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Works John Chrysostom (344-407) In epistulam ii ad Corinthios argumentum et homiliae 1-30 Commentaire sur la deuxième épitre aux Corinthiens
HOMÉLIE XXVII.

3.

Sachons donc, nous aussi, suivre cet exemple. C'est une faute grave que de ne pas aimer son prochain; c'en est une plus grave de ne pas répondre à l'amour qu'on nous porte. Si, en aimant celui qui nous aime, nous ne faisons rien de plus que les publicains, ne l'aimer pas, c'est être inférieur aux bêtes sauvages. Que dis-tu, ô homme? Tu n'aimes pas celui qui t'aime ? alors pourquoi vis-tu ? à quoi pourras-tu jamais être utile? dans quelles affaires? dans celles qui intéressent l'Etat? dans celles qui intéressent les particuliers ? Nullement, en aucune manière : rien de plus inutile qu'un homme qui ne sait pas (166) aimer. La loi d'amour souvent a touché même des brigands, des assassins, des violateurs de sépulture; pour avoir seulement mangé le sel ensemble, ils ont changé de moeurs, la table les a convertis; et vous qui n'avez pas seulement même table, mais mêmes conversations, mêmes occupations, mêmes entrées, mêmes sorties avec d'autres hommes, vous ne les aimez pas? Ceux qui se livrent à de coupables amours, dépensent leurs fortunes entières pour des femmes perdues, et vous qui avez au coeur un amour honnête, vous êtes froid, vous êtes lâche, vous êtes dépourvu de coeur au point de ne pouvoir aimer même quand il ne vous en coûte rien? Mais qui donc, dira-t-on, peut être assez malheureux, assez semblable aux bêtes sauvages pour se détourner de celui qui l'aime, et pour le haïr? Vous avez raison de regarder comme incroyable une. telle dépravation ; mais si je vous montre une foule de dépravés de ce genre, comment pourrons-nous supporter cette honte? Tenir des discours méchants sur celui qu'on aime, entendre les discours méchants d'un autre sur lui, et ne pas le défendre, le voir honoré et lui porter une haine jalouse, que faut-il penser d'un tel amour? Certes ce serait pourtant une bien faible preuve d'amitié que de ne pas être jaloux, de ne pas haïr, de ne pas susciter de combats contre celui qu'on aime; il faudrait encore applaudir à sa prospérité, travailler à l'accroître; mais quand toutes vos actions, toutes vos paroles tendent à sa ruine, quelle âme pourrait être plus misérable que la vôtre?

Hier, avant-hier, vous étiez son ami, vous partagiez ses entretiens et sa table; puis, tout à coup, à la vue de la prospérité de celui qui est votre membre, jetant le masque de l'amitié, vous ne respirez plus que la haine, ou plutôt une fureur insensée. Cette fureur insensée se manifeste par le chagrin que vous cause la prospérité du prochain; cette démente est le propre des furieux, des chiens possédés de la rage. Semblables à ces animaux, les envieux qu'irrite l'aiguillon sinistre, se jettent aussi sur. tous. Mieux vaut un serpent replié dans les entrailles que l'envie qui rampe dans l'âme. Le reptile, souvent il suffit d'un remède pour le vomir; la nourriture en adoucit l'effet; ce n'est pas dans les entrailles que l'envie se replie, elle se roule au sein de l'âme, il est difficile de l'en faire sortir. Le reptile, dans l'intérieur du corps, n'en attaque pas les organes, si on lui donne sa nourriture; mais l'envie, quelque abondante que pussent être les aliments que vous lui serviriez, s'en prend à l'âme même, qu'elle mord de toutes parts, qu'elle ronge, qu'elle déchire; et rien ne saurait l'adoucir, rien ne saurait mettre un terme à sa fureur, rien qu'une chose, une seule: le malheur fondant sur celui qui prospérait; voilà le seul remède qui la puisse guérir, ou plutôt ce remède ne fait rien. Car si tel subit l'adversité, elle en voit un autre qui est heureux, et les mêmes tortures la reprennent, et partout elle reçoit des blessures, et partout elle se sent frappée de nouveaux coups. Car il est impossible de se retourner sur la terre sans y voir des heureux. Et tel est l'excès de ce mal, que, même renfermé dans sa maison, l'envieux éprouve de la haine pour les hommes d'autrefois qui ont cessé de vivre. Or, que ceux qui vivent dans la société, au milieu de la foule, souffrent de cette maladie, c'est triste, mais ce n'est pas ce qu'il y a de plus affligeant;-mais que ceux mêmes qui sont affranchis de tous les troubles de la vie publique, soient possédés du même mal, voilà ce qui est affreux, au-delà de tout ce qui se pourrait penser. Je voudrais garder le silence sur ce que j'ai à dire; mais il faudrait que mon silence suffît pour effacer la honte de la réalité; il y aurait alors de l'utilité dans le silence; mais quand je pourrais me taire, les choses crieraient plus haut que ma langue, et mes paroles ne sauraient produire autant de mpl que la notoriété de nos malheurs qui s'étalent à tous les yeux, et mon discours, sans danger, ne sera peut-être pas sans profit et sans utilité. Ce mal s'est attaqué à l'Eglise, et voilà ce qui a tout bouleversé, ce qui a détruit l'harmonie des membres; voilà pourquoi nous nous élevons les uns contre les autres; l'envie nous donne nos armes. De là l'excès de la dépravation. Lorsque tous conspirent à édifier, il faudrait encore s'estimer heureux que tous les fidèles demeurassent; si, au contraire, nous conspirons tous à détruire, à quel terme aboutirons-nous ?

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Commentaire sur la deuxième épitre aux Corinthiens
Homilien über den zweiten Brief an die Korinther (BKV) Compare

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