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Works John Chrysostom (344-407) In Matthaeum homiliae I-XC

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Commentaire sur l'Evangile selon Saint Matthieu

5.

Rendons-nous, mes frères, à ce commandement de Jésus-Christ. Ne nous haïssons pas nous-mêmes, et ne tournons point contre nous-mêmes le fer dont nous croyons percer les autres. Quel mal vous peut faire votre ennemi, qui soit comparable à celui que vous vous faites vous-même, puisque l’aigreur que vous avez contre lui attire sur vous la condamnation de votre juge? Si vous lui opposez une sagesse et. une modération vraiment chrétienne, vous demeurerez invulnérable à ses traits, et vous ferez retomber sur lui le qu’il vous fait. Mais si vous vous abandonnez à l’indignation et à la colère, vous serez blessé non par l’injure qu’il vous a faite, mais parle ressentiment que vous en avez. Ne dites donc point : Il m’a outragé, il m’a déchiré par ses calomnies, il m’a fait souffrir mille maux. Plus vous direz qu’il vous aura fait de mal, plus vous trouverez qu’il vous aura fait de bien; puisqu’il vous aura donné lieu de vous purifier de vos péchés qui sont les plus grands de tous les maux. Ainsi, plus il vous offensera, plus il vous mettra en état d’obtenir de Dieu qu’il vous pardonne toutes vos offenses.

Car si nous voulons nous servir des avantages que la foi nous donne, nul homme ne nous pourra nuire. Nous tirerons les plus grands avantages pour notre salut, de la fureur même de nos plus grands ennemis. Et qui s’étonnera que la haine des hommes nous soit si utile, puisque la rage même des démons nous est souvent avantageuse, comme on le voit dans l’exemple du saint homme Job? Que si cet esprit de malice nous sert en nous haïssant, pourquoi craindrez-vous la haine d’un homme? Considérez combien vous retirez d’avantage d’une injure soufferte humblement et avec douceur. Vous méritez par là: premièrement, que Dieu vous remette vos péchés; ce que je regarde comme le plus grand de tous les biens. Vous vous exercez en second lieu dans la patience, et dans une vertu mâle et généreuse. En troisième lieu, vous vous fortifiez dans la douceur et dans la charité que vous devez avoir, pour vos frères, puisque celui qui est incapable de se fâcher contre ses ennemis, sera bien moins en état de manquer de charité envers ceux qui l’aiment. De plus, vous travaillez ainsi à déraciner entièrement la colère de votre coeur: ce qui est le plus grand de tous les biens. Car celui qui bannit la colère de son âme en bannira aussi la tristesse, et il se délivrera de tous ces chagrins et de ces vaines inquiétudes, qui sont les tourments ordinaires de la vie. Le coeur doux et incapable de haine, est toujours paisible, et il jouit d’une joie et d’un plaisir qui ne le quittent jamais. Ainsi , en haïssant nos ennemis nous nous punissons nous-mêmes, et en les aimant nous nous aimons.

D’ailleurs, la grâce que Dieu vous fera en vous inspirant cette douceur, vous rendra vénérables à vos ennemis mêmes, quand ce (484) seraient les plus méchants de tous les hommes, quand ce seraient des démons. Et j’ose dire même que si vous persévérez à traiter vos ennemis avec tant de modération, vous n’en aurez plus. Mais le plus grand fruit que vous tirerez de votre douceur, c’est qu’elle attirera sur vous celle de Dieu même. Si vous l’avez offensé, il vous pardonnera vos péchés; et si vous êtes demeuré dans l’innocence, il purifiera votre vertu, et il vous fera approcher de lui avec plus de confiance. Travaillons donc, mes frères, à n’avoir, jamais de haine contre personne, afin que Dieu nous fasse la grâce de nous aimer, et de nous remettre toutes nos dettes, quand même nous lui serions redevables de dix mille talents.

Mais cet homme, me direz-vous, me hait et me persécute gratuitement. Ayez donc d’autant plus de compassion de lui. Ne le haïssez pas, mais déplorez son malheur, et que son péché soit le sujet non de votre aversion, mais de vos larmes. Sa condition est bien à plaindre, puisqu’il irrite Dieu contre lui et la vôtre est bien heureuse, puisque, si vous souffrez avec douceur, Dieu couronnera votre patience. Souvenez-vous que Jésus-Christ allant mourir sur la croix, se réjouissait de ses souffrances, et versait des larmes pour ceux qui devaient le crucifier. Plus donc nos ennemis nous persécutent, plus nous devons les pleurer; puisqu’en nous persécutant ils nous comblent de biens, et qu’ils se font mille maux.

Mais il m’a outragé, dites-vous, il m’a frappé devant tout le monde? Il s’est donc déshonoré devant tout le monde. Il a donc rendu tous les hommes les témoins de sa brutalité et les admirateurs de votre douceur. Il a ouvert leurs bouches pour condamner ses excès, et pour publier votre patience. Mais il a médit de moi en secret? Quel mal vous peuvent faire ces calomnies, puisque c’est Dieu qui sera votre juge, et non ceux qu’il peut avoir surpris par ses médisances? Il est bien plus à plaindre que vous, puisqu’outre ses autres péchés, il rendra compte encore de ceux qu’il fait en vous décriant, et qu’il se nuit à lui-même sans comparaison davantage devant Dieu, qu’il ne vous peut nuire devant les hommes.

