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Works John Chrysostom (344-407) In epistulam ad hebraeos argumentum et homiliae 1-34 Commentaire de Saint Jean Chrysostome sur l'épître de Saint Paul aux Hébreux
HOMÉLIE XXIX.

3.

Ainsi l'éducation par la souffrance est dans notre intérêt; ainsi nous fait-elle entrer en participation de la sainteté. C'est le grand moyen par excellence. En effet, quand la souffrance exclut toute lâcheté, toute convoitise mauvaise, tout amour de ces choses qui nous enchaînent à la vie présente; quand elle nous change le coeur, jusqu'à nous donner la force de réprouver toutes les vanités de ce monde, et tel est l'effet des souffrances, n'est-il pas vrai que la douleur alors est sainte, et qu'elle arrache au ciel toutes ses grâces? Rappelons-nous plutôt et toujours l'exemple des saints et le côté par lequel tous ont brillé. Au premier rang, Abel, Noé n'ont-ils pas été illustres par la douleur? Comment celui-ci n'aurait-il pas souffert en se voyant seul au milieu de cette innombrable multitude de pécheurs? Car, l'Ecriture le dit : « Noé étant seul parfait dans son siècle, plut à Dieu». (Gen. VI, 9.) Réfléchissez, en effet, je vous prie, et dites: Si, trouvant aujourd'hui par milliers et des pères et des maîtres, dont la vertu nous sert d'exhortation et d'exemple, nous sommes toutefois désolés à ce point, combien a dû être affligé ce juste isolé dans cette masse immense de perdition? — Mais comme j'ai parlé déjà de ce déluge étrange et incroyable, ne dois-je pas plutôt vous raconter Abraham et ses fréquents pèlerinages, et le rapt de son épouse, et ses dangers, et ses guerres, et ses tentations? Ou bien encore Jacob, et tous les maux terribles qu'il a soufferts, banni de tout pays, travaillant en vain, et dépensant pour d'autres tous ses labeurs? Non, il n'est pas besoin de dénombrer toutes ses épreuves; mais son témoignage s'offre de lui-même à l'appui de nos raisonnements; puisqu'il disait à Pharaon : « Mes jours sont courts et mauvais; ils n'ont pas atteint en nombre ceux de mes pères ». (Gen. XLVII, 9.) — Faut-il plutôt vous citer Joseph, ou Moïse, ou Josué, ou David, ou Samuel, Elie, Daniel, tous les prophètes? Vous les verrez tous s'illustrant par les souffrances : et vous, dites-moi, voulez-vous chercher la gloire dans le loisir, le repos, les plaisirs? C'est chercher l'impossible.

Maintenant, vous parlerai-je des apôtres? Mais eux aussi ont surpassé par les souffrances tous leurs devanciers. Pourquoi traiterais-je ce sujet, déjà traité par Jésus-Christ? « Vous aurez », leur disait-il, « l'affliction en ce monde». Et ailleurs « Vous pleurerez et vous gémirez, tandis que le monde se réjouira ». (Jean, XVI, 33 ; Matth. VII, 74.) La voie qui conduit à la vie est étroite et rude, c'est le Maître de la voie lui-même qui le déclare; et toi, chrétien, tu cherches la voie large? N'est-ce pas absurde? Aussi, par cette route différente tu trouveras non la vie, mais la mort! Toi-même as fait choix du chemin qui doit y conduire.

Mais préférez-vous que je vous cite, que j'énumère devant vous tant de pécheurs qui ont passé leur vie dans les délices? Remontons des plus rapprochés de nous, jusqu'aux plus anciens. Expliquez-moi la perte du mauvais riche plongé dans son abîme de feu; la perte des juifs qui vécurent pour le ventre dont ils faisaient leur Dieu, ne cherchant au désert même que loisir et repos; la perte des hommes encore de l'époque de Noé. N'ont-ils, pas péri pour avoir choisi une vie de bonne chère et de dissolution? Ceux de, Sodome ne furent-ils pas victimes de leur gourmandise? «Ils se jouaient», dit l'Ecriture, « dans l'abondance de leur pain ». (Ezéch. XVI, 49.) Que si l'abondance du pain amena une telle catastrophe, que dirons-nous de tant d'autres inventions de la friandise et de la bonne chère? — Esaü ne vivait-il pas dans le loisir et la fainéantise? N'était-ce pas le crime aussi de ces enfants de Dieu qui admirèrent la beauté des femmes et coururent ainsi aux précipices de l'enfer? N'était-ce pas la vie de ceux qui se livrèrent à des passions folles et furieuses contre nature? Et tous ces rois païens de Babylone ou d Egypte n'ont-ils pas tristement fini? Ne sont-ils pas dans les supplices?

