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Commentaire sur l'Evangile selon Saint Matthieu
2.
Mais pourquoi saint Matthieu ne dit-il pas comme les prophètes au commencement de son évangile: « Voici la vision qui m’a apparu (Isaïe, I,1); » ou: « Voici la parole que le Seigneur m’a adressée? » (Jérém. II, 1.) C’est parce qu’il écrivait pour des personnes dociles et remplies de déférence et d’attention. D’ailleurs les miracles mêmes rendaient témoignage à ses paroles, et les chrétiens pour qui il composait son évangile étaient déjà affermis dans la foi. Mais les prophètes ne faisaient pas tant de miracles, et ils étaient. combattus par beaucoup de faux prophètes , auxquels les Juifs ajoutaient plus de foi qu’aux véritables. Voilà pourquoi ils usaient de ce genre de début.
S’ils ont fait des miracles en certains temps, c’était à cause des étrangers et des barbares, afin d’augmenter le nombre des prosélytes, et pour donner quelque marque de la toute-puissance de Dieu, de peur que les ennemis de son peuple ne crussent l’avoir vaincu par la puissance de leurs idoles. Ainsi il est marqué qu’après les miracles opérés en Egypte, beaucoup d’Egyptiens suivirent les Israélites dans le désert. C’est ce qui arriva encore en Babylone après le miracle de la fournaise, ou l’interprétation des songes. Ils en virent aussi éclater beaucoup, lorsqu’ils étaient dans le désert, comme il s’en est fait aussi parmi nous pour l’établissement du christianisme, lorsque nous sommes sortis de l’erreur pour embrasser la loi du Sauveur. Mais ils ont cessé après que la religion a eu pris racine dans tout l’univers.
Après ces deux époques, les miracles ont été rares, et pour ainsi dire clairsemés, chez les Hébreux comme parmi les chrétiens; ainsi Josué arrêta le soleil au milieu de sa course, et Isaïe le fit retourner en arrière. De nouveaux miracles ont également éclaté parmi nous, par exemple de notre temps sous l’empereur Julien, le plus impie de tous les princes. Car lorsque les Juifs entreprirent de rebâtir leur temple de .Jérusalem, on a vu sortir des fondations un feu qui mit en fuite ceux qui y travaillaient. Lorsque cet impie porta sa fureur jusqu’à profaner les vases sacrés, on a vu son trésorier, et son oncle qui portait le même nom que lui, mourir tous deux : l’un fut mangé des vers, et l’autre creva tout d’un coup par le milieu du corps. On a vu des fleuves cesser de couler dans des pays, à cause des sacrifices abominables qu’on y avait faits. On a vu enfin une famine se répandre sur toute la erre, en même temps que cet empereur impie y répandait ses désordres, Et ce sont là certes de grands miracles. Dieu fait d’ordinaire ces prodiges lorsque le mal se multiplie sur la terre; lorsqu’il voit que les siens sont dans les dernières extrémités, et que leurs ennemis, enivrés de leur prospérité, les tyrannisent avec violence. Il a coutume de se déclarer alors, et de signaler sa puissance par des miracles, comme il le fit dans la Perse en faveur des Juifs.
Il est donc clair par ce que nous avons dit, que ce n’est pas sans raison que l’Evangéliste divise en trois parties la liste des ancêtres du Christ. Voyez maintenant où il commence chacune de ces parties, et où il la finit. La première commence à Abraham, et finit à David. La seconde commence à David, et finit à la transmigration de Babylone; et la troisième commence à la transmigration de Babylone, et finit à Jésus-Christ. Bien que dès le commencement de cette généalogie, il nomme David et Abraham l’un à la suite de l’autre, il ne laisse pas de les nommer encore en leur rang : s’il les nomme ensemble et à part des autres, c’est parce qu’ils étaient les deux hommes à qui Dieu avait particulièrement promis le Messie (27).
Mais puisque l’Evangéliste parle de la captivité de Babylone, pourquoi ne parle-t-il pas de même de celle d’Egypte? C’est parce que les Juifs ne craignaient point alors lés Egyptiens, et qu’ils tremblaient au contraire au seul nom de Babylone. La Servitude de l’Egypte était une chose fort ancienne, mais celle de Babylone était toute récente. D’ailleurs ils n’avaient pas été envoyés en Egypte pour leurs péchés, tandis qu’ils furent transportés à Babylone, en punition de leurs crimes et de leur idolâtrie.
Si l’on voulait examiner le sens des noms hébreux, on y trouverait de grands mystères, qui ne servent pas peu à l’intelligence du Nouveau Testament, comme dans les noms d’Abraham, de Jacob, de Salomon, de Zorobabel, parce que ces noms n’ont été donnés que pour des raisons très importantes. Mais je passe ces choses pour ne point vous ennuyer par des longueurs, et pour venir à d’autres remarque plus considérables.
