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Commentaire sur l'Evangile selon Saint Matthieu
8.
Il semble, mes frères, que ce supplice dont Jésus-Christ nous menace se termine tout à ce seul mal d’être brûlé éternellement. Mais si on le considère avec plus de soin, on en trouvera un autre qui surpasse encore celui-là, puisque celui qui est dans l’enfer est privé du royaume de Dieu, et que cette privation est un plus grand mal que le supplice des flammes. Je sais que la plupart ne craignent que l’enfer et sont insensibles à la perte du paradis; mais pour moi je crois que cette perte est un mal encore plus horrible que n’est le feu éternel. Je confesse que cela ne peut s’exprimer par les paroles. Nous ne pouvons comprendre combien grand est le bonheur de jouir de Dieu, pour concevoir ensuite quel est le malheur de ceux qui en sont privés. Saint Paul qui, dans son ravissement, avait goûté ces biens ineffables, savait aussi que le plus effroyable de tous les malheurs était de les perdre. Pour nous autres, nous ne le connaîtrons que lorsque nous l’éprouverons. Mais, ô mon Sauveur Jésus-Christ, Fils unique de votre Père, ne nous laissez point tomber dans ce malheur ni dans la funeste expérience d’un supplice si redoutable.
Il est donc impossible d’exprimer clairement quelle peine c’est que de perdre ce bonheur souverain. Je tâcherai néanmoins de vous le faire comprendre par quelques comparaisons qui vous en donneront quelque idée. Mais que pourrai-je dire qui en-approche? Représentez-vous un jeune homme parfaitement accompli qui possède l’empire de toute la terre, qui soit si saint et si juste, et dont la vertu ait tant de charme, qu’il se fasse aimer de tous les hommes autant que les enfants le sont de leurs pères. Que ne souffrirait point le père d’un tel fils plutôt que d’être privé de sa compagnie? Quel mal n’embrasserait-il pas de bon coeur pour avoir le bien de le voir et de jouir de sa présence? C’est là une faible idée de ce que nous vous pouvons tracer de la gloire; car il n’y a point de fils, quel qu’il soit, qui puisse donner autant de satisfaction à son père que la jouissance de ces biens, et que la vue de Jésus-Christ nous en donnera dans le ciel.
L’enfer est sans doute une chose terrible; cependant dix mille enfers ensemble ne seraient encore rien en comparaison de ces autres maux d’être honteusement chassé de la gloire, d’être haï de Jésus-Christ, d’entendre de sa bouche sacrée ces paroles foudroyantes: « Je ne vous connais point (Matth. 25) ; » et ces reproches sanglants: « Vous m’avez vu souffrir la faim, et vous ne m’avez pas donné à manger. » Nous aimerions mieux être percés de mille foudres que de voir un Dieu si doux détourner de nous son visage, et cet oeil si serein et si tranquille ne pouvoir nous regarder qu’avec colère. Si lorsque j’étais son ennemi déclaré, que je le haïssais, que je le fuyais, il m’a néanmoins recherché et aimé au point de ne pas s’épargner lui-même et de se livrer à la mort, de quels yeux le regarderai-je, moi qui, en retour de tant de bienfaits n’aurai pas daigné lui donner un morceau de pain pour apaiser sa faim?
Mais considérez ici même quelle est sa douceur: il ne vous reproche point les grâces qu’il vous a faites, ni l’ingratitude dont vous les avez payées. Il ne dit point: vous avez osé me mépriser, moi qui vous ai tiré du néant; qui, d’un souffle de ma bouche, vous ai donné votre âme, qui vous ai rendu maître de tout ce qui est sur la terre; qui ai créé pour vous le ciel et la terre, l’air et la mer et tout ce qui existe; moi qui, insulté par vous jusqu’à voir préférer le démon à moi, bien loin de vous abandonner pour cet outrage, me suis ingénié à trouver de nouvelles grâces pour vous en combler; moi qui ai bien voulu me rendre esclave pour vous; qui ai souffert pour vous les soufflets, les crachats, la mort, et la mort la plus honteuse; moi qui ai intercédé pour vous dans le ciel; qui vous ai donné le Saint-Esprit; qui vous ai invité à mon royaume, qui vous ai promis une si glorieuse destinée; qui ai voulu me rendre votre chef, votre époux, votre vêtement, votre maison, votre racine, votre nourriture, votre breuvage, votre pasteur, votre roi et votre frère; enfin moi qui vous ai choisi pour être l’enfant du même Père, l’héritier et le cohéritier du même royaume, et qui, pour vous rendre capable de ces grands dons, vous ai amené des ténèbres à la jouissance de ma lumière. Quoique Jésus-Christ puisse nous reprocher beaucoup d’autres choses semblables, il ne le fait pas néanmoins, et il se contente de nous représenter notre faute.
