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Works John Chrysostom (344-407) In epistula ad Romanos commentarius Commentaire sur l'épître aux Romains
HOMÉLIE XXVI.

1.

Après avoir réprimandé d'abord celui qui jugeait son frère, et l'avoir ainsi détourné de l'habitude d'adresser au prochain des paroles amères, il prononce sur le dogme, et instruit paisiblement le moins avancé; et il montre, dans l'accomplissement de cette tâche, une grande douceur. Il ne parle point de punition, ni de rien de pareil ; mais il écarte seulement toute espèce de crainte en cette affaire, afin que l'on écoute plus facilement ses paroles. Il dit donc : « Je sais, et je suis persuadé ». Ensuite, pour qu'un de ceux qui ne croyaient pas encore, ne lui dise pas : Et que nous importe que vous soyez persuadé? Vous n'avez pas assez d'autorité pour vous opposer à, une loi si digne de nos respects, à des oracles appointés d'en-haut ;l'apôtre ajoute: «Dans le Seigneur » : C'est-à-dire, c'est d'en-haut que me vient ce que je sais, c'est du Seigneur que je tiens ma persuasion; n'y voyez pas l'opinion d'un homme. Eh bien donc, de quoi êtes-vous persuadé, et que savez-vous ? Parlez. « Que rien n'est impur de soi-même ». Par le fait de la nature, dit-il, rien n'est souillé ; ce qui produit la souillure, c'est l'intention de celui qui use des choses; c'est pour celui-là seul qu'il y a souillure, et non pour tous. « Rien n'est impur », dit l'apôtre, « qu'à celui qui le croit impur ». Pourquoi donc ne pas corriger son frère, pour qu'il ne croie pas la chose impure? Pourquoi ne pas détourner de la croyance qui lui est habituelle, pourquoi ne pas user d'autorité afin qu'il ne rende pas, par sa manière de penser, la chose impure? Je crains, dit l'apôtre, de l'affliger : aussi ajoute-t-il : « Mais si, en mangeant de quelque chose, vous attristez votre frère, dès lors vous ne vous conduisez plus par la charité (15) ».

Voyez-vous comme l'apôtre se concilie les coeurs? Il montre au chrétien faible qu'il a pour lui tant de considération que, pour ne pas l'affliger, il n'ose pas même lui prescrire ce qui est cependant très-nécessaire, qu'il aime mieux l'attirer par une condescendance pleine de charité. Et, après avoir écarté de lui la crainte, il ne lui fait pas violence, mais il le laisse entièrement maître de sa conduite. Car l'avantage de faire renoncer à un genre de nourriture, ne vaut pas l'inconvénient d'attrister son frère. Voyez-vous jusqu'où il porte le zèle de la charité ? L'apôtre sait bien que la charité peut tout redresser. Voilà pourquoi il réclame, ici, une plus grande vertu des fidèles. Non-seulement, dit-il, vous ne devez pas user de contrainte à l'égard de ceux qui sont faibles, mais s'il faut même user de condescendance, vous ne devez pas hésiter. Voilà pourquoi il ajoute ces paroles . « Ne faites pas périr par (394) votre manger celui pour qui Jésus-Christ est mort ». N'estimez-vous pas assez votre frère, pour acheter, même au prix de l'abstinence, le salut de son âme? Comment ! le Christ n'a refusé pour lui, ni d'être esclave, ni de mourir; et vous ne mépriserez pas assez la nourriture pour sauver votre prochain ? Le Christ ne devait pas conquérir tous les hommes, par son sacrifice, il ne l'en a pas moins accompli ; mourant pour tous, il a fait tout ce qui était de lui. Et vous, quand vous savez qu'à propos de cette nourriture vous jetez votre frère dans des maux terribles, vous disputez encore; celui que le Christ juge d'un si grand prix, vous le méprisez à ce point; celui que le Christ a aimé paraît vil à vos yeux ? Et ce n'est pas seulement pour les infirmes que le Christ est mort, mais pour ses ennemis ; et vous, dans l'intérêt des infirmes, vous ne pourrez pas pratiquer l'abstinence? Le Christ a fait le plus grand sacrifice, et vous ne ferez pas le plus petit? Et cependant il est le Seigneur, et vous, vous êtes un frère. Assurément ces paroles suffisaient pour couper court au mal; car elles montrent quelle est la petitesse d'une âme qui, après avoir reçu de Dieu de grands bienfaits, ne le paye pas du moindre retour.

« Que votre bien donc ne soit point blasphémé. Car le royaume de Dieu ne consiste pas dans le boire ni dans le manger (16, 47) ». Le bien, c'est ici, ou la foi, ou l'espérance des récompenses à venir, ou la parfaite piété. Non-seulement, dit l'apôtre, vous ne rendez aucun service à votre frère, mais vous exposez et l'Evangile même, et la grâce de Dieu, et le don du ciel aux mauvais discours des hommes. Vos combats, vos disputes, les ennuis que vous causez, les scissions que vous provoquez dans l'Eglise, vos outrages à votre frère, votre haine contre lui, excitent les mauvais discours du dehors : de sorte que non-seulement, par là, vous ne corrigez rien, mais vous produisez un effet tout contraire. Votre bien c'est la charité, c'est l'amour fraternel, c'est l'union, c'est la concorde, c'est la paix, la vie douce et clémente. Ensuite, nouvelle raison pour mettre un terme aux scrupules timorés de l'un, à l'esprit disputeur de l'autre, il dit : « Car le royaume de Dieu ne consiste pas dans le boire ni dans le manger». Est-ce que c'est par là que nous pouvons être justifiés? C'est ce qu'il dit ailleurs encore: « Si nous mangeons, nous n'en aurons rien davantage devant Dieu, et si nous ne mangeons pas, nous n'en aurons rien de moins ». (I Cor. VIII, 8.) Il n'y a pas de preuve à faire ici, une simple assertion suffit. Ce que dit l'apôtre revient à ceci : croyez-vous que c'est le manger qui vous donne le royaume du ciel? Aussi l'apôtre, se moquant de l'importance qu'ils attachent aux aliments, ne dit pas seulement que ce royaume ne consiste pas dans le manger, il dit, en même temps, ni dans le boire. Quels sont donc les titres qui nous donnent l'entrée au ciel. La justice, la paix, la joie, la pratique de la vertu, la concorde fraternelle, que contrarient de pareilles contestations; la joie de l'harmonie que ruinent de semblables reproches. Ces réflexions, l'apôtre le adressait, non pas à un seul des deux partis, ais à l'un et à l'autre à la fois, parce qu'il y a ait opportunité de les faire entendre aux uns et aux autres.

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Kommentar zum Briefe des hl. Paulus an die Römer (BKV) Compare
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