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Works John Chrysostom (344-407) In Matthaeum homiliae I-XC Commentaire sur l'Evangile selon Saint Matthieu
HOMÉLIE XIV

3.

Car, règle générale, lorsque Dieu veut faire quelque chose d’extraordinaire, et introduire dans le monde quelque établissement nouveau, il a coutume de faire des miracles, afin qu’ils soient comme un gage et une preuve de sa puissance à ceux qui doivent recevoir ses lois. Ainsi, veut-il faire l’homme, il commence par créer l’univers, et ce n’est qu’ensuite qu’il impose à l’homme la loi qu’il lui a donnée dans le paradis. De même, avant que d’imposer aucun commandement à Noé, il opère ce grand prodige par lequel il a renouvelé le monde en l’inondant durant un an sous les eaux d’un effroyable déluge, et conservé ce juste dans le naufrage de tout l’univers. C’est ainsi encore qu’il fait plusieurs miracles en faveur d’Abraham, par exemple cette grande victoire qu’il lui fit remporter sur les cinq rois; cette plaie dont il frappa Pharaon pour sauver Sara; et cette protection par laquelle il l’a tiré de tant de périls. Quand il a voulu aussi se rendre le législateur et le conducteur des Juifs, il leur a fait voir auparavant des prodiges et des miracles extraordinaires; et ce n’est qu’ensuite qu’il leur a donné sa loi. C’est pour se conformer à la même conduite, que, sur le point de publier la loi sublime de l’Evangile, et d’introduire une forme de vie toute nouvelle et inconnue à tous les hommes, il l’autorise par avance par de grands miracles : comme le royaume éternel qu’il annonçait était invisible, il voulait en établir la vérité par des miracles visibles.

Mais admirez, je vous prie, la divine brièveté de l’évangéliste, et comme, sans raconter chaque guérison en particulier, il nous fait voir en un mot une foule et comme une nuée de miracles! « Et sa réputation s’étant répandue par toute la Syrie, ils lui présentèrent, tous ceux qui étaient malades, et qui étaient diversement affligés de maux et de douleurs, les possédés, les lunatiques, et les paralytiques, et il les guérit (24). » Vous me demanderez peut-être pourquoi Jésus-Christ n’obligeait point ces malades qu’il guérissait de croire en lui. Car il ne leur dit point ici ce qu’il dit ensuite presque à tous les autres « Croyez-vous que je vous puisse guérir? » Il ne le fait pas encore parce qu’il n’avait pas donné de marques de sa puissance. Ce n’était pas d’ailleurs une médiocre preuve de leur foi, que de venir ainsi s’adresser à lui et de lui apporter de loin leurs malades. L’eussent-ils fait s’ils n’avaient eu une grande idée de sa puissance?

« Et une grande multitude de peuple le suivit de la Galilée, de la Décapole, de Jérusalem, de la Judée, et d’au delà le Jourdain (23). » Suivons aussi nous-mêmes Jésus-Christ, mes frères. Car nous ne sommes pas moins malades dans l’âme que ces peuples l’étaient dans le corps : et ce sont nos langueurs spirituelles que Jésus-Christ désire principalement de guérir, puisqu’il ne guérit les corps qu’afin de passer ensuite à la guérison des âmes; Approchons-nous donc de lui pour lui demander, non des choses temporelles, mais le pardon de nos fautes. Et il nous le donnera sans doute si nous le lui demandons avec instance.

La réputation de Jésus-Christ n’était alors répandue que dans la Syrie; et elle l’est maintenant par toute la terre. La seule vue de la guérison de quelques possédés faisait courir après lui les hommes de toutes parts; et vous, après avoir vu de bien plus grands effets de sa puissance, vous ne vous mettez pas même en état de venir à lui? Ces peuples quittaient leurs pays, leurs amis et leurs proches pour le suivre; et vous ne voulez pas quitter même , votre maison pour aller le trouver, et pour recevoir de lui beaucoup plus que vous n’aviez quitté. Mais nous ne vous obligeons pas même à cela, quittez seulement vos mauvaises habitudes, et en demeurant chez vous avec votre famille, vous ne laisserez pas de vous sauver.

Hélas! quand nous sentons quelque maladie dans notre corps, nous faisons tout, nous souffrons tout, nous dépensons tout, pour nous eu (108) délivrer, et lorsque notre âme est dans une langueur mortelle, nous hésitons et nous différons toujours? C’est pourquoi nous ne sommes pas même guéris de nos maladies corporelles : c’est parce que nous tenons pour superflues les choses nécessaires, et pour nécessaires les superflues. Nous entretenons la source des maux qui nous accablent, et nous voulons en purifier les ruisseaux. Car les maux du corps sont souvent la peine des maux de l’âme. Nous le voyons assez par ce paralytique de trente-huit ans; et par cet autre qu’on descendit du toit pour le présenter devant Jésus-Christ. Nous le voyons encore dès le commencement du monde, par ce que l’Ecriture dit de Caïn; et en un mot, il y a mille preuves de cette vérité.

Pensons donc premièrement à tarir la source du mal, et après cela nous en tarirons les ruisseaux, qui sont les maladies corporelles. La paralysie n’est pas la seule langueur que nous devions craindre; le péché en est une autre bien plus grande, et qui surpasse autant cette première, que l’âme, est plus noble que le corps. Approchons-nous, mes frères, de Jésus-Christ, aussi bien que ces peuples, et conjurons-le qu’il fasse cesser la paralysie de nos âmes. Bannissons toutes les pensées d’ici-bas, et n’estimons que les choses spirituelles.

Que si vous ne pouvez quitter tout à fait les soins de cette vie, ne vous y appliquez au moins qu’après avoir pensé à votre salut. Ne négligez pas vos fautes, parce que vous n’êtes aiguillonnés d’aucun remords lorsque vous les faites. Gémissez au contraire de ce que vous ressentez si peu de douleur de vos péchés. La cause de cette insensibilité ne vient pas de ce que le péché n’a rien qui pique et qui blesse, mais de ce que votre coeur est assez endurci pour n’en point sentir la plaie. Pour bien comprendre ce que je vous dis, considérez ceux qui sont touchés de la douleur de leurs fautes. N’est-il pas vrai qu’ils jettent souvent de plus grands cris que ceux même que l’on coupe et que l’on brûle? Que ne font-ils point, que ne souffrent-ils point pour se délivrer des remords de leur conscience? Comment pourraient-ils agir de la sorte, si leur âme n’était percée de douleur?

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