Il montre encore, par les dernières paroles qu’il dit aux réprouvés, quel est son amour envers nous, et le désir qu’il a de notre salut. Car il ne dit pas: allez au feu qui vous a été préparé; mais, « Allez au feu qui a été préparé pour le démon et pour ses anges. » (Matth. XXV, 33.) Avant de prononcer cet arrêt contre les réprouvés, il leur fait voir les péchés dont ils se sont rendus coupables, sans cependant les rappeler tous, mais seulement en partie; et avant que de les punir il appelle les justes à son royaume, pour montrer l’équité des jugements qu’il allait exercer contre les autres. Quels supplices donc sont comparables à ces paroles de Jésus-Christ? Un homme n’a pas assez de dureté pour négliger celui qui l’a obligé, lorsqu’il le voit souffrir la faim et la soif, et il rougirait de honte si cette personne lui reprochait son ingratitude. Il aimerait mieux tomber tout vif dans quelque abîme s’ouvrant sous ses pieds, que de voir deux ou trois de ses amis témoins d’une plainte semblable. Que deviendrons-nous donc, nous autres, lorsque Jésus-Christ nous fera ces reproches eu présence de toute la terre? Sa douceur est si grande qu’il voudrait même nous épargner cette confusion, s’il n’était obligé de rendre tout le monde témoin de l’équité de ses jugements. Que ce ne soit pas dans une intention d’insulte, mais bien d’apologie personnelle, qu’il rappelle les péchés; qu’il ne veut en cela que montrer combien est fondée en raison et en justice la sentence:
«Retirez-vous de moi, » c’est ce qui est évident par la grandeur même des grâces qu’il nous a faites. S’il voulait insulter, il rappellerait toutes ces grecs, au lieu qu’il se contente de reprocher aux réprouvés ce que leur ingratitude lui a fait souffrir.
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Kommentar zum Evangelium des hl. Matthäus (BKV)
8.
Du aber, o eingeborener Sohn Gottes, lass doch nicht zu, dass dies je an uns geschehe, und lass uns niemals diese unerträgliche Strafe aus Erfahrung kennen lernen! Wie groß das Unglück ist, jener Güter verlustig zu gehen, das vermag man mit Worten nicht zu schildern. Indes will ich, so gut ich kann, mir Gewalt an tun und mich bemühen, euch durch ein Gleichnis die Sache wenigstens ein klein wenig zu veranschaulichen. Setzen wir den Fall es sei da ein ganz wunderbares Kind, das nicht bloß tugendhaft ist, sondern auch die Herrschaft über den ganzen Erdkreis besitzt, auch soll es alle möglichen Vorzüge in solchem Grade besitzen, dass es imstande ist, die Herzen aller so zu gewinnen, dass jeder es liebt, als wäre er sein Vater. Was glaubt ihr nun wohl, dass der Vater eines solchen Sohnes nicht mit Freuden über sich ergehen ließe, nur um seines Umgangs nicht beraubt zu werden? Welch kleine oder große Leiden wäre er nicht bereit, auf sich zu nehmen, nur um ihn zu sehen und seine Gesellschaft zu genießen? Dasselbe müssen wir auch von der Herrlichkeit des Himmels denken. Denn so lieb und wertvoll ist keinem Vater sein eigenes Kind, und besäße es auch tausend Vorzüge, wie es die Erlangung jener Güter ist, S. d329 das Aufgelöstwerden und mit Christus sein. Etwas Unerträgliches ist die Hölle und die höllische Strafe. Allein, wenn einer auch tausend Höllen nennte, er wird damit nichts so Schreckliches aussprechen, wie es der Verlust der beseligenden Himmelsglorie bedeutet, wie es ist, von Christus gehasst zu werden und hören zu müssen: „Ich kenne euch nicht“, und den Vorwurf zu erhalten, dass man Christus hungern sah und ihm keine Nahrung bot. Besser wäre es, dass tausend Blitze auf uns niederführen, als dass es uns verwehrt würde, jenes milde Antlitz zu schauen, und dass wir den Blick jenes ruhigen Auges nicht zu ertragen vermöchten! Wenn nun er selbst mit seinem Feinde, der ihn hasste und sich von ihm abwandte, also nachging, dass er nicht einmal sich selber schonte, sondern sich dem Tode überlieferte, und wenn ich nach all dem nicht einmal ein Brot ihm gönne, wenn er hungert, mit welchen Gefühlen soll ich ihn da hinfort noch ansehen?
