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Commentaire sur l'Evangile selon Saint Matthieu
1.
Quoi donc! nous ne devons point reprendre nos frères lorsqu’ils pèchent? Saint Paul aussi nous le défend, ou plutôt Jésus-Christ par saint Paul, en ces termes ; « Pourquoi jugez-vous votre frère? Pourquoi méprisez-vous votre frère? (Rom. IV, 10.) Qui êtes-vous pour « oser condamner le serviteur d’autrui? » (Ibid.IV.) Et ailleurs : - « Ne jugez point avant le temps jusqu’à ce que le Seigneur vienne. » (I Cor. IV, 5.) Comment donc le même Apôtre dit-il en un autre endroit : « Reprenez, corrigez, exhortez à temps et à contre-temps. » (II Tim. IV, 2.) Et ailleurs : « Reprenez les pécheurs devant tout le monde. » Et Jésus-Christ dans l’Evangile: «Si votre frère a péché contre vous, allez lui faire réprimande en particulier, entre vous et lui. S’il ne vous écoute point, prenez encore avec vous une ou deux personnes. Que s’il ne les écoute point, dites-le à l’Eglise. » (Matt. XVIII, 15.)
S’il est vrai qu’on ne doive point juger, comment Jésus-Christ établit-il tant de personnes, non-seulement pour reprendre, mais pour punir même ceux qui pèchent? Pourquoi ordonne-t-il à tous les fidèles de regarder comme « un publicain et comme un païen » celui qui (189) n’écoute point l’Eglise? Comment aussi donne-t-il les clefs à ses apôtres? Car s’ils n’ont pas droit de juger, ils n’ont pas droit non plus d’user de ces clefs, et ce serait en vain qu’ils auraient reçu la puissance de lier et de délier. De plus, si cette liberté de pécher impunément prévalait dans le monde, tout serait en confusion et dans l’Eglise, et dans l’Etat, et dans les familles. Car si le maître ne se rendait point juge de son serviteur, et la maîtresse de sa servante, le père de son fils, et l’ami de son ami, à. quel excès monteraient enfin les crimes et les désordres? Et non-seulement un ami doit juger son ami, mais nous devons juger et reprendre nos ennemis même, puisqu’à moins de cela nous ne pourrions jamais terminer les différends que nous avons avec eux et que tout serait livré à. un bouleversement universel.
Quel est donc le sens précis de la parole évangélique? Examinons-la avec soin, afin que personne ne soit tenté de voir dans ces lois, qui sont des remèdes de salut et de paix, des instruments de subversion et de trouble. Jésus-Christ fait assez voir par la suite aux personnes intelligentes, quelle est la force de ce précepte, et comment on doit l’entendre, lorsqu’il reprend ceux qui voient « une paille dans l’oeil de leur frère, et qui ne s’aperçoivent pas d’une poutre qui est dans le leur. » Peut-être que cette parole paraîtra encore obscure à quelques esprits paresseux, mais j’espère, en remontant au principe, pouvoir l’éclaircir complètement.
Il me semble donc que Jésus-Christ ne défend pas absolument de juger tous les péchés, et qu’il n’ôte pas ce droit généralement à tout le monde, mais seulement à ceux qui, remplis eux-mêmes de vices, condamnent insolemment dans leurs frères les défauts les plus légers. Il me semble qu’il désigne particulièrement les Juifs, qui étaient de très sévères censeurs des moindres fautes des autres, et qui ne voyaient pas dans eux-mêmes les plus grands excès. Jésus-Christ leur fait ce reproche vers la fin de cet évangile : «Vous liez, » leur dit-il, « des fardeaux pesants et qu’on ne saurait porter, et vous les mettez sur les épaules des autres; pour vous, vous ne voulez pas les remuer seulement du doigt. (Matth. XXIII, 14.) Vous payez la dîme de la menthe, du « cumin et de l’aneth, pendant que vous négligez ce qu’il y a de plus important dans la loi, la justice, la miséricorde et la foi. »(Ibid. XXIII.) C’est aussi contre ces mêmes Juifs que paraît dirigée la parole qui nous occupe; c’est une réponse anticipée aux accusations qu’ils devaient élever contre les disciples. Les pharisiens leur imputaient à péché des choses qui n’étaient pas réellement des péchés : comme de ne pas garder le sabbat, de se mettre à table sans se laver les mains, et de manger avec les publicains et les pécheurs : ce que le Sauveur appelle ailleurs « passer ce que l’on boit, de peur d’avaler un moucheron, et avaler néanmoins un chameau. » (Matth. XXIII, 24.)
