutes sortes de crimes? Si lors même que les lois sont en vigueur, et qu’elles répandent la terreur et les menaces, les méchantes âmes ont peine à se réprimer; que serait-ce sans ce secours, et qui pourrait arrêter leurs excès? Avec quelle insolence ne se déchaîneraient-elles pas contre nos personnes et contre nos vies?
Mais il n’y aurait pas seulement de la cruauté à permettre aux méchants tout ce qu’il leur plairait de faire; il n’y en aurait pas moins à négliger celui qui, sans faire aucun tort, aurait été injustement outragé par les autres. Si quelqu’un assemblait tout ce qu’il pourrait trouver de libertins et d’assassins, qu’il leur mit les armes à la main, et leur commandât de tuer dans toute la ville ce qui se présenterait à eux, cet homme ne passerait-il pas pour un monstre en cruauté et en barbarie? Et si quelque autre au contraire liait toutes ces personnes que ce furieux aurait armées, et délivrait de leurs mains ceux qu’ils allaient égorger, cet homme ne passerait-il pas pour un conservateur de la paix et de la sûreté publique? Appliquez cet exemple à notre sujet. Celui qui commande de donner oeil pour oeil, retient comme par de fortes chaînes la violence des méchants, et est semblable à celui qui arrêterait ces furieux à qui l’on aurait donné des armes; et celui qui n’établissant aucune peine, met par cette impunité comme les armes aux mains de tout le monde, imite celui qui assemblerait ces libertins, et les armerait pour mettre à feu et à sang toute la ville.
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Kommentar zum Evangelium des hl. Matthäus (BKV)
6.
Also nicht zur Abschaffung des Gesetzes, sondern zu seinem besseren Schutze hat der Herr diese Vorschrift gegeben, Denn zu welchem Zweck hat das Gesetz solches vorgeschrieben? Doch wohl, damit keiner seinem Nächsten das Leben nehme? Das Gesetz bekämpfen war also soviel als den Mord zur Pflicht machen; Denn das Gegenteil von „Nicht töten“ ist eben das Töten. Wenn Christus hingegen sogar das bloße Zürnen verbietet, so hat er damit den Zweck des Gesetztes nur um so sicherer gestellt. Wer nämlich den Willen hat, bloß nicht zu töten, wird von einem Morde nicht ebenso leicht abstehen, als wer selbst seinen Zorn beherrscht; denn der steht einem solchen Verbrechen um vieles ferner. Um sie aber auch von einer anderen Seite zu fassen, wollen wir all ihre Einwände vornehmen. Was haben sie also vorzubringen? Sie sagen, der Gott, der die Welt erschaffen hat, der die Sonne aufgehen lässt über Gute und Schlechte, der den Gerechten wie den Ungerechten Regen sendet, der muss ein böses Wesen sein. Jene allerdings, die etwas maßvoller urteilen, nehmen dies nicht an; sie sagen, er sei ein gerechter Gott, wollen aber damit verneinen, dass er gut sei. Dafür geben sie Christus einen anderen Gott zum Vater, der in Wirklichkeit gar nicht existiert, und der nichts von dem gemacht haben soll, was ist. Und der Böse, sagen sie, beschränke sich S. 285auf seinen eigenen Bereich und behüte nur das Seine; der Gute aber dränge sich in fremdes Gebiet ein, und wolle ohne Grund der Erlöser von Geschöpfen werden, die er gar nicht gemacht habe. Siehst du da die Kinder des Teufels, und wie dieser ihr Vater ihnen ihre Reden eingibt, wenn sie Gott die Schöpfung absprechen, während doch Johannes sagt: „Er kam in sein Eigentum“ und: „Die Welt ist durch ihn erschaffen worden“?1
