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Commentaire sur l'Evangile selon Saint Matthieu
4.
Voyons maintenant le mal que les avares se font à eux-mêmes. N’est-il pas vrai de dire qu’ils marchent nus dans la ville, puisqu’ils n’ont pas le vêtement de la vertu? S’ils ne rougissent pas de cette nudité infâme, n’est-ce pas une preuve visible de leur folie? Ils rougiraient de la nudité du corps, et ils se glorifient de celle de l’âme, bien loin d’en rougir. Voulez-vous savoir la cause de cette impudence? C’est qu’ayant une infinité de compagnons de leur avarice et de leur nudité, ils rougissent aussi peu l’un de l’autre que ceux qui se baignent ensemble. S’il y avait moins d’avarice et plus de vertu parmi les hommes, on verrait mieux combien cette passion est infâme. Mais ce qu’on ne peut assez déplorer en nos jours, c’est qu’on ne rougit plus du vice, parce que les méchants sont en très-grand nombre. C’est là l’artifIce du démon, et une des plus grandes plaies dont il frappe les pécheurs. Il leur ôte donc le sentiment de leur péché, parce qu’il l’a tellement multiplié dans le monde, qu’il en a effacé toute la honte. Si un avare se trouvait seul au milieu d’une troupe de vrais chrétiens, il ne pourrait se souffrir lui-même. Il tremblerait en considérant sa laideur, parce qu’il la connaîtrait mieux en se comparant aux autres.
Je crois donc vous avoir assez fait voir que les avares sont en effet dans une nudité plus honteuse que les possédés. Personne ne peut nier non plus qu’ils ne passent toute leur vie comme dans les déserts et dans les lieux les plus retirés. La voie large et spacieuse où ils marchent est pire que ces solitudes affreuses. Quoiqu’elle soit fort peuplée et que l’on s’y presse, ce ne sont pas néanmoins des hommes qui y marchent Elle n’est pleine que de serpents, que de scorpions, que de loups, que de vipères et de toutes sortes de bêtes semblables. Ainsi, la voie dans laquelle les avares marchent, n’est pas seulement un désert. Elle est pire que les déserts. Elle est pleine de pierres et d’épines, et elle déchire plus les âmes que toutes les pointes de roches ne percent les corps.
Les avares demeurent aussi dans les sépulcres comme les possédés, ou plutôt ils sont des sépulcres eux-mêmes. Car qu’est-ce qu’un sépulcre, sinon une pierre qui renferme un corps mort? Les avares sont bien des sépulcres d’une antre manière. Ce ne sont point des pierres qui renferment des corps morte. Ce sont des corps et des coeurs plus durs que la pierre qui enferment des âmes mortes. C’est Jésus-Christ même qui appelle ainsi les Juifs à cause de leur avarice. Ce sont, dit-il, des sépulcres blanchis au dehors, qui « sont au dedans pleins de rapine et d’avarice ».
Voulez-vous maintenant que nous vous montrions encore comment les avares imitent encore les possédés, en se frappant ta tête à coups de pierres? Par où voulez-vous que nous commencions? Par les choses présentes ou par celles qui ne sont pas encore? Comme les avares font moins d’état de l’avenir que de ce qu’ils voient devant eux, commençons par le présent. Car je vous prie, mes frères, de me dire s’il y a des pierres aussi pesantes que le sont les soins dont les avares chargent non leur tête mais leur âme. Lorsqu’ils craignent que la justice des lois ne les chasse d’une maison qui leur plaît, et qu’ils ont usurpé très injustement, de combien d’inquiétudes sont-ils agités alors? de quelle frayeur sont-ils saisis? de quelle colère sont-ils transportés? Quelles tempêtes la fureur et la rage n’excitent-elles point dans leur coeur? Ils fulminent aujourd’hui contre leurs domestiques, demain contre les étrangers. Tantôt la tristesse, tantôt la crainte, tantôt la colère les emporte. Ils vont de précipice en précipice. Ils sont toujours dans l’agitation, et leur âme n’a point de repos.