Ce sont ces sortes de jugements contre lesquels Jésus-Christ donne ici une loi absolue. Saint Paul ne défend pas aux Corinthiens, simplement de juger, mais seulement de juger ceux qui étaient établis pour les conduire; ni de juger des matières qui ont acquis une notoriété publique, mais seulement des choses cachées et incertaines. Il ne leur défend pas absolument de corriger ceux qui péchaient, et la défense qu’il fait ne s’adresse pas indistinctement à tous, mais seulement aux disciples, qui avaient la hardiesse de juger et de condamner leurs maîtres, et à ceux-qui, coupables de mille crimes , publiaient des médisances atroces contre les personnes les plus innocentes.
C’est aussi ce que le Christ donne ici à entendre; que dis-je, donne à entendre ! C’est ce qu’il défend expressément sous la menace d’un supplice inévitable, lorsqu’il ajoute: « Vous serez jugés selon que vous aurez jugé les autres. Et on se servira envers vous de la même mesure dont vous vous serez servi envers les autres (2). » Ce n’est pas votre frère, dit-il, que vous condamnez, c’est vous-même ; vous dressez contre vous un redoutable tribunal, devant lequel vous rendrez un compte rigoureux. Dieu donc nous mesurera « à notre mesure ; » et comme il nous pardonnera nos péchés, selon que nous aurons pardonné aux autres, il nous jugera de même selon que nous les aurons jugés. Il faut non pas injurier ni insulter, mais avertir; non pas accuser, mais conseiller. Il faut redresser votre frère avec des témoignages d’affection et de tendresse, et non s’élever contre lui avec insolence. Ce n’est pas votre frère, c’est vous- même que vous livrerez au dernier châtiment, si vous le traitez sans ménagement, lorsqu’il vous faudra prononcer sur ses manquements. (190)
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Kommentar zum Evangelium des hl. Matthäus (BKV)
1.
V.1: "Richtet nicht, damit ihr nicht gerichtet werdet."
Wie soll man also den Sündern keinen Vorwurf machen? Sagt ja doch auch der hl. Paulus ganz dasselbe, oder vielmehr Christus durch den hl. Paulus: "Du, mit welchem Recht richtest du deinen Bruder?" Und: "Du, was schmähest du deinen Bruder?"1 . Und ein anderes Mal: "Du, wer bist du, dass du den Knecht eines anderen richtest"2 . Und wiederum sagt er: "Richtet nicht vor der Zeit, bevor nicht der Herr kommt"3 .Warum sagt aber dann Paulus an einer S. d308 anderen Stelle: "Tadle, weise zurecht, schelte"?4 . Und anderswo: "Tadle die Sünder in Gegenwart aller"5 . Ebenso befahl Christus dem Petrus: "Wohlan! tadle ihn unter vier Augen; wenn er nicht auf dich hört, so ziehe noch einen anderen bei; wenn er aber auch so nicht nachgibt, so melde es auch der Gemeinde"6 . Und so viele stellte der Herr auf, die richten sollten, ja nicht bloß richten, sondern sogar strafen? Denn er befahl ja, denjenigen, der auf alle diese nicht hören wollte, wie einen Heiden und öffentlichen Sünder zu meiden. Ja, wie kommt es, dass er den Aposteln sogar noch die Schlüssel übergeben hat? Denn, wenn sie niemand richten sollten, so hatten sie auch über niemand Autorität, und die Gewalt, zu binden und zu lösen, hatten sie dann umsonst erhalten. Andererseits würde auch, wenn dies wirklich so wäre, eine allgemeine Verwirrung entstehen, in den Kirchengemeinden, in den Städten, in den Familien. Denn wenn der Herr seinen Knecht, die Herrin ihre Magd, der Vater den Sohn und der Freund den Freund nicht mehr richten dürfen, so wird bald das Böse überhandnehmen. Und was sage ich: der Freund den Freund? Wenn wir selbst die Feinde nicht richten, so werden wir nie einer Feindschaft ein Ende machen können, und