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Works John Chrysostom (344-407) In epistulam ad Philippenses Commentaire sur l'épître aux Philippiens
HOMÉLIE XI.

1.

Dans les combats que nous livrons aux hérétiques, il nous faut apporter une attention vive et soutenue sur l'objet de nos luttes. Le seul moyen de dissiper leurs bataillons et de remporter pleine victoire, c'est de ne pas même leur laisser reprendre haleine. Mon but est de vous dresser à ce genre de duels à l'aide des saintes Ecritures, et de vous faire trouver dans les textes mêmes qu'ils apportent, de quoi réduire au silence nos contradicteurs. Par conséquent, je veux commencer la discussion qui se présente aujourd'hui à l'endroit même où j'ai terminé celle d'hier. Où en sommes-nous restés hier? Saint Paul avait résumé tous les avantages judaïques qui lui donnaient quelque sujet de gloire, ce qu'il tenait de la nature, de son choix et de son oeuvre, et il avait ajouté : « Mais tout ce qui était gain pour moi, je le regarde à présent comme détriment à cause de l'éminente science de Jésus-Christ mon Seigneur; pour lui, j'ai renoncé à tous ces prétendus avantages que je regarde comme vile ordure, afin de gagner Jésus-Christ».

Ici l'hérésie se dresse avec insolence. Mais la sagesse de l'Esprit-Saint se plaît à éveiller chez l'ennemi l'espoir d'un triomphe, afin de l'engager à livrer bataille. Si Paul avait parlé ouvertement, les hérétiques auraient fait pour cette épître ce qu'ils ont fait pour d'autres livres sacrés, altérant le texte, lui déniant l'authenticité parce qu'ils n'osaient l'attaquer ouvertement. Mais comme les poissons ne voient point tomber dans l'onde l'hameçon qui doit les prendre, parce qu'on a soin de le couvrir et de le cacher sous l'appât, et qu'ainsi ils accourent à l'envi pour se faire prendre; ainsi en est-il de cet endroit où Paul appelle la loi un dommage. Telle est la déclaration de l'apôtre il appelle la loi un dommage, une chose vaine; il ne lui était pas permis, ajoute-t-il, de gagner Jésus-Christ, à moins de renoncer à cette loi. Les hérétiques se laissent prendre par la lettre et le mot, reçoivent l'épître avec bonheur, et pensent avoir gain de cause; puis, dès qu'ils l'ont reçue, ils se trouvent saisis comme dans les mailles étroites d'un filet inévitable.

Que disent donc ces adversaires insolents? Voyez : La loi est un dommage, elle n'est que paille et poussière : comment donc osez-vous dire que Dieu en soit l'auteur? Le vrai, c'est que ce passage est favorable à la loi; et vous allez clairement en voir la preuve: appliquons-nous avec soin à l'étude de tous ses termes.

L'apôtre n'a pas dit : La loi est une perte; mais : « Je l'ai considérée comme une perte ». Lorsqu'il parle du gain, il ne se sert point de la même expression, mais il affirme simplement et dit : « Tout ce qui a été gain pour moi». — Au contraire, lorsqu'il parle de perte, il n'affirme plus, mais il dit : «Je l'ai cru». — Admirable exactitude de langage qui nous définit d'un côté la loi telle qu'elle était dans son essence, et de l'autre la loi telle qu'elle est devenue dans notre condition de chrétiens.

Que faut-il donc affirmer? Peut-on dire absolument que la loi n'est pas un domptage?Elle est un dommage, mais en comparaison de Jésus-Christ; d'un autre point de vue elle a été un véritable gain. On pouvait ne pas y voir un gain; toutefois elle était déjà un gain, déclare saint Paul. C'est comme s'il vous disait: Pensez quel bonheur c'était déjà que des hommes indomptés par nature fussent amenés à un genre de vie plus humain. D'ailleurs, si la loi n'avait pas préexisté, la grâce n'aurait pas été donnée; pourquoi? C'est que la loi fut (73) comme un pont jeté pour son passage. De leur bassesse naturelle les hommes ne pouvaient s'élever jusqu'à la hauteur de la grâce; la loi fut leur échelle. Mais après que l'on est monté on n'a plus besoin d'échelle; toutefois celui qui s'en est servi pour monter ne la méprise pas ensuite pour cela : au contraire, il reconnaît l'obligation qu'il lui a. C'est elle-même, en effet, qui l'a mis en état de pouvoir se passer d'elle; il lui sait donc gré, et rien n'est plus juste, de ce qu'il n'a plus besoin d'elle. Sans elle, il ne pouvait monter si haut. Voilà aussi ce qu'il faut dire de la loi. Elle nous a élevés à une certaine hauteur; elle était donc un gain. Mais, dès lors, nous la regardons comme un dommage, et pourquoi? Elle ne l'est pas absolument, mais la grâce est bien préférable. Supposez, par exemple, un pauvre, un affamé: tant qu'il a quelque argent, il s'en sert pour conjurer la faim; mais qu'il trouve une bourse pleine d'or, et qu'il ne puisse retenir les deux valeurs à la fois, il regardera comme un dommage de garder l'argent, il le laissera pour s'emparer de l'or; s'il abandonne l'un, ce n'est pas qu'il le regarde comme nuisible, il sait bien tout le contraire; mais ne pouvant pas garder les deux, il faut bien qu'il laisse l'un ou l'autre : ainsi arrive-t-il ici.

