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Works John Chrysostom (344-407) In epistula ad Romanos commentarius Commentaire sur l'épître aux Romains
HOMÉLIE IV.

2.

Pour avoir entendu ce mot : « Ils ont brûlé de désirs », n'allez pas vous imaginer, dit l'apôtre, que la maladie se bornait à la seule concupiscence : car le plus souvent cette concupiscence empruntait son feu de leur lâcheté. Aussi ne dit-il point entraînés ou préoccupés; expressions qu'il emploie ailleurs. Que dit-il donc? « Commettant ». Ils ont mis le péché à effet, et non-seulement à effet, mais avec ardeur. Il ne dit pas le désir, mais proprement « l'infamie » ; car ils ont outragé la nature et foulé les lois aux pieds. Et voyez un peu la confusion qui s'ensuit des deux côtés. Tout est bouleversé et mis sens dessus dessous, ils sont devenus ennemis d'eux-mêmes et entre eux, en allumant une guerre terrible , multipliée, variée, plus cruelle qu'aucune guerre civile. En effet, ils lui ont donné quatre formes aussi vaines que contraires aux lois : car elle n'était pas seulement double ou triple, mais quadruple. Examinez un peu : l'homme et la femme de deux ne devaient faire qu'un : « Ils seront les deux en une seule chair », est-il écrit. (Gen. II, 24.) Le désir de l'union conjugale produisait en effet, et réunissait les deux sexes. Le démon, en détruisant ce désir et lui en substituant un autre, a brisé le rapport d'un sexe à l'autre, a fait deux de ce qui n'était qu'un, contrairement à la loi de Dieu qui avait dit: « Ils seront les deux en une seule chair», tandis que lui partage une seule chair en. deux. Voilà une première guerre. .

Ensuite il a armé ces deux parties contre elles-mêmes et entre elles : car les femmes n'outrageaient pas seulement les hommes , mais aussi les femmes; et les hommes à leur tour, non contents de se faire la guerre, la faisaient aussi au sexe féminin, comme dans un combat de nuit. Voyez vous une seconde et une troisième guerre, et même une quatrième et une cinquième ? Il y en a encore une autre outre ce que nous. avons dit, ils outrageaient encore les lois de la nature elle-même. Car le démon s'apercevant que le désir portait surtout un. sexe vers l'autre, s'est attaché à briser ce lien ; en sorte que le genre humain tendait à sa destruction, non-seulement par le défaut de génération, mais aussi par suite de la division et de la guerre qui régnaient entre les sexes.

« Et recevant ainsi en eux-mêmes la récompense qui était due à leur égarement ». Voyez comme il revient encore à la source du mal, l'impiété dogmatique, et fait voir que d'elle dérivaient ces désordres. Comme en parlant de l'enfer et de ses supplices, il ne paraissait point digne de foi aux impies et à ceux qui avaient adopté ce genre de conduite, qu'il leur semblait même ridicule , il leur prouve que la volupté renferme, en elle-même son châtiment. S'ils ne le sentent pas, s'ils jouissent même , ne vous en étonnez pas : les furieux, les frénétiques, tout en se blessant et en se maltraitant misérablement, tout en excitant la pitié chez les autres, rient et sont heureux de ce qu'ils font. Nous ne les disons pas pour cela exempts du châtiment; nous les disons au contraire d'autant plus punis qu'ils ignorent leur état. Car ce ne sont pas les malades, mais ceux qui se portent bien qu'il faut consulter; d'ailleurs c'était anciennement chez (211) eux une loi, un ordre de leur législateur que la friction sèche 1 et la pédérastie fussent interdites aux esclaves; ces privilèges, ou plutôt ces turpitudes, étaient réservées aux hommes libres. Cependant ils ne voyaient point là d'infamie; c'étaient une chose honnête, mais trop relevée pour un esclave et digne seulement d'un homme libre : telle était l'opinion des Athéniens, le plus sage des peuples, et de leur illustre Solon. Et l'on retrouverait cette maladie dans beaucoup de livres de philosophes. Nous ne disons cependant pas pour cela que ce fût une loi pour tous, mais que ceux qui la subissaient, étaient misérables et dignes d'une grande pitié. Car ils éprouvaient ce qu'éprouvent les prostituées , et pire encore. En effet, chez celles-ci, le commerce est illégitime, mais non contre nature ; tandis que là il est tout à la fois illégitime et contre nature.

Et quand il n'y aurait pas d'enfer, ni aucune menace de supplice, le mal lui-même serait pire que- tout supplice. En parlant du plaisir qu'ils éprouvent, vous indiquez une aggravation de châtiment. Si je voyais un homme courir nu, tout couvert de boue, et se pavanant au lieu de rougir, bien loin de partager sa satisfaction, je le plaindrais, d'autant plus qu'il ne. sentirait pas l'indécence de sa conduite. Pour mieux faire ressortir cette ignominie, souffrez que je donne un autre exemple. Si on condamnait une jeune fille à admettre de stupides animaux dans son lit virginal, à avoir commerce avec eux , et qu'elle y trouvât du plaisir, ne serait-elle pas d'autant 'plus à plaindre que l'absence de la honte rendrait sa maladie incurable? Cela est évident pour tout le monde. Or si le mal serait grand ici , il ne l'est pas moins. là : car il est plus triste d'être outragé par ses semblables que par des étrangers. J'affirme que ces hommes sont plus coupables que des homicides. Car il vaut mieux mourir que de vivre dans un tel opprobre. L'homicide ne fait que séparer l'âme du corps, tandis que celui-ci perd le corps et l’âme. Ce crime dépasse tous ceux que vous pouvez nommer; et si ceux qui souffrent de tels outrages en sentaient la gravité, ils aimeraient mieux mourir mille fois que de les subir.


  1. La friction sèche était prise par les athlètes au sortir du bain. ↩

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