Or, dites-moi, nos moeurs d'aujourd'hui sont-elles donc différentes? Ecoutez la parole de Jésus-Christ: « Ceux qui se couvrent de vêtements somptueux, sont dans les palais des rois » (Matth. XI,8); et ceux qui ne s'habillent point ainsi, sont dans les cieux. Un vêtement de mollesse amollit, brise, corrompt un coeur même austère; quand bien même il couvrirait un corps rude et sauvage, il l'aurait bientôt énervé et affaibli sous son tissu voluptueux. Quelle autre cause que celle-là, dites-moi, amollit ainsi les femmes? Serait-ce leur sexe seulement? Non, mais bien leur manière de vivre et leur éducation. Cette façon de les élever à l'ombre, ces loisirs, ces bains, ces onctions, ces parfums de tout genre, ces lits mollets et délicats, font une femme ce que vous voyez! Et pour vous en convaincre, écoutez une comparaison

Dans quelque oasis du désert, parmi les arbres battus des vents, prenez-moi un rejeton quelconque, et transplantez-le dans un lieu humide et ombragé, vous le verrez bientôt indigne du lieu où il a pris naissance. Que ce fait se vérifie chez nous, les femmes des champs en sont la preuve : plus vigoureuses même que les hommes des villes, on (579) en a vu qui en terrassaient plusieurs dans la lutte. Or, quand le corps s'est ainsi amolli, il faut bien que l’âme en partage la ruine; les forces de l'un sont, en grande partie, attaquées de la même manière que les facultés de l'autre. C'est ainsi que dans les maladies nous sommes tout changés, parce que nous sommes affaiblis ; et quand la santé revient, il se fait en nous une nouvelle révolution. Quand les cordes d'une lyre se détendent et ne rendent plus qu'un son faible et faux, tout le talent de l'artiste est paralysé, parce qu'il est comme asservi et lié à cet instrument désaccordé : ainsi l'âme souffre maints dommages, subit maintes nécessités sous l'empire de son enveloppe corporelle. Celle-ci a tant besoin de soins absorbants, que l'âme en doit souffrir un rude esclavage. Je vous en supplie donc : créons-nous un corps vigoureux et robuste, et gardons-nous de le rendre faible et maladif.

Ici je ne parle pas seulement aux hommes, mais aux femmes aussi. Pourquoi, ô femmes, énerver vos membres par les délices, et les rendre ainsi chétifs et misérables ? Pourquoi, par l'embonpoint excessif, leur ôter toute vigueur? Cet excès n'est point une force, vous le savez, mais une cause d'affaiblissement. Au contraire, laissez toutes délices, conduisez-vous tout différemment, et la beauté physique s'ensuivra au gré de vos désirs, dès que le corps se retrouvera solide et fort. Que si vous aimez mieux l'assiéger de maladies sans nombre, il y perdra sa fleur, il y compromettra tout son tempérament : car alors, vous serez dans un perpétuel chagrin. Or, vous savez que, comme une maison déjà belle, s'embellit encore au souffle riant du zéphyr, ainsi un beau visage doit gagner en beauté, lorsque votre âme lui prête un reflet de sa joie ; tandis que, livrée à la tristesse et au chagrin, elle devra l'enlaidir. Les maladies et les souffrances engendrent la tristesse ; et les maladies viennent de ce qu'on délicate trop le corps. Pour cette raison au moins, croyez-moi, fuyez les délices.

4. Mais, direz-vous, on éprouve du plaisir à s'y livrer. — Oui, mais on y trouve encore plus de peines. Le plaisir ne va pas au-delà de votre langue, de votre palais. Une fois la table enlevée et les mets engloutis, vous n'êtes pas plus heureux que si vous n'aviez pas eu part au banquet ; vous êtes même beaucoup plus mal, puisque vous emportez de ces excès, la pesanteur, l'embarras, une tète alourdie, un sommeil semblable à la. mort, souvent même l'insomnie, triste fruit de la satiété, la suffocation , les éructations. Mille fois sans doute, vous avez maudit votre estomac, lorsque vous ne deviez maudire que l'intempérance.

N'engraissons donc point notre corps, et plutôt écoutons la parole de saint Paul : « N'ayez point de souci de votre chair dans ses mauvais désirs ». (Rom. XIII, 14.) C'est avec raison qu'il signale ainsi les mauvais désirs : car l'aliment de ces convoitises se trouve précisément dans les délices. L'homme qui se livre à leur attrait, fùt-il le plus fervent adepte de la sagesse, doit nécessairement subir cette influence du vin et des mets exquis; nécessairement il s'y énerve, nécessairement il allume en son coeur une flamme maudite; de là, les prostitutions, de là les adultères. L'amour coupable ne s'engendre pus dans un estomac maté par la faim, pas même dans celui qui sait se borner à une nourriture simplement suffisante, tandis que les penchants obscènes naissent et se forment dans celui qui se livre à la bonne chère. Les vers pullulent dans un sol profondément humide, dans un fumier largement mouillé et arrosé : au contraire, purgée de cette humidité, débarrassée de cet excès, la terre se couvre de fruits; sans culture même, elle se revêt d'herbages ; cultivée, elle donne toutes sortes de productions : c'est là notre image. Gardons-nous donc de rendre notre chair inutile ou même nuisible; plantons-y des semences utiles et productives, des arbres qui portent leurs fruits un jour, et gardons-nous de la stériliser par les délices, dont la triste pourriture, au lieu d'une moisson, n'enfanterait que des vers. Telle est, en effet, notre concupiscence native, que si nous l'inondons de délices, elle produit de honteuses, d'infâmes délectations. Peste véritable, que nous arracherons de toute manière, afin de pouvoir gagner lesbiens qui nous sont promis, en Jésus-Christ Notre-Seigneur, etc.

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Commentaire de Saint Jean Chrysostome sur l'épître de Saint Paul aux Hébreux
Homilien über den Brief an die Hebräer (BKV) Compare
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Einleitung: Homilien über den Brief an die Hebräer

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