L’empressement qu’ils ont d’acquérir ce qu’ils ne possèdent pas encore, fait qu’ils estiment comme rien ce qu’ils ont déjà. Ils tremblent d’un côté dans l’appréhension de perdre ce qu’ils ont amassé; et ils travaillent de l’autre pour se faire de nouvelles acquisitions, c’est-à-dire de nouveaux sujets de crainte. Ce sont des malades altérés qui se gorgent d’eau, (29)et qui ne se désaltèrent jamais. Mettez-les au milieu des sources, ils boiront sans cesse, et ils brillent toujours de soif. Leur ardeur pour la richesse n’est point apaisée par tout ce qu’ils ont amassé, comme leur avidité n’a point de bornes; tout ce qu’ils ont ne la satisfait pas, mais l’irrite davantage.
Voilà, mes frères, l’état des avares. Voilà ce qu’ils sont présentement; mais voyons ce qu’ils seront à l’avenir. Il ne faut qu’ouvrir l’Evangile pourvoir les supplices que Dieu leur prépare. Car c’est aux avares que Jésus-Christ fait ce reproche dans son jugement: « J’ai eu faim et vous ne m’avez point donné à manger; j’ai eu soif et vous ne m’avez point donné à boire » (Sup. XXV, 30); et qu’il dit ensuite : «Allez au feu éternel qui a été préparé au diable ». C’est aux avares qu’il propose l’exemple de ce serviteur infidèle qui ne distribuait pas le bien de son maître. Ce sont les avares qu’il effraie par le malheur de cet autre qui avait caché son talent en terre, et par la fin déplorable de ces cinq vierges folles qui n’avaient point l’huile de la charité et de l’aumône.
De quelque côté qu’on jette les yeux dans l’Evangile, on y voit une rigueur effroyable pour les avares. Tantôt Abraham leur crie du haut du ciel qu’il y a entre eux et les bienheureux un grand abîme qu’il est lin possible de passer, Tantôt Dieu leur prononce cet arrêt: «Retirez-vous de moi, maudits; allez dans le feu qui a été préparé au diable ». Tantôt il les menace de les diviser et de les jeter en un lieu « où il y aura des pleurs et des grincements de dents». Ainsi, se trouvant chassés de partout, et ne pouvant avoir de repos en aucun lieu, il ne leur reste que le feu de l’enfer.
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Kommentar zum Evangelium des hl. Matthäus (BKV)
4.
Betrachten wir nun, was die Habsüchtigen sich selbst antun? Nackt wandeln sie durch die Stadt, denn es fehlt ihnen das Gewand der Tugend. Und wenn sie darin nichts Unschickliches finden, so rührt auch das von ihrem Wahnsinn her, der so weit geht, dass ihnen ihre Schändlichkeit gar nicht mehr zum Bewusstsein kommt; ja, während sie sich schämen, am Leibe nackt zu sein, prahlen sie noch damit, dass sie eine nackte Seele mit sich herumtragen. Ich kann euch auch erklären, wie es kommt, dass sie so unempfindlich sind. Woher kommt es? Sie sind nackt unter vielen, die ebenso nackt sind; deshalb schämen sie sich nicht, wie man sich auch in den Bädern nicht schämt. Gäbe es doch viele, die mit der Tugend angetan wären, dann würde ihre S. d1161 Schande deutlicher zutage treten. Nun ist aber gerade das so beweinenswert, dass das Böse kein Schamgefühl weckt, weil es ebenso viele Böse gibt. Zu allem anderen Unheil hat es der Teufel auch dahin gebracht, dass man das Böse gar nicht mehr merkt, da durch die Menge der Schlechten die Schande der Sünde verschleiert wird. Müßte ein Bösewicht unter vielen Tugendhaften leben, so würde er alsbald seiner Nacktheit inne werden. Es ist mithin klar, dass die Habsüchtigen nackter sind als die Besessenen. Es wird aber auch niemand in Abrede stellen, dass sie in Einöden umherziehen. Ist doch die Straße und das weite Stadtgebiet öder als jede Einöde. Wenn auch eine große Anzahl Leute darin herumgehen, so sind es doch keine Menschen, sondern Schlangen, Skorpione, Wölfe, Nattern und Vipern. Solcher Art sind nämlich die Bösewichter. Eine solche Gegend ist nicht bloß eine Einöde, sondern auch weit unwirtlicher, wie sich aus folgendem ergibt. Steine, Schluchten, Bergeshöhen bringen den Wanderern keinen solchen Schaden, wie Raub und Habsucht den Seelen, die solche Dinge betreiben. Ebenso klar ist es, dass sie wie die Besessenen in Grüften wohnen, ja eigentlich selbst Gräber sind. Was ist denn ein Grab? Ein Stein, unter dem ein Leichnam liegt. Inwiefern unterscheidet sich nun ihr Leib von solchen Grabsteinen? er ist nur noch viel jämmerlicher. Es ist nicht ein Stein, der eine Leiche birgt, sondern ein Leib, der unempfindlicher ist als Steine, da er eine tote Seele in sich trägt. Daher geht man auch nicht fehl, wenn man sie Grüfte heißt. Gab doch auch unser Herr hauptsächlich aus diesem Grund den Juden diesen Namen, denn er sagte: „Inwendig sind sie voll Raub und Habsucht“1 .