alles wird darunter und darüber gehen. Welches ist also der Sinn dieser Aussprüche? Geben wir genau acht, damit keiner glaube, die Heilmittel, die zu unserem Besten gegeben sind, und die Gesetze, die uns den Frieden sichern sollen, hätten nur Umsturz und Verwirrung im Gefolge. Der Herr hat ja auch gerade in den folgenden Versen denen, die Einsicht haben, gezeigt, wie vorzüglich sein Gebot ist; er sagte: "Was beachtest du den Splitter im Auge deines Bruders, und den Balken in deinem eigenen Auge siehst du nicht?" Wenn aber viele von den Einfältigen dies noch zu unklar vorkommt, so will ich den Zweifel ganz von vorne an zu lösen versuchen. Wie mir wenigstens scheint, befiehlt der Herr hier nicht einfach, überhaupt S. d309 keine Sünde zu richten, und verbietet dies nicht so ohne weiteres, sondern nur denen, die selbst mit tausenderlei Sünden beladen sind und dennoch andere wegen ganz unbedeutender Fehler beunruhigen. Außerdem glaube ich, dass er auch die Juden hier im Auge hatte, weil diese ihre Mitmenschen in liebloser Weise wegen harmloser und unbedeutender Dinge anklagten, selbst aber ohne Gewissensbedenken die größten Sünden begingen. Das hat er ihnen auch gegen Ende7 vorgeworfen und gesagt: "Ihr legt anderen schwere und unerträgliche Lasten auf, ihr selbst aber wollt sie nicht um Fingerbreite bewegen"8 . Und ein anderes Mal: "Ihr gebt den Zehnten von Münzkraut und Anis; was aber das Schwerere ist am Gesetze, das Gericht, das Erbarmen, Treue und Glaube, das beachtet ihr nicht"9 .
Ich glaube also, der Herr hatte es auch auf diese Art von Juden abgesehen und wollte sie zum voraus mit den Klagen abweisen, die sie später gegen seine Jünger erheben würden. Denn, wenn auch die Jünger keine solchen Sünden begangen hatten, so schienen es doch den Juden schwere Verfehlungen zu sein, wie z.B., wenn man den Sabbat nicht halte10 , mit ungewaschenen Händen esse11 , mit Zöllnern bei Tische sitze12 . Das erwähnt er auch an einer anderen Stelle: "Ihr seihet Mücken und verschlucket Kamele"13 . Indes gibt der Herr damit auch eine allgemein gültige Richtschnur an für diese Dinge. Auch Paulus hat den Korinthern nicht einfachhin geboten, niemand zu richten, sondern nur diejenigen nicht, die ihre Vorgesetzten waren, zumal wo es sich um ganz unerwiesene Voraussetzungen handelt. Er befahl also nicht einfachhin, man solle die Sünder nicht zurechtweisen. Auch traf sein Tadel damals nicht alle ohne Unterschied; er wies nur die Schüler zurecht, die sich solches ihren S. d310 Lehrmeistern gegenüber erlaubten, jene, die unzählige Missetaten auf dem Gewissen hatten und die Unschuldigen verleumdeten. Dasselbe hat nun auch Christus hier gemeint; und zwar hat er es nicht bloß zart angedeutet, sondern hat ihnen ganz ernstlich ins Gewissen geredet und ihnen unerbittliche Strafe in Aussicht gestellt.
V.2: "Denn mit dem Maße, mit dem ihr richtet", sagt er, "werdet ihr selbst gerichtet werden."
Er will damit sagen: Nicht ihn verurteilst du, sondern dich selbst, ziehst dir ein schreckliches Gericht zu und musst einmal genaue Rechenschaft ablegen. Wie also wir den Anfang machen müssen, wenn wir Verzeihung unserer Sünden erlangen wollen, so ist auch bei diesem Gericht das Ausmaß der Strafe in unsere Hand gegeben. Wir sollen eben nicht schmähen und beschimpfen, sondern mahnen; sollen nicht anklagen, sondern zureden; sollen uns nicht in anmaßender Weise zu Richtern aufwerfen, sondern in Liebe zurechtweisen. Denn du überlieferst ja nicht den anderen, sondern doch selbst der schwersten Strafe, wenn du seiner nicht schonst, wo du über seine Verfehlungen richten solltest.