Après avoir énuméré tous les ancêtres de Jésus-Christ, lorsqu’il vient à Joseph, il ne le nomme pas simplement comme les autres; mais il ajoute : « Qui était l’époux de Marie, »afin de nous apprendre par ces mots que c’était à cause de Marie qu’il avait rapporté la généalogie de Joseph. Mais de peur qu’en lisant ces mots: « Qui était l’époux de Marie, » on ne crût que Jésus-Christ serait né par la voie ordinaire du mariage, voyez comment il prévient cette pensée. Vous avez entendu, semble-t-il nous dire, le nom de l’époux, celui de la mère, et celui de l’enfant: écoutez maintenant comment cette naissance s’est passée.
Or Jésus-Christ « naquit de cette manière. » De quelle naissance allez-vous parler, saint Evangéliste, puisque vous avez déjà nommé tous les ancêtres de Jésus-Christ? Je veux, nous répond-il, vous expliquer la manière dont il est né. Voyez comme il excite l’attention du lecteur; il va raconter une chose nouvelle et extraordinaire, il prend donc une précaution et promet de dire la manière dont elle s’est faite.
Considérez, je vous prie, l’ordre admirable qu’il garde dans ce qu’il dit. Il ne rapporte point d’abord comment Jésus-Christ est né. Il prend soin auparavant de nous dire de combien de degrés Jésus était éloigné d’Abraham de David, et de la transmigration en Babylone, il avertit ainsi le lecteur d’avoir soin de bien supputer les temps, afin de se convaincre que le Christ dont on parle, est celui-là même qui a été prédit par les prophètes. Quand on aura compté les générations, et reconnu parla supputation des temps que Jésus-Christ est le Messie, le miracle de sa naissance se fera croire plus aisément. Comme il devait dire une grande chose, savoir, que Jésus-Christ est né d’une vierge, avant d’arrêter l’attention sur le compte des temps il couvre en quelque sorte délicatement ce mystère en nommant Joseph « l’époux de Marie. » Puis il divise la suite de cette généalogie, et il marque les temps pour. donner sujet au lecteur de considérer que Jésus-Christ est Celui dont le patriarche Jacob avait prédit la naissance lorsque la race des princes de Juda cesserait; Celui que le prophète Daniel avait aussi annoncé devoir venir au monde après ces semaines si fameuses dont il précise le nombre. En effet que l’on compte les années éboulées depuis le rétablissement de Jérusalem jusqu’à Jésus-Christ, et l’on trouvera que leur nombre concorde exactement avec le nombre révélé par Venge à Daniel. Mais comment donc est né Jésus-Christ?
« Joseph ,» dit l’Evangile, « ayant épousé Marie sa mère.» Il ne dit pas la Vierge; mais simplement « sa mère » afin que ce qu’il dirait fût reçu plus aisément. Et après avoir préparé le lecteur en se retenant d’abord, et en ne lui faisant entendre qu’une chose commune et ordinaire, il le frappe ensuite par une merveille surprenante en disant : « Avant qu’ils eussent été ensemble elle fut reconnue grosse ayant conçu du Saint-Esprit. » Il ne dit pas avant qu’elle fût entrée dans la maison de son époux, parce qu’elle y était déjà. La coutume était autrefois de faire venir les fiancées dans la maison de leurs futurs maris; ce qui se fait encore quelquefois. On voit que les gendres de Loth demeuraient chez leur beau-père avec leurs épouses. Marie demeurait donc ainsi avec Joseph son époux.
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Kommentar zum Evangelium des hl. Matthäus (BKV)
2.
