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Works John Chrysostom (344-407) In epistula ad Romanos commentarius Commentaire sur l'épître aux Romains
HOMÉLIE VIII.

8.

Ne voyez-vous pas dans les armées, en temps de paix, les soldats déposer les armes , et passer ainsi sans défense et sans précaution, dans le camp ennemi ? Mais dès qu'ils se sont munis de leurs armes, ce sont des gardes, des postes avancés, des nuits sans sommeil, des feux continuels : toutes choses qui n'indiquent plus la paix; mais la guerre. Voilà précisément ce qu'on peut voir chez nous, nous nous observons et nous nous craignons les uns les autres, nous parlons à l'oreille du voisin, puis, si un tiers survient, nous nous taisons, nous supprimons le sujet de la conversation : ce qui n'est pas une preuve de confiance, mais bien d'une extrême défiance. Mais, direz-vous, nous cherchons seulement à nous garantir, et non à faire tort. Voilà encore ce qui me fait gémir : que, vivant parmi des frères, nous ayons besoin de nous tenir en garde pour ne point éprouver d'injustice, d'allumer tant de feux, d'avoir tant de sentinelles et de postes «dansés. Et la cause de tout cela c'est l'habitude du mensonge et de la fraude, le défaut de charité, une guerre implacable. Aussi trouve-t-on une foule de personnes qui ont plus de confiance dans les païens que dans les chrétiens. Pourtant quel sujet de honte, de larmes, de gémissements ! Eh ! comment faire, direz-vous? un tel est d'un mauvais caractère et de relation difficile. Mais où est votre sagesse? Où sont lés lois apostoliques, qui nous ordonnent de porter les fardeaux les uns des autres ? Si vous ne pouvez vivre en paix avec votre frère, comment vivrez-vous avec un étranger? Si vous ne savez pas manier votre propre (248) membre , comment pourrez-vous en attirer d'autres et vous les adapter ?

Que faire, dites-vous? Oh ! en voyant dans notre camp tant de guerres plus désastreuses que des guerres étrangères, j'ai bien de la peine à empêcher mes yeux de verser des torrents de larmes, à l'exemple de ce prophète, qui s'écriait, en présence d'une irruption d'étrangers : « Je souffre des entrailles ». (Jér. IV, 19.) Et moi à l'aspect de ces soldats rangés sous le même général, puis se tournant les uns contre les autres, se mordant, se déchirant les membres, les uns pour de l'argent, les autres pour de la gloire, ceux-là se raillant et se tournant en ridicule sans motif et sans but, se portant mille blessures; en voyant ces morts plus maltraités que ceux qui tombent sur les champs de bataille, en voyant le titre de chrétiens réduit à une pure dénomination, je ne saurais trouver de lamentations en proportion du sujet.

Respectez donc, respectez cette table, à laquelle nous participons tous, le Christ-immolé pour nous, la victime que l'on. nous y sert. Des brigands assis au même banquet, cessent d'être brigands pour leurs convives; la table transforme leurs moeurs et rend plus doux que des brebis, des hommes plus féroces que les bêtes sauvages; et nous qui participons à un tel festin, qui prenons ensemble une telle nourriture, nous nous armons les uns contre les autres, quand nous devrions nous armer contre le démon, notre ennemi commun ! Voilà pourquoi nous nous affaiblissons, tandis . qu'il se fortifie tous les jours. Nous ne nous défendons point les uns les autres contre lui, mais nous combattons avec lui contre nos frères, et nous le prenons pour général dans ces expéditions, au lieu de tourner tous nos armes contre lui seul. Nous le laissons de côté, et nous dirigeons nos traits contre nos frères. Quels traits? Ceux de la langue et de la bouche. Ce ne sont pas seulement les traits et les flèches qui font des blessures; la langue en fait de plus terribles. Mais, direz-vous, comment mettre fin à cette guerre? En pensant que quand vous parlez contre votre frère, vous jetez de la boue, par la bouche; en pensant que vous calomniez un membre du Christ; que vous dévorez votre propre chair; que vous vous rendez plus redoutable que l'effrayant, l'inflexible tribunal; que le trait ne tue pas celui qui le reçoit, mais celui qui le décoche. — Mais, dites-vous, on m'a fait tort, on m'a maltraité. — Gémissez et ne dites point de mal; déplorez, non le tort qu'on vous a fait, mais la perte de votre ennemi, comme votre Maître a pleuré Judas, non parce qu'il a été lui-même crucifié, mais parce que Judas l'avait trahi. On vous a accablé d'injures et d'outrages? Priez le Seigneur de faire éclater sans retard sa miséricorde sur le coupable. Il est votre frère, il a été enfanté comme vous; c'est votre membre, il a été convié à la même table. Mais, dites-vous, il redouble ses injures. Votre récompense en sera plus grande et plus abondante. Il est d'autant plus juste que vous lui pardonniez, qu'il a reçu un coup mortel, puisque le démon l'a blessé.

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