Beachte aber, wie milde der Herr auch hierin wieder ist. Er zählt nicht etwa die Wohltaten auf, die er uns erwiesen, noch weist er darauf hin, dass du ihn vernachlässigst, nachdem er dir soviel Gutes getan; auch sagt er nicht: Siehe, ich habe dich aus dem Nichts ins Dasein gerufen, habe dir eine Seele eingehaucht und dich zum Herrn aller Geschöpfe auf Erden gemacht, habe um deinetwillen die Erde, den Himmel, das Meer, die Luft und alles, was ist, gemacht, und du hast mich dafür verachtet, und hast mich für geringer gehalten als den Teufel! Aber selbst da habe ich dich nicht verlassen, habe auch nachher noch tausenderlei Wohltaten für dich erdacht, bin freiwillig zum Knecht geworden, bin gegeißelt, angespien und getötet worden, und zwar habe ich den allerschimpflichsten Tot erlitten, bin dann auch für dich zum Himmel aufgefahren, habe dir den Heiligen Geist gesandt, dir das Himmelreich angeboten und dir so große Dinge verheißen; wollte für dich Haupt sein und Brautgemahl, Kleid, Haus, Fundament, Nahrung, Trank, Hirte, König und Bruder; habe dich zum Erben und Miterben erwählt und dich aus der Finsternis zur Freiheit des Lichtes geführt!
S. d330 Dies alles und noch viel mehr hätte Christus sagen können. Er sagte aber nichts davon. Wovon redete er statt dessen? Nur von dieser einen Sünde1 . Und auch dabei zeigt er seine Liebe und das Verlangen, das er nach dir hat. Der Herr sagte ja nicht: Gehet in das Feuer, das euch bereitet ist, sondern „das dem Teufel bereitet ist“2 . Zuerst sagte er zwar, worin sie gesündigt haben; aber auch da will er nicht alles sagen, sondern nur weniges. Auch ruft er vor diesen die Guten auf, um auch dadurch zu zeigen, dass er die anderen mit Recht anklage. Sind also nicht diese Worte schrecklicher als irgendeine Strafe? Wenn jemand einen Menschen hungern sieht, der sein Wohltäter war, so möchte er wohl nicht achtlos an ihm vorübergehen; und wenn er es auch täte, so würde er dann, zur Rede gestellt, wohl lieber unter die Erde versinken wollen, als in Gegenwart von zwei oder drei Freunden sich so etwas vorwerfen lassen zu müssen. Was werden aber da wir nicht erst empfinden, wenn wir im Angesichte der ganzen Welt Dinge zu hören bekommen, die der Herr auch dann wohl nicht nennen würde, wenn es für ihn nicht gälte, sich3 in eigener Sache zu rechtfertigen? Er brachte ja auch diese Worte nicht vor, um zu tadeln, sondern um sich zu rechtfertigen und zu zeigen, dass er nicht ohne Grund und Ursache zu ihnen gesagte hatte: „Weichet zurück von mir!“ Das ergibt sich klar aus seinen unaussprechlich großen Wohltaten. Hätte er tadeln wollen, so hätte er auch alle jene Dinge vorgebracht; so aber redete er nur von seinen Leiden.