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Works John Chrysostom (344-407) In epistulam ad hebraeos argumentum et homiliae 1-34 Commentaire de Saint Jean Chrysostome sur l'épître de Saint Paul aux Hébreux
HOMÉLIE XXXIV.

3.

Gardons-nous donc de la repousser; car il est en notre pouvoir qu'elle demeure ou qu'elle se retire. Elle reste, quand nos pensées ont trait au ciel; elle s'en va, quand nos idées s'attachent aux choses de cette vie. C'est l’esprit « que le monde », dit Jésus-Christ, « ne peut recevoir, parce qu'il ne le voit pas ni ne le connaît pas ». (Jean, XIV, 17.) Il appelle «monde » une vie mauvaise et honteuse. Comprenez-vous qu'une vie mondaine ne peut le posséder? Il nous faut donc dépenser beaucoup d'efforts pour le retenir en nous, de sorte qu'il soit l'intendant et le directeur de tous nos biens, et qu'il nous établisse dans une ferme tranquillité, dans une paix abondante.

Poussé par un vent favorable, un navire ne sent point d'arrêt, ne craint point de naufrage, tant que souffle cette aide puissante et persévérante. Rentré au port, il va rapporter et aux matelots et aux passagers une belle part de gloire; aux uns, il octroie le repos et leur permet de ne plus se courber sur les rames; aux autres, il fait oublier toutes les craintes, et leur laisse comme un magnifique spectacle, le souvenir de son fortuné voyage. Ainsi en est-il de l'âme secondée par le Saint-Esprit; elle est plus forte que toutes les vagues que soulèvent les peines de la vie; elle fend la route qui porte an ciel, avec plus de vitesse encore que l'heureux navire; car elle n'est point poussée par le vent, mais elle a des voiles, des voiles pures que le Paraclet daigne gonfler; elle chasse de sa pensée tout ce qui pourrait l'amollir et l'énerver. Car de même que le vent qui tombe sur une voile lâche et mal tendue, n'a sur elle aucune prise; ainsi le Saint-Esprit, rencontrant une âme énervée, n'y accepte pas un long séjour: il exige, au contraire, du ton et de la vigueur.

Il nous faut donc acquérir cette ardeur de l'âme, cette vivacité, cette force résolue des oeuvres. Ainsi, vaquons-nous à la prière ? Que ce soit avec une énergique tension de l'âme, déployant notre coeur vers le ciel, non pas avec des cordages matériels, mais à l'aide d'une ferme et vive résolution. Exerçons-nous la miséricorde avec les pauvres? Ici encore, il faut une tension vigoureuse, pour que la voilure ne se relâche jamais sous le choc des soucis domestiques, de précautions pour les enfants, d'inquiétudes pour l'épouse, d'une crainte personnelle de la pauvreté. Que si nous raidissons notre coeur de tous côtés par la sainte espérance des biens immortels, il sera disposé dès lors à recevoir le souffle puissant de l'Esprit divin; dès lors il ne sera plus frappé par les créatures éphémères et misérables d'ici-bas; ou, s'il en subit encore le choc, loin d'en être blessé, il repoussera par sa fermeté, il abattra par sa résistance leur attaque impuissante.

Mais, répétons-le : il faut savoir nous raidir vigoureusement. Car nous aussi nous naviguons sur une mer immense et découverte, remplie de monstres, hérissée d'écueils, féconde pour nous en orages, et qui du calme le plus profond, passe subitement aux plus cruelles tempêtes. Si donc nous voulons faire une navigation facile et sans péril, il nous faut tendre nos voiles, c'est-à-dire, raidir notre libre arbitre.

Au reste, cette fermeté de vouloir, suffit à nous sauver. Abraham, en effet, dès qu'il eut ainsi dirigé vers Dieu tous ses désirs, dès qu'il se fut armé d'une volonté disposée à tout, Abraham eut-il besoin d'autre secours? Non; « mais il crut en Dieu, et sa foi lui fut réputée à justice ». (Gen, XV, 16.) Or, la foi, c'est le propre caractère d'une volonté généreuse. Il offrit son Fils; et bien qu'il ne l'ait pas immolé, il reçut la même récompense que s'il l'avait réellement sacrifié ; et quoique n'ayant pas accompli cette immolation, il en reçut le prix.

Procurons-nous donc une voilure immaculée et toujours neuve, et non pas usée et vieillie; « car tout ce qui est ainsi vieux et fatigué touche déjà à une fin misérable ». (Hébr. VIII, 13.) Point de ces voiles trouées qui laisseraient échapper souffle de l'Esprit. « Car l'homme animal n'est point capable », dit saint Paul, « des choses qui (599) sont de l'Esprit de Dieu ». ( I Cor. II, 4.) Pas plus qu'une toile d'araignée ne peut supporter l'effort Auvent, une âme adonnée aux soucis de cette vie, un bomme animal ne saurait recevoir la grâce de l'Esprit. Nos convictions flottantes n'offrent aucune différence d'avec ces toiles fragiles; elles ont seulement, comme elles, un air de consistance, mais leur trame est privée de toute résistance.

Ah! que plutôt, si nous sommes sages, nos âmes ne présentent rien de semblable ! Dès lors , quel que soit le choc, nous retenons tout le souffle de la grâce, et nous demeurons supérieurs à tout, plus forts que toute attaque. Donnez-moi un homme vraiment spirituel, et laissez tomber sur lui tous les maux les plus effrayants, aucun ne pourra l'abattre. Que dis-je? Que sur lui fondent ensemble pauvreté, maladies, outrages, malédictions, opprobres, plaies et supplices de tout genre, dérisions et insultes de toute espèce; vous le croirez vraiment en dehors et au-dessus de ce bas monde, et affranchi de toutes les souffrances du corps, tant il se rira de tout cet ouragan.

Que ce ne soient pas là des paroles en l'air, plusieurs exemples de nos jours mêmes m'en fourniraient certainement la preuve : dussé-je n'invoquer que ceux qui ont choisi la retraite au désert. — Ceux-là, direz-vous, n'ont rien d'étonnant. — Eh bien! je réponds qu'il en est d'aussi héroïques, et que vous ne soupçonnez pas, jusqu'au sein des cités. Et, s'il vous plaisait,je pourrais vous en montrer quelques-uns parmi ceux qui ont vécu jadis. Pour vous en convaincre, rappelez-vous seulement saint Paul. Est-il une atrocité qu'il n'ait pas soufferte? un mal qu'il n'ait pas subi? Or, il supportait tout avec courage. Et nous aussi, étendons vers le ciel les efforts de notre âme; remplissons-la de ce désir de Dieu; précipitons-nous dans ce foyer de l'Esprit, sauvons-nous par cette flamme même. Armé d'une flamme, en effet , personne ne craindrait une rencontre d'homme, de bête féroce, de mille filets tendus ; tout reculerait, tout lui ferait place, aussi longtemps que durerait ce feu; car la flamme est irrésistible, le brasier est insoutenable, tout s'y consume. Revêtons ce beau feu , et renvoyons toute gloire à Notre-Seigneur Jésus-Christ, avec lequel appartiennent au Père, en l'unité du Saint-Esprit, la gloire, la puissance, l'honneur, maintenant et toujours, et aux siècles des siècles. Ainsi soit-il.

Traduit par M. l'abbé COLLERY.

FIN DU ONZIÈME ET DERNIER VOLUME

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Commentaire de Saint Jean Chrysostome sur l'épître de Saint Paul aux Hébreux
Homilien über den Brief an die Hebräer (BKV) Compare
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Einleitung: Homilien über den Brief an die Hebräer

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