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Histoire Lausiaque (Vies d'ascètes et de pères du désert)
LVIII - CEUX D’ANTINOÉ
[1] Ayant séjourné quatre ans à Antinoé de Thébaïde. pendant un temps aussi long, j'ai pris également connaissance des monastères de là. En effet, autour de la ville sont établis douze cents hommes environ, vivant de leurs mains et pratiquant l'ascétisme d'une façon éminente. Parmi eux sont aussi des anachorètes qui se sont enfermés eux-mêmes dans les grottes des rochers. Entre autres il y a un Solomon, homme très doux et réservé, et ayant le don de patience. Il disait avoir cinquante ans de sa grotte, s'étant suffi à lui-même avec le travail de ses mains et ayant appris toute la sainte Ecriture.
[2] Dorothée habitant dans une autre grotte, prêtre, très bon jusqu'à l'extrême, ayant vécu lui aussi la vie irrépréhensible, fut jugé digne de la prêtrise et chargé du ministère pour les frères qui sont dans les grottes. Un jour, Mélanie la Jeune, petite-fille de la grande Mélanie, dont je parlerai plus tard, lui envoya cinq cents pièces de monnaie, l'ayant prié de les employer pour les frères de là. Mais lui, en ayant pris seulement trois, renvoya le reste à l'anachorète Dioclès, homme doué de toute science, en disant ceci : « Le frère Dioclès est plus sage que moi et il peut les administrer sans faire de tort, sachant ceux qui doivent raisonnablement être assistés. Quant à moi, je me contente de ceci. »
[3] Ce Dioclès partit d'abord de la grammaire et plus tard il s'adonna à la philosophie; car, avec le temps, la grâce l'avait attiré. Lorsqu'il approcha de la vingt-huitième année de son âge, il renonça au cycle des études cl s'attacha au Christ, et lui aussi il passait dans les grottes une trente-cinquième année. Il nous disait ceci : « L'intelligence qui s'est éloignée de la pensée de Dieu devient ou démon ou bête. » Et comme nous lui demandions curieusement le mode qu'il avait voulu dire, il disait alors ceci : « L'intelligence qui s'est éloignée de la pensée de Dieu succombe nécessairement par concupiscence ou par colère. » Et il appelait bestiale la concupiscence, et démoniaque la colère.
[4] Puis moi lui objectant ceci : « Comment est-il possible qu'une intelligence humaine soit avec Dieu sans interruption? » Et le même disait ceci : « En quelque pensée ou action pieuse et relative à Dieu que puisse être l'âme, elle est avec Dieu. »
Près de lui demeurait un certain Capiton, ex-voleur, Ayant passé intégralement cinquante ans dans les grottes à quatre milles de la ville d'Antinoé, il ne descendit pas de sa grotte, pas même jusqu'au fleuve du Nil, disant qu'il ne pouvait pas encore se rencontrer avec les foules, parce que l'adversaire lui faisait de l'opposition à l'instant même.
[5] Avec eux nous avons vu aussi un autre anachorète, pareillement lui aussi dans une grotte. Illusionné en rêves par le taon de la vaine gloire, il se moquait à son tour de ceux qui se trompaient : « Il paissait des vents » (Prov. 9, 12). Et, d'une part, il avait la tempérance selon le corps à cause de la vieillesse, à cause du temps et peut-être à cause de la vaine gloire : mais, d'autre part, son jugement était altéré par le désordre de la vaine gloire.
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Leben der Väter (BKV)
58. Die Mönche von Antinoe.
S. 425 Ich hielt mich vier Jahre lang auf zu Antinoe in der Thebais und lernte während dieser Zeit die dortigen Klöster kennen. Es wohnen nämlich rings um die Stadt an zwölfhundert Männer, die sich von der Arbeit ihrer Hände nähren und ein übermenschlich strenges Leben führen. Unter ihnen gibt es auch Einsiedler, die sich selbst in Felsenhöhlen eingeschlossen haben; zum Beispiel ein gewisser Solomon, ein überaus sanftmütiger und enthaltsamer Mann, der die Gnadengabe der Geduld besitzt. Dieser war nach seiner eigenen Aussage schon das fünfzigste Jahr in seiner Höhle, lebte von dem, was er eigenhändig verdiente, und lernte die ganze Heilige Schrift auswendig.
In einer anderen Höhle wohnte der Priester Dorotheus, ein vortrefflicher Mann von tadellosem Wandel, weshalb er in den Priesterstand erhoben ward. Er versah den heiligen Dienst für die Brüder, die sich in den Höhlen aufhielten. Ihm ließ einst die jüngere Melania, die Enkelin der großen Melania, von der ich später berichten werde, fünfhundert Goldstücke reichen mit der Bitte, sie an die dortigen Brüder zu verteilen. Dorotheus aber nahm nur drei und sandte das übrige dem Einsiedler Diokles, einem sehr verständigen Mann, indem er sagte: "Bruder Diokles hat mehr Einsicht als ich und kann es ohne Schaden verteilen; denn er weiß, wie man den Armen am besten hilft. Ich selber brauche nicht mehr als dies." Der genannte Diokles oblag zuvor dem Studium der Grammatik, dann der Philosophie, bis er im Alter von achtundzwanzig Jahren sich von den freien Künsten weg und zu Christo hinwandte. Fünfunddreißig Jahre schon hielt er sich auf in der Höhle. Er sagte uns: "Wenn der Geist sich von Gott abwendet, wird er Tier oder Teufel." Er nannte die Begierde tierisch, die böse Lust teuflich. Als ich den Einwand erhob: "Wie soll der Menschengeist unablässig mit Gott vereinigt bleiben?" gab er den Bescheid: "Die Seele mag denken und tun was nur immer; wenn es nur fromm ist und Gott zum Ziele hat, bleibt sie mit ihm vereinigt."
In seiner Nähe wohnte Kapiton, ein ehemaliger Räuber, der volle fünfzig Jahre lang in seiner Höhle S. 426 - vier Meilen von der Stadt Antinoe - blieb, ohne nur bis zum Nil herabzusteigen; er sagte, für ihn sei es unmöglich, mit den Leuten zusammenzutreffen, weil ihm der Widersacher noch immer nachstelle.
Bei diesen sahen wir auch einen anderen Einsiedler, der gleichfalls in einer Höhle wohnte; von Ruhmsucht aufgestachelt, von Traumbildern getäuscht, betrog er, die sich betrügen ließen, und "weidete Winde".1 Dem Leibe nach blieb er zwar enthaltsam infolge seines Alters und wohl aus Eitelkeit; aber sein Geist war von maßloser Ruhmbegierde verdorben.
-
Spr 9,12 (LXX). ↩