Le détriment, le malheur n'est donc pas de suivre la loi; mais ce serait de s'attacher à elle pour délaisser Jésus-Christ. Si elle nous détourne de Jésus, elle est un dommage; si elle nous amène à lui, c'est tout l'opposé. Aussi l'apôtre la déclare « détriment en comparaison de Jésus-Christ». Si elle est sensible seulement à cause de Jésus-Christ, elle ne l'est donc pas par sa nature.

Mais pourquoi la loi ne permet-elle pas qu'on s'approche de Jésus? Car, après tout, c'est pour nous mener à lui qu'elle a été donnée ! Jésus-Christ, dit saint Paul, est la plénitude de la loi, la fin de la loi. — Elle nous laisse venir à lui, si nous savons lui obéir à elle-même. —Alors, qui obéit à la loi, abandonne la loi? — Il l'abandonne, en effet, s'il la comprend et l'écoute; autrement, cette loi l'arrête et l'enchaîne. Il y a plus : « Bien certainement je regarde tout au monde comme un détriment » , dit-il encore. Et que parlé-je de la loi? Le monde n'est-il pas bon? La vie actuelle n'est-elle pas bonne? Toutefois si ces biens m'éloignent de Jésus-Christ, je les déclare dommageables, pourquoi? «A cause et en comparaison de l'éminente science de Jésus-Christ mon Seigneur». Dès que le soleil brille , vous perdez à tenir votre flambeau allumé. Ainsi le désavantage d'une chose quelconque résulte nécessairement de sa comparaison avec un objet plus grand. Or, vous voyez que Paul fait une comparaison : « A cause « de l'éminente science » , dit-il, sans rejeter le premier objet comme étranger au second. Car dire qu'une grandeur excelle sur une autre et la dépasse, c'est supposer au contraire qu'elle est du même genre qu'elle. En sorte que la prééminence comparative que l'apôtre attribue à la connaissance de Jésus-Christ sur la loi suppose que ces deux choses sont de même genre, c'est-à-dire bonnes toutes deux.

« Pour lui j'ai tout rejeté; j'ai tout regardé comme des ordures pour gagner Jésus-Christ». Il n'est pas évident, d'ailleurs, que sous ce nom « d'ordures » , Paul désigne la loi; il est vraisemblable qu'il indique plutôt les choses de ce monde. Car il a dit d'abord : Tout ce qui a été un gain pour moi, je l'ai regardé comme détriment au prix de Jésus-Christ; et il ajoute ici d'une manière plus générale encore : Tout me paraît détriment; parole qui embrasse tout le présent aussi bien que tout le passé. Quand bien même ce terme signifierait la loi, il n'aurait encore rien de bien outrageux pour elle. Les ordures dont il s'agit, sont les issues du froment, ce qu'il a de grossier, le chaume, la paille. Or avant la maturité du froment, la paille avait son utilité; nous la recueillons même encore avec le froment; si le chaume n'avait d'abord poussé, le grain n'aurait point paru. Ainsi en est-il de la loi de Moïse. Ce n'est donc jamais absolument parlant et en considérant la chose en soi, que Paul appelle la loi dommageable, mais par rapport à Jésus-Christ. Ecoutez encore : « Je regarde tout comme détriment », nous dit-il. Pourquoi? «A cause de la science éminente de Jésus-Christ pour qui j'ai tout rejeté». Puis il ajoute : «d'estime que tout est « détriment, afin que je gagne Jésus-Christ ». Voulez-vous comme fidèle à s'appuyer sur la pierre fondamentale , sur Jésus-Christ, saint Paul se garde néanmoins de laisser la loi sans défense et en butte à tous les coups, et comme au contraire il la protégé de toutes parts.

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