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Works John Chrysostom (344-407) In epistulam ad Philippenses Commentaire sur l'épître aux Philippiens
HOMÉLIE XIII.

2.

Au reste, pour réveiller la sainte honte, pour adjurer enfin le pécheur, rien de plus habile ni de plus fort que ce langage apostolique : « Leur Dieu, c'est leur ventre ; leur gloire est dans leur confusion même». Mais qui sont ceux-là? « Ce sont ceux qui n'ont de goût que pour la terre », ceux qui disent bâtissons des maisons; où? sur la terre; achetons des champs, sur la terre encore; acquérons l'empire, sur la terre aussi; poursuivons la gloire, toujours sur la terre ; amassons des richesses, tout enfin sur la terre. Voilà encore des gens pour qui le ventre est un Dieu. Car, puisque leur âme ne s'occupe d'aucun objet spirituel, puisqu'ils ont tout ici bas et n'ont pas d'autres soucis, vraiment dès lors leur ventre est leur Dieu, et ce sont eux qui disent : « Mangeons et buvons, car demain nous mourrons ». Oui, vous gémissez de ce que votre corps est pétri de limon, bien que cette chair même ne soit point un obstacle à la vertu; et vous rabaissez votre âme par les délices, vous la traînez dans la boue, et vous le faites sans remords, vous riez même et vous livrez votre âme à la folie: quel pardon espérez-vous donc, après vous être condamnés à l'insensibilité? Et cela, lorsque vous devriez spiritualiser votre corps lui-même ! Car vous le pouvez, il ne s'agit que de vouloir. Vous avez un ventre pour lui donner les aliments nécessaires, et non pour l'étendre et pour l'engraisser; pour lui commander, et non pour qu'il vous commande; non pour en être l'esclave, mais pour le faire servir à la nutrition des autres membres; non pour dépasser enfin toute limite honnête. La mer cause moins de dégâts sur les rivages qu'elle envahit, que n'en cause le ventre à notre corps et à notre âme. L'une submerge la terre, l'autre dévaste le corps tout entier. Imposez-lui comme limite le strict nécessaire de la nature, comme Dieu pour la mer a placé le sable du rivage. S'il bouillonne, s'il se révolte, reprenez-le avec cette puissance intime qui est en vous. Voyez de quel honneur Dieu vous comble, puisqu'ici vous pouvez parler comme lui. Mais vous vous y refusez, et quand vous voyez ce tyran sortir de ses bornes, gâter, et dévorer votre nature, vous n'osez pas l'arrêter ni le modérer. « Leur Dieu, c'est leur ventre ».

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Voyons comment Paul a servi Dieu, et voyons aussi comment les gourmands sont les esclaves de leur ventre. Est-ce que pour lui ils n'endurent pas mille morts? Ne redoutent-ils pas de lui refuser en quoi que ce soit l'obéissance absolue? Est-ce que l'impossible même, pour lui plaire, ne les trouve pas soumis et obéissants? Ne sont-ils pas pires que les esclaves ?

Paul était loin de cette ignominie; aussi disait-il : « Pour nous, notre conversation est dans les cieux ». Ne cherchons donc pas le repos ici-bas; mais efforçons-nous de gagner la gloire de ce royaume dont nous sommes les citoyens. « De là aussi nous attendons le Sauveur, qui est le Seigneur Jésus, qui transformera notre corps, tout vil et abject qu'il est, « afin de le rendre conforme à son corps glorieux ». Peu à peu, Paul nous fait monter. Du ciel, dit-il, est notre Sauveur; le lieu, la personne nous font voir la majesté de Jésus-Christ. « Il transformera notre corps vil et abject » : notre corps, en effet, est maintenant soumis à mille vexations, il souffre les chaînes, les coups, des misères et des maux sans nombre. Mais le corps de Jésus a souffert tout cela; l'apôtre le fait entendre par ces mots : « Pour qu'il devienne conforme à son a corps glorieux » ; c'est donc le même corps, mais revêtu d'immortalité. — « Il transformera notre corps », dit-il ; il aura donc une autre forme, ou bien cette expression, peu exacte, est synonyme de changement. — Il a dit : « Le corps de notre abjection », parce qu'il est maintenant dans l'abjection, soumis à la douleur et à la mort ; parce qu'il paraît vil et sans avantage sur les autres êtres matériels. — « Pour le rendre conforme à son corps glorieux ». Eh quoi ! grand Dieu? conforme à celui qui maintenant est assis à la droite du Père ? Oui, notre corps devient semblable à celui qu'adorent les anges, qu'environne le cortège des puissances célestes, qui domine au-dessus de toute principauté, vertu, puissance; voilà celui dont il revêt la ressemblance parfaite.

Toutes les larmes du monde entier suffiraient-elles pour pleurer dignement ceux qui sont déchus d'une si belle espérance, et qui ayant pu devenir conformes au corps glorieux de Jésus-Christ, ont préféré la ressemblance avec les démons. Je ne compte plus pour rien l'enfer; tous les supplices imaginables ne sont rien en comparaison d'une telle déchéance.

Mais que dites-vous, Paul ? Notre corps deviendrait conforme au sien ? Oui, répond-il; n'en doutez pas, et il ajoute en preuve que ce sera « par l'opération de sa puissance, par laquelle il peut d'ailleurs s'assujettir toutes choses ». Voici son raisonnement: Il a puissance de tout s'assujettir; donc aussi le trépas et la mort; ou plutôt, en vertu de cette même puissance, il fait cette merveille de préférence à toute autre. Où brille, en effet, d'avantage l'oeuvre de sa puissance, dites-moi ; est-ce à soumettre anges, archanges , chérubins , séraphins , démons mêmes? où bien est-ce à rendre un corps immortel et désormais incorruptible? Dans le premier cas évidemment. Il allègue donc le plus pour vous faire admettre le moins. C'est pourquoi, quand vous verriez tous ces mondains dans la joie, quand vous les verriez dans leur gloire, tenez-vous fermes et debout ; n'en prenez ni ombrage ni scandale. Les espérances que nous vous proposons sont assez hautes pour redresser les plus lâches, pour réveiller les plus endormis.

« C'est pourquoi, mes très-chers et très-aimés frères, qui êtes ma joie et ma couronne, continuez, mes bien-aimés , et demeurez ainsi termes dans le Seigneur ». (IV, 1.) — « Ainsi » ; comment? Comme vous êtes restés déjà, inébranlables. Voyez-vous comment un avis est accompagné d'un éloge? — « Ma joie et ma couronne », oui, non-seulement ma joie, mais ma gloire; non-seulement ma gloire, mais ma couronne. Gloire sans pareille, évidemment, que celle de ces dignes fidèles, puisqu'ils sont la couronne de Paul. — « Demeurez ainsi fermes dans le Seigneur », c'est-à-dire dans l'espérance en Dieu.

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Commentaire sur l'épître aux Philippiens
Kommentar zum Briefe des hl. Paulus an die Philipper (BKV) Compare
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