Soll ich euch auch noch zeigen, wie die Habsüchtigen ihre Köpfe an Steinen zerschlagen? Sage mir, woran willst du es zuerst sehen? Am Diesseits oder am Jenseits? Aber aus dem Jenseits machen sie sich nicht arg viel; wir müssen also beim Diesseits bleiben. Sind die Sorgen, die zwar nicht den Kopf verletzen, wohl aber die Seele aufreiben, nicht schlimmer als noch so viele S. d1162 Steine? Sie leben in der Furcht, es könnte das unrecht Erworbene auf gerechtem Wege wieder aus ihrem Hause gehen; sie fürchten immer das Schlimmste, sind zornig und erbittert gegen Angehörige und Fremde; Kummer, Angst, Zorn wechseln miteinander ab, und wie von Abgrund zu Abgrund schreitend lauern sie täglich auf neuen Gewinn. Deshalb bringt ihnen ihr Besitz auch keine Freude, weil sie über die Sicherheit desselben in Unruhe sind und all ihr Trachten nur auf das ausgeht, was sie noch nicht besitzen. Wie einer, der an fortwährendem Durst leidet, keinen Genuss findet, wenn er auch viele Brunnen austränke, weil er sich eben nicht satt trinken kann, so geht es auch dem Habsüchtigen; anstatt sich zu freuen, sind sie voll Qual, je mehr sie auch erwerben; denn diese Leidenschaft kennt keine Grenzen. So steht es schon hienieden um sie: Sprechen wir nun auch vom Tage des Gerichtes. Wenn sie selbst sich auch nicht daran kehren, so ist es doch notwendig, dass ich darüber rede. Am Tage des Gerichtes wird man nun sehen, dass es immer die Habsüchtigen sind, die gestraft werden. Denn wenn der Herr sagen wird: „Ich war hungrig, und ihr habt mich nicht gespeist, ich war durstig, und ihr habt mich nicht getränkt“2 , so gilt diese Strafe ihnen; und wenn er spricht: „Weichet von mir in das ewige Feuer, das dem Teufel bereitet ist“3 , so sind es wieder die ungerechten Reichen, die er dahin überweist. Zu dieser Klasse gehört auch der böse Knecht, der seinen Mitknechten die Habe des Herrn nicht austeilte: eben der Knecht, der das Talent vergraben hatte, sowie die fünf törichten Jungfrauen. Wohin du dich auch wendest, überall findest du, dass gerade die Habsüchtigen gestraft werden. Das eine Mal müssen sie hören: „Eine Kluft ist zwischen uns und euch“4 , ein andermal: „Weichet von mir in das Feuer, das bereit steht“; dann wieder sind sie es, die abgesondert werden und an den Ort gehen müssen, wo Zähneknirschen ist. Überall sieht man, wie sie vertrieben werden, wie sie S. d1163 nirgends einen Platz finden, als allein in der Hölle, wohin sie verstoßen werden.