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Works John Chrysostom (344-407) In epistulam ii ad Corinthios argumentum et homiliae 1-30 Commentaire sur la deuxième épitre aux Corinthiens
HOMÉLIE XXVIII.

2.

C'était l'envie qui les produisait, ces calomnies , ces accusations , ces dissensions. Comme une racine funeste, l'envie produisait la colère, l'esprit de dénigrement, la démence de l'orgueil et tous les autres fléaux qui, à leur tour, envenimaient cette haine jalouse. « Et qu'ainsi Dieu ne m'humilie encore, lorsque je serai retourné chez vous (29) ». Cet « Encore » est à lui seul un reproche. C'est bien assez, dit-il, de vos premiers égarements. Aussi disait-il au commencement : « C'est pour vous épargner que je ne suis pas allé à Corinthe ». (II Cor. I, 23.) Voyez-vous comme il s'entend à montrer à la fois ce qui indigne son cœur, et l'affection qu'il ressent? Mais maintenant que veut dire « Ne m'humilie? » Il est pourtant glorieux d'avoir le droit d'accuser, de punir, de demander des comptes, de siéger comme juge, et c'est ce qu'il appelle une humiliation. Il était si loin de rougir de l'Humilité, de ce qu'on trouvait de bas dans sa personne , de méprisable en son discours (II Cor. X, 10), qu'il souhaitait de rester toujours en cet état, que ses prières tendaient à n'en pas sortir. Il explique bientôt sa pensée, et ce qu'il appelle humiliation c'est, avant tout; la nécessité de châtier et de punir. Mais pourquoi, au lieu de dire : qu'en retournant chez vous je ne sois humilié, dit-il . « Que Dieu ne m'humilie lorsque je serai retourné chez vous? » C'est que si ce n'était pour Dieu, je n'aurais aucun souci, tout me serait fort indifférent. Ce n'est pas par une usurpation orgueilleuse de pouvoir que je recherche; lorsque je châtié, je ne veux qu'exécuter les ordres de Dieu. Il dit plus haut : « Que vous ne me trouviez pas tel que vous voudriez » : ici avec plus de ménagement, d'une manière plus douce, :plus affectueuse, il. dit : « Et que je n'aie à en pleurer plusieurs qui ont péché ». Il ne se contente pas de dire : « Qui ont péché »; il ajoute: «Et qui n'ont pas fait pénitence». Il ne dit pas tous, mais « Plusieurs » ; et les pécheurs mêmes, il ne les désigne pas, il leur laisse un moyen facile de retourner à la pénitence; il montre clairement que la pénitence peut effacer les fautes, et qu'enfin il ne pleurera que ceux qui sont incapables de faire pénitence, que les incurables, qui conservent leur plaie. Méditez donc sur la vertu apostolique de l'homme à qui sa conscience ne fait aucun reproche, qui gémit des fautes d'autrui, qui s'humilie parce que les autres ont péché. C'est là en effet ce qui doit surtout distinguer le maître, la compassion pour les malheurs de ses disciples, les chagrins, la douleur pour les blessures de ceux qu'il conduit.

Il montre ensuite la nature du péché : « De leurs dérèglements et de leur impureté ». Ce qu'il désigne par là, à mots couverts, c'est la fornication; mais si l'on tient à se rendre un compte .exact des péchés de toute nature, ce nom leur convient à tous. Car quoique le fornificateur , l'adultère soient surtout ceux qu'on traite d'impurs, les autres péchés aussi mettent l',impureté dans l'âme. Voilà pourquoi, n'en doutez pas, le Christ traite d'impurs les Juifs; ce ne sont pas seulement leurs fornications qu'il accuse, mais leur dépravation à d'autres égards. Aussi fait-il. observer qu'ils n'ont pris soin de purifier que le dehors (Matth: XXIII, 25) ; aussi dit-il ailleurs: « Ce n'est pas ce qui entre: qui souille l'homme, mais ce qui sort ». (Matth. XV, 11.) L'Ecriture dit ailleurs encore : « Tout homme au coeur insolent est impur devant le Seigneur ». (Prov. XVI, 5.) Et c'est avec raison. Rien de plus pur (171) que la vertu, rien de plus impur que le péché; car la vertu est plus éclatante que le soleil ; le péché est plus infect que la fange. C'est ce que peuvent prouver, par leur propre témoignage, ceux qui se roulent dans le bourbier, qui passent leur vie dans les ténèbres; il suffit qu'on leur fasse ouvrir un moment les yeux. Tant qu'ils restent abandonnés à eux-mêmes, enivrés de leurs passions, ils continuent, comme dans l'obscurité, à croupir dans l'opprobre, dans l'ignominie ; ils ne sentent pas leur état, ils ne s'en rendent pas un compte exact; mais s'ils se voient convaincus d'infamie par un homme vertueux, ne feraient-ils que l'apercevoir, c'est alors qu'ils reconnaissent combien leur état est misérable ; c'est comme un rayon qui tombe sur eux; ils veulent alors cacher leur honte; ils rougissent devant,ceux qui connaissent leur conduite, quand le témoin serait un esclave, et le coupable un homme libre; quand le premier serait un sujet, et l'autre un souverain.

C'est ainsi que l'aspect seul d'Elie couvrait Achab de confusion, avant même que le prophète eût parlé, rien que sa vue saisissait le roi; l'accusateur gardait le silence, et le roi prononçait lui-même la sentence de sa propre condamnation; ses paroles étaient celles du coupable convaincu : « Vous m'avez trouvé; vous, mon ennemi ». (III Rois, XXI, 20.) Voilà comment Elie parlait à ce tyran avec une pleine liberté. Voilà comment Hérode, incapable de supporter la honte et les remords, (tel était l'éclat que donnait à son crime le cri retentissant de la: voix du prophète), fit jeter Jean en prison; ce roi ressemblait à un homme qui se trouve en état de nudité, qui veut éteindre un flambeau, pour rentrer dans les ténèbres. Ou plutôt il n'osa pas l'éteindre lui-même, mais il le plaça comme sous un boisseau, dans l'intérieur de sa maison; cette malheureuse et misérable femme le força enfin à l'éteindre. Eh bien, ils ne purent pas même par ce moyen faire disparaître leur crime; ils le rendirent encore plus éclatant. Ceux qui demandaient pourquoi Jean était en prison, en apprenaient la causé, elle fut connue ensuite de tous ceux qui habitaient la terre et la mer, de tous sans exception, des hommes d'alors, des hommes d'aujourd'hui ; et ceux qui doivent naître apprendront à leur tour ce drame de forfaits, d'impuretés, d'infamie, joué par ces deux grands pécheurs, et il n'est pas de siècle qui puisse jamais en abolir la mémoire.

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Commentaire sur la deuxième épitre aux Corinthiens
Homilien über den zweiten Brief an die Korinther (BKV) Compare

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