Que si ces co,nsidérations ne vous suffisent pas encore, souvenez-vous que Jésus-Christ étant le Fils de Dieu et la sainteté même, n’a pas laissé d’être décrié devant ce,ux qu’il aimait le plus, et par les hommes et par les démons; selon ce qu’il témoigne lui-même par ces paroles : « S’ils ont appelé le Père de famille Béelzébub, combien plus appelleront-ils ainsi ses serviteurs ». (Matth. X, 21.) Le démon ne l’a pas calomnié seulement, mais il a été cru dans ses calomnies, lorsqu’il l’accusait non de crimes ordinaires, mais d’être « un séducteur et un ennemi de Dieu».

Que si vous me dites: Cet homme qui m’outrage c’est quelqu’un à qui j’ai rendu mille services, et qui m’a mille obligations. Je vous réponds que c’est ce qui vous doit exciter davantage à le plaindre, puisqu’il est d’autant plus malheureux qu’il est plus ingrat, et que vous devez d’autant plus vous réjouir que vous êtes devenu semblable à Dieu, « qui fait lever son soleil sur les bons et sur les méchants». Si vous dites que Dieu est trop élevé pour que vous puissiez prétendre de l’imiter, quoiqu’il soit vrai que sa grâce nous en ait rendus capables, imitez au moins les hommes qui ont été ses serviteurs comme vous l’êtes. Imitez Joseph qui paya les ingratitudes de ses frères d’une infinité de biens. Imitez Moïse qui pria pour un peuple rebelle qui lui faisait toujours la guerre. Imitez saint Paul qui, après avoir été persécuté cruellement par les Juifs, souhaita d’être anathème pour eux. Imitez le bienheureux martyr Etienne, qui, lors même qu’on le lapidait, priait Dieu pour ses bourreaux. Que ces grands exemples nous fassent éteindre la colère dans nos coeurs, afin de mériter que Dieu nous pardonne nos péchés, par la grâce et par la miséricorde de Notre-Seigneur Jésus-Christ, à qui avec le Père et le Saint-Esprit est la gloire, l’honneur et l’empire, maintenant et toujours, et dans les siècles dès siècles. Ainsi soit-il. (485)

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Kommentar zum Evangelium des hl. Matthäus (BKV)

5.

Eine zweifache Forderung stellt somit der Herr an uns: Dass wir unsere Sünden verurteilen und dass wir anderen verzeihen, und zwar das erste wegen des zweiten, damit uns leichter werde1 . Wir sollen aber nicht bloß mit dem Munde, sondern von Herzen vergeben; sonst richten wir das Schwert gegen uns selbst, wenn wir unversöhnlich sind. Ist denn das Übel, das dir dein Beleidiger angetan hat, so groß wie das, welches du dir selbst zufügst, wenn du durch Rachsucht dir das Verwerfungsurteil Gottes zuziehst? Wenn du vernünftig und besonnen bist, wird das Verderben auf sein Haupt zurückfallen und er eigentlich der Leidtragende sein. Fährst du hingegen fort, unwillig und aufgebracht zu sein, dann wirst du den Schaden davon haben, und zwar nicht von seiner Seite, sondern von dir selbst. Sage also nicht, er habe dich geschmäht und verleumdet und dir tausenderlei Böses angetan; denn je mehr du vorbringst, desto mehr Wohltaten zählst zu auf, die er dir erwiesen hat. Er gab dir nämlich Gelegenheit, deine Sünden zu sühnen. Je größer deshalb das Unrecht ist, das er dir tut, desto mehr hilft er dir, dass du Verzeihung deiner Sünden erlangst. Wenn wir also nur den guten Willen haben, so ist niemand imstande, uns wirklich Schaden zuzufügen; unser Feind wird uns vielmehr zum größten Nutzen gereichen.

Allein das sind ja nur Menschen. Könnte es aber einen ärgeren Bösewicht geben, als den Teufel? Gleichwohl bietet auch er uns Anlass zu vielen Tugendübungen. Ein Beispiel dafür ist Job. Wird aber sogar der Teufel uns Anlass, dass wir Lohn ernten, wie wolltest du dann S. d890 einen feindseligen Menschen fürchten? Sieh also, wieviel Vorteil du gewinnen kannst, wenn du die Bosheiten deiner Feinde mit Sanftmut hinnimmst. Der erste und größte Vorteil, den du davon hast, besteht darin, dass dir deine Sünden nachgelassen werden; der zweite, dass du starkmütig und geduldig, der dritte, dass du sanftmütig und liebevoll wirst2 ; viertens, dass du immer mehr die Zornmütigkeit ablegst. Damit lässt sich wohl nichts vergleichen; denn wer sich des Zornes entledigt hat, ist auch frei von der Traurigkeit, die daraus entspringt, und vergeudet sein Leben nicht mit unnützen Mühen und Kümmernissen. Wer keinen Hass kennt, kennt auch keine Betrübnis, sondern genießt sein Leben in Ruhe und ist reich an vielen Gütern. Wer dennoch andere hasst, straft sich selbst, wie man umgekehrt durch Liebe sich selbst wohltut. Hierzu kommt noch, dass du allen Menschen selbst deinen Feinden, und wären sie auch ganze Teufel, ein Gegenstand der Ehrfurcht wirst; ja bei einer solchen Gesinnung wirst du überhaupt keinen Feind mehr haben. Was jedoch das Allergrößte und Wichtigste ist, du gewinnst die Liebe Gottes. Wenn du ein Sünder bist, wird dir Vergebung zuteil; bist du ein Gerechter, wo wirst du in ein noch innigeres Verhältnis zu ihm treten.

