XI - AMMONIUS
[1] Ce disciple qu'il avait, Ammonius, avec trois autres frères et deux sœurs à lui, s'étant avancés au plus haut point de l'amour de Dieu, ont occupé le désert, et celles-là firent à par leur résidence et + eux + à part, de manière à être suffisamment éloignés les uns des autres. Or comme l'homme était excessivement érudit et qu'une ville s éprit de lui en vue d'un évoque, ils se rendirent auprès du bienheureux Timothée et le supplièrent de le leur ordonner pour évêque. [2] Et il leur dit : Amenez-le moi, et je l'ordonne. Donc, dès qu'ils furent partis avec de l'aide et qu'il vit qu'il était pris, il les supplia et jura de ne pas accepter l'ordination et de ne pas sortir de la solitude. Et ils ne le lui accordèrent pas. Alors, eux le regardant, ayant pris des ciseaux il se trancha l'oreille gauche jusqu'à la base, en leur disant : « Aussi bien, à partir de maintenant, soyez convaincus qu'il m'est impossible de le devenir, la loi interdisant qu'un homme à l'oreille coupée soit promu au sacerdoce. » [3] L’ayant donc ainsi laissé libre, ils se retirèrent et ils partirent le dire à l'évêque. Et il leur dit : « Que cette loi soit observée chez des Juifs! Quant à moi, si vous m'apportez même un homme au nez coupé, digne par ses mœurs, je l'ordonne. » Etant donc partis de nouveau, ils le suppliaient ; et il leur jurait ceci : « Si vous me faites violence, je me coupe la langue. » En conséquence l'ayant ainsi laissé libre, ils se retirèrent.
[4] De cet Ammonius on rapporte ce fait merveilleux : c'est que jamais, quand la volupté se réveillait chez lui, il n'épargna sa pauvre chair, mais ayant mis un fer au feu il l'appliquait contre ses membres, de sorte qu'il était tout ulcéré. Cependant sa table fut, dès sa jeunesse jusqu'il la mort, vouée aux aliments crus. En effet, hormis du pain, il ne mangea jamais rien de ce qui passait parle feu. Puis ayant appris par cœur l'Ecriture ancienne et nouvelle, il passa en revue, dans des écrits d'hommes savants, Origène, Didyme, Piérus et Etienne, six cents myriades, ainsi que lui rendent témoignage les pères du désert. [5] Or, pour tous les frères dans le désert, il était propre à les consoler, s'il y en a un au monde. C'est à lui que donnait ses suffrages le bienheureux Evagre, homme inspiré et habile à discerner, en disant ceci : « Je n'ai jamais vu un homme plus impassible que lui.»
[Ayant été un jour dans la ville de Constantin par besoin,... après quelque temps il meurt et est enseveli dans le martyrium qu'on appelle Rufmien. On dit que son tombeau guérit tous ceux qui ont le frisson de la fièvre.]