LXV - HISTOIRE D'HIPPOLYTE
[1] Dans un autre livre très vieux et manuscrit j'ai trouvé d'Hippolyte familier des apôtres le récit que voici : c'est qu'une vierge très noble et très belle existait dans la ville de Corinthe, pratiquant l'ascétisme en vue de la virginité. Vers ce temps-là, on la déféra auprès de celui qui alors rendait la justice, un païen, vers le temps des persécuteurs, comme blasphémant et les temps et les empereurs et maudissant les idoles. Mais, d'un autre côté, les trafiquants de ces choses-là vantaient à outrance sa beauté. [2] Or le juge, qui était fou de femmes, accueillit avec plaisir la calomnie, en cheval qui dresse les oreilles. Et comme, ayant mis en mouvement tous les moyens, il ne put persuader la créature, alors, dans sa fureur contre elle, il ne la livra pas à un châtiment ni à la torture, mais l'ayant placée dans un lieu de prostitution, il enjoignit au tenancier de celles-là ceci : « Prends-la, en me rapportant d'elle par jour trois pièces de monnaie. » L'autre, en exigeant de l'or, la présentait à livrer à ceux qui voulaient. Cela étant, dès que les éperviers à femmes en eurent connaissance, ils furent assidus à la boutique de perdition, et, donnant la piécette, ils lui parlaient de ce qui avait trait à la séduction. [3] Mais elle, avec instances, les priait en disant ceci : « J'ai dans un endroit caché un ulcère qui pue extrêmement, et je crains que vous n'arriviez à une haine de moi. Accordez-moi donc quelques jours et vous avez possibilité de m'avoir même gratuitement ». Alors elle suppliait Dieu dans ses prières pendant ces jours-là. Aussi Dieu ayant vu sa chasteté inspira à un jeune homme, agent du maître des offices, beau d'intelligence et d'aspect, un zèle enflammé pour la mort. Et s'en étant allé sous prétexte de libertinage, il entre un soir avancé vers celui qui nourrit celles-là, il lui donne cinq pièces de monnaie et lui dit : « Concède-moi de demeurer cette nuit-ci avec elle. » [4] Etant donc entré dans la maison secrète, il lui dit : « Lève-toi, sauve-toi toi-même. » Et l'ayant dévêtue et enveloppée de ses propres vêtements, ses chemises, son manteau et tous ses effets virils, il lui dit : « T'étant voilée entièrement avec l'extrémité du manteau, sors. » Et ainsi s'étant signée et étant sortie, elle fut sauvée sans corruption et sans souillure. Mais le lendemain, l'affaire fut connue. L'agent du maître des offices fut livré et jeté aux bêtes, afin que le démon eut à rougir même en ceci, devint doublement martyr, et pour soi et pour cette bienheureuse.