CHAPITRE X.
Hérésie des Audiens.
Voila le soin que ce Prince digne de toute sorte de louanges, prenait de conserver dans ses Etats la doctrine des Apôtres. Dans le même temps, Audée natif de Syrie, publia une nouvelle doctrine, qu'il avait inventée dès auparavant. Ayant fort mal entendu ces paroles de l'Ecriture sainte, et sans en avoir jamais compris le sens, Faisons l'homme à notre image et à notre ressemblance, il crut que Dieu a une forme humaine, et un corps composé de parties. L'Ecriture Sainte voulant exprimer les opérations de Dieu, emprunte pour cet effet les termes dont les hommes ont accoutumé de se servir, quand ils parlent des parties de leurs corps, parce que ces images sensibles soulagent la faiblesse de l'esprit du peuple et lui font concevoir le soin que prend la Providence, et qu'il ne comprendrait pas autrement. Il ajouta d'autres erreurs à celle-ci. Il emprunta une partie des extravagances de Manès, en disant que le Dieu de l'Univers, n'a point créé le feu, ni les ténèbres : 226 Mais ses Disciples tiennent leurs maximes fort secrètes. Ils assurent que le sujet pour lequel ils se sont séparés de nos assemblées, est que quelques-uns d'entre nous exigent des usures détestables, que d'autres entretiennent un commerce déshonnête avec des femmes qui ne sont point mariées, et que ceux qui sont exempts de ces vices, ne font point de difficulté d'admettre à leur communion ceux qui en sont coupables. Voila le prétexte dont ils usent, quand ils veulent excuser leur schisme, et couvrir leur impiété. Mais ce prétexte est tout plein d'orgueil, et: tiré de la doctrine des Pharisiens. Ceux-ci accusaient le Médecin des corps, et des âmes, en demandant aux Apôtres : Pourquoi est-ce que votre Maître mange avec des pécheurs, et des Publicains ? Dieu parle de ces sortes de gens en ces termes, par la bouche d'un Prophète : Ce sont ceux qui disent : je suis pur. Ne me touchez pas. Ils sont la fumée de ma fureur. Mais ce n'est pas ici le lieu de parler de leur extravagance. Je passe à ce qui me reste à raconter.