XLI - SAINTES FEMMES
[1] Mais il est nécessaire de faire aussi mention, dans ce livre, des femmes viriles, auxquelles Dieu a accordé pour leurs luttes les mêmes faveurs qu'aux hommes; c'est afin qu'on ne prétexte pas qu'elles sont trop faibles pour la pratique régulière de la vertu. Or j'en ai vu beaucoup et je me suis trouvé avec beaucoup de vierges et de veuves distinguées. [2] Entre autres, Paula la Romaine, mère de Toxotius, femme d'une distinction supérieure pour la vie spirituelle. Elle eut pour embarras vin certain Jérôme de Dalmatie. Elle pouvait en effet voler au-dessus de toutes, étant très bien douée ; mais il l'encombra de sa jalousie, après l'avoir attirée dans ses vues personnelles. D'elle une fille existe, qui maintenant se livre à l'ascétisme, du nom d'Eustochie à Bethléem. Moi, je n'ai pas été en relation avec elle; mais on dit qu'elle est d'une chasteté fort éminente et elle a un couvent de cinquante vierges.
[3] D'autre part, j'ai connu Vénerie, la femme du comte Vallovicus, laquelle distribua magnifiquement la charge d'un chameau et se trouva exempte des plaies qu'engendrent les biens matériels; puis Théodora, la femme du tribun, laquelle en vint à un tel dépouillement de fortune qu'après avoir reçu l'aumône, elle finit ainsi dans le monastère d'Hésychas, près de la mer. J'ai connu celle qui se nommait Hosia, femme très vénérable en tout, puis Adolia, sa sœur, qui vécut d'une façon non pas comparable à elle, mais en rapport avec ses propres moyens. [4] J'ai connu aussi Basianilla, la femme de Gandidianus, le commandant d'armée, qui pratiqua la vertu ardemment et scrupuleusement et est maintenant encore fort occupée par des épreuves; puis Photina, vierge très vénérable au suprême degré, fille de Théoctiste, le prêtre du voisinage de Laodicée. D'autre part encore, je me suis rencontré à Antioche avec une femme très vénérable et conversant familièrement avec Dieu, la diaconesse Sabiniana, tante de Jean, l’évêque de Constantinople. Et j'ai vu aussi à Rome la belle Asella, la vierge qui avait vieilli dans le monastère, femme d'une douceur fort éminente et servant d'appui à des couvents. [5] Là, j'ai contemplé des hommes et des femmes nouvellement catéchisés. J'ai vu aussi Avita, digne de Dieu, avec son mari Apronien et leur fille Eunomie, cherchant à plaire à Dieu au point que, publiquement, ils furent convertis à la vie vertueuse et continente : ils se sont rendus dignes par là de mourir dans le Christ, délivrés d'un côté de toute faute, et d'un autre côté étant entrés en possession de la gnose; ils ont laissé leur vie en bon souvenir.