Wir wollen es uns also angelegen sein lassen, niemand zu hassen, damit auch Gott uns liebe; er wird sich dann unser erbarmen und uns gnädig sein, auch wenn wir ihm zehntausend schuldig wären. Allein dir ist von jemandem Unrecht geschehen? Nun gut, dann habe Mitleid mit ihm, aber hasse ihn nicht; bedauere, beklage ihn, aber werde ihm nicht abgeneigt. Er hat ja Gott beleidigt, nicht du; ja du wirst sogar sein Wohlgefallen finden, wenn du geduldig bleibst. Beherzige, dass Christus vor der Kreuzigung für seine Person voll Freude war, während er über diejenigen weinte, die ihn kreuzigten. So wollen auch wir handeln. Je mehr wir Unrecht zu leiden haben, desto mehr sollen wir unsere Beleidiger beweinen; denn für uns erwächst daraus großer Nutzen, für sie das Gegenteil. Aber er hat dich S. d891 vor allen Leuten geschmäht und geschlagen? Nun gut, dann hat er sich selbst vor allen Leuten Schande und Unehre bereitet, hat Tausenden eine Handhabe zur Anklage gegen sich gegeben, dir hingegen um so mehr Kränze gewunden und viele Leute zu Herolden deiner Langmut geworben. Allein er hat dich bei anderen verleumdet? Ja, was hat das zu bedeuten? Gott, nicht jene, die es gehört haben, wird einst Rechenschaft dafür fordern. Für sich hat er nur neuen Anlass zur Strafe gegeben, da er nicht bloß für seine eigenen Sünden sich verantworten muss, sondern auch wegen der Rede, die er über dich geführt hat. Dich hat er bloß bei den Menschen in schlechten Ruf gebracht, sich selbst aber hat er bei Gott schlecht angeschrieben. Und wenn dir das noch nicht genug ist, so bedenke, dass auch Gott der Herr verleumdet wurde, sowohl vom Satan als von den Menschen, und zwar gerade von jenen, denen er am meisten Liebe erzeigt hatte. Ebenso ging es seinem Eingeborenen, der darum sprechen konnte: „Wenn sie den Hausherrn Beelzebub genannt, um wieviel mehr dessen Hausgenossen“3 . Und es blieb nicht allein bei der Verleumdung des bösen Feindes, man glaubte es auch; und nicht die ersten besten Verleumdungen streute er aus, sondern die schmählichsten und schimpflichsten: er sei besessen, er sei ein Betrüger, er sei ein Widersacher Gottes. Aber du hast ihm Wohltaten erwiesen, und er vergalt dir mit Bösem? Nun, in diesem Falle beweine und beklage einen solchen um so mehr, für dich aber frohlocke; denn du bist Gott ähnlich geworden, der die Sonne aufgehen lässt über Gute und Böse4 . Es mag vielleicht scheinen, als übersteige es deine Kräfte, Gott nachzuahmen, wiewohl auch das einem Eifrigen nicht schwer fällt; allein wenn es dir doch allzu erhaben vorkommt, will ich dich auf deine Mitknechte hinweisen: auf Joseph, der von seinen Brüdern unsägliches Leiden musste und ihnen dennoch Wohltaten erwies; auf Moses, der trotz tausenderlei Anfeindungen für die Juden Fürsprache einlegte; auf den hl. Paulus, der nicht einmal S. d892 alles aufzählen konnte, was er von den Menschen erduldete und dennoch für sie Anathema5 zu sein wünschte; auf Stephanus, der für seine Steiniger betete, es möge ihnen diese Sünde vergeben werden. Alle diese Lehren musst du beherzigen, um den Zorn völlig abzulegen. Dann wird auch Gott uns alle Sünden verzeihen durch die Gnade und Güte unseres Herrn Jesus Christus, dem im Verein mit dem Vater und dem Heiligen Geiste Ruhm, Macht und Ehre sei jetzt und immer und in alle Ewigkeit. Amen!


  1. denn wer seine eigenen Fehler beherzigt, wird nachsichtiger gegen seinen Mitknecht ↩

  2. denn wer es versteht, den Zorn gegen seine Beleidiger zu bändigen, der wird um so eher milde sein gegen seine Freunde ↩

  3. Mt 10,25 ↩

  4. Mt 5,45 ↩

  5. Röm 9,3 ↩

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