So pflegt es Gott zu machen. Wenn die Sünde überhand nimmt und er die Seinigen in Bedrängnis weiß, seine Feinde aber in tyrannischer Wut gegen sie entflammt sieht, dann zeigt er seine eigene Macht. So tat er, als die Juden in Babylonien1 waren. Es geht also aus dem Gesagten klar hervor, dass der Evangelist die Vorfahren Christi nicht bloß nach Willkür oder Zufall in drei Gruppen geteilt hat. Beachte aber, wo er anfängt und wo er aufhört? Von Abraham geht er bis David; von David bis zum babylonischen Exil, und von diesem bis zu Christus. Auch im Anfang erwähnt er bereits beide nacheinander, und am Schluss wiederholt er S. 60ebenfalls beide. An sie waren nämlich, wie ich schon früher sagte, die Verheißungen ergangen. Warum aber hat er den Aufenthalt in Ägypten nicht erwähnt, während er des babylonischen Exils gedachte? Weil sie die Ägypter nicht mehr fürchteten, vor den Babyloniern aber immer noch zitterten; auch war das erst längst schon vorüber, das andere aber noch neu und in frischer Erinnerung; auch kamen sie nach Ägypten nicht ob ihrer Sünden, nach Babylon aber wurden sie ob ihrer Missetaten geführt. Wollte sich aber jemand auch auf die Auslegung ihrer Namen einlassen, so fände er auch da manch tiefe Gedanken, die viel zum Verständnis des Neuen Testamentes beitrügen; z.B. in den Namen Abraham, Jakob, Salomon, Zorobabel; denn nicht aus bloßem Zufall wurden ihnen diese Namen gegeben. Um aber nicht durch allzu große Weitläufigkeit lästig zu fallen, wollen wir diese Namen übergehen und das Folgende in Angriff nehmen. Nachdem also der Evangelist alle Vorfahren2 aufgezählt hat und bis zu Joseph gekommen ist, blieb er bei diesem nicht stehen, sondern fügte hinzu: „Joseph, den Mann Mariä.“ Damit gab er uns zu verstehen, dass er dessen Vorfahren nur um ihretwillen aufgezählt hatte. Damit du aber nicht etwa glaubst, der Ausdruck „Mann Mariä“ setze eine Geburt nach dem allgemeinen Naturgesetz voraus, so beachte, wie er dies in der Folge richtig stellt. Du hörtest das Wort „Mann“, hörtest das Wort „Mutter“, hörtest den Namen, der dem Kinde beigelegt wurde. Jetzt vernimm auch die Art und Weise, wie die Geburt stattfand.
V.18: „Die Geburt Jesu Christi aber geschah in dieser Weise.“
Welche Geburt meinst du? Du hast ja schon sämtliche Vorväter aufgezählt! Ja, ich will aber jetzt auch von der Art und Weise der Geburt reden. Siehst du, wie er das Interesse des Zuhörers weckt? Da er etwas ganz Neues vorbringen will, so kündigt er zum voraus an, er wolle auch über die Art und Weise sprechen. - S. 61Da beachte auch die vollkommen logische Reihenfolge des Gesagten. Er fängt nicht ohne weiteres von der Geburt zu reden an, sondern macht uns zuerst darauf aufmerksam, das wievielte Glied der Herr sei von Abraham an gerechnet, das wievielte von David, und von der babylonischen Gefangenschaft. Dadurch veranlasst er einen aufmerksamen Zuhörer, die Zeitabstände zu prüfen, und zeigt ihm so, dass dieser eben jener Christus ist, den die Propheten geweissagt haben. Wenn du nämlich die Generationen zählst und an der Zeit merkst, dass dieser der Verheißene ist, dann wird es dir auch leicht fallen, an seine wunderbare Geburt zu glauben. Da er eben etwas Großes verkünden wollte, nämlich seine Geburt aus der Jungfrau, so wollte er nicht gleich mit dem Ausrechnen des Zeitpunktes beginnen, sondern lässt die Sache zuerst im dunklen und redet nur von einem „Mann Mariä“; ja er unterbricht förmlich die Erzählung über die Geburt. Übrigens zählt er die Jahre auch deshalb auf, um den Zuhörer daran zu erinnern, dass gerade er derselbe ist, dessen Erscheinen der Patriarch Jakob3 voraussagte für die Zeit, da es keine Fürsten aus dem Stamme Juda mehr geben werde; derselbe, von dem der Prophet Daniel4 weissagte, er werde nach jenen bekannten vielen Wochen erscheinen. Und wenn jemand diese Jahreswochen, von denen der Engel zu Daniel sprach, von der Erbauung der Stadt an berechnen und bis zur Geburt Christi herabführen wollte, so würde er sehen, dass diese5 mit jenen6 übereinstimmen.
Welches war also jetzt das besondere Merkmal seiner Geburt? „Als seine Mutter Maria verlobt war.“Er sagte nicht „Jungfrau“, sondern einfach „Mutter“, damit man es leichter verstehe. Nachdem er also den Zuhörer durch die Erwartung auf etwas Natürliches vorbereitet und hingehalten hat, setzt er ihn erst in Erstaunen durch die Ankündigung von etwas ganz Außergewöhnlichem, indem er sagt: „Bevor sie zusammen S. 62kamen, fand man, dass sie vom Heiligen Geiste empfangen hatte.“ Er sagte nicht: Bevor sie in das Haus ihres Bräutigams geführt wurde; denn sie war schon darin. Bei den Alten war es nämlich fast überall Sitte, die Bräute im Hause zu behalten, wie wir es ja auch in diesem Falle sehen; auch die Schwiegersöhne des Lot waren mit ihm im Hause. Es war also auch Maria zusammen mit Joseph.