Dann nehmen sie das Gesetz des Alten Bundes vor, das da befiehlt, Aug um Aug und Zahn um Zahn zu fordern, und wenden sogleich ein: Aber wie kann einer gut sein, der also spricht? Was sollen wir darauf erwidern? Dass eben hierin die Liebe Gottes zu den Menschen sich am meisten kundgibt. Gott hat ja dieses Gesetz nicht deshalb gegeben, damit wir anderen die Augen ausreißen, sondern damit die Furcht vor Wiedervergeltung uns abschrecke, anderen so etwas zu tun. Auch den Einwohnern von Ninive drohte er ja den Untergang, nicht um sie wirklich zu verderben2 , sondern damit sie in ihrer Furcht sich besserten und so seinen Zorn besänftigten. Ebenso hat er auch eine Strafe festgesetzt für diejenigen, die sich verwegen an den Augen anderer vergreifen. Denn wenn sie schon gutwillig nicht von ihrer Roheit ablassen wollen, so soll wenigstens die Furcht sie daran hindern, die Augen des Nächsten zu schädigen. Wenn das aber eine Grausamkeit ist, so ist es auch grausam, jemand vom Morde abzuhalten und den Ehebruch zu verhindern. Doch solche Einwände machen nur Toren und Leute, die allen Verstand verloren haben. Ich hingegen nenne dies so wenig eine Grausamkeit, dass ich es vielmehr für eine Sünde gegen den gesunden Menschenverstand erkläre, das Gegenteil zu behaupten. Du sagst also, Gott sei deshalb grausam, weil er befohlen, Aug um Auge auszureißen. Ich aber sage, hätte er dies nicht getan, dann möchten ihn vielleicht die meisten für das halten, wofür du ihn ausgibst. Setzen S. 286wir doch einmal den Fall, jegliches Gesetz sei aufgehoben und keiner brauche seinetwegen mehr Furcht zu haben; vielmehr soll es den Bösen erlaubt sein, vollkommen frei und furchtlos ihren Neigungen nachzugehen, den Ehebrechern, den Mördern, den Dieben, den Meineidigen, den Vatermördern! Würde denn da nicht alles drunter und drüber gehen, würden nicht die Städte und Märkte und die Wohnhäuser, Land und Meer, ja die ganze Welt tausendfach erfüllt werden von Feindschaft und Mord? Das sieht doch jeder ein! Wenn die Böswilligen schon trotz der bestehenden Gesetze, trotz Furcht und Drohung nur mit Mühe in Schranken gehalten werden, was würde sie da noch vom Bösen abhalten, wenn auch diese Schutzwehr fiele?
Welche Kloake von Schmutz und Sünde würde sich da nicht über die Menschheit ergießen! Nicht bloß das ist ja eine Grausamkeit, den Bösen erlauben, zu tun, was sie wollen; eine andere nicht geringere Grausamkeit ist es, denjenigen schutzlos zu lassen, der niemand etwas zuleide getan, während ihm ohne Grund und Ursache Böses zugefügt wird. Sage mir doch, wenn jemand aus allen Himmelsgegenden verworfene Menschen zusammenriefe, sie mit Schwertern bewaffnete und ihnen Befehl gäbe, die ganze Stadt zu umzingeln, und jeden, der ihnen in den Weg kommt, niederzumachen, gäbe es da wohl etwas Unmenschlicheres als dies? Wie aber, wenn dann ein anderer diese bewaffneten Horden in Fesseln schlüge und sie ohne Erbarmen in den Kerker würfe, und diejenigen, die schon in Gefahr standen, hingeschlachtet zu werden, aus deren ruchlosen Händen befreite, gäbe es da etwas Verdienstlicheres als dies? Wende also nur dieses Beispiel auf das Gesetz des Alten Bundes an. Derjenige, der da befohlen, Aug um Auge auszureißen, hat den Bösen durch die Furcht gleichsam starke Fesseln angelegt, und ist dem ähnlich, der jene Bewaffneten eingekerkert hat. Hätte er ihnen aber keine Strafe angedroht, so hätte er nur das Verbrechen gleichsam bewaffnet, und wäre demjenigen gleich geworden, der jenen Menschen Schwerter in die Hand gab und sie gegen die ganze Stadt losließ.