CHAPITRE IV.
Second exil de Saint Athanase. Ordination de Grégoire. Sa mort.
AYANT ébranlé par ces discours, et par d'autres semblables l'esprit de l'Empereur qui était la faiblesse même, ils lui firent prendre la résolution de chasser Athanase de son Église. Mais ce Saint Évêque ayant découvert le piège qu'on lui dressait se sauva en Occident. Les partisans d'Eusèbe avaient. écrit à Jules Évêque de Rome des calomnies contre l'honneur d'Athanase. Jules suivant la disposition des Canons avait cité à Rome les accusateurs, et l'accusé. Celui-ci partit incontinent après. Mais les accusateurs sachant que leurs mensonges seraient découverts n'y voulurent point aller. Cependant comme le troupeau de l'Église d'Alexandrie n'avait plus de Pasteur, ils en donnèrent la conduite à Grégoire qui était un véritable loup. Il exerça durant six ans de plus horribles cruautés sur ce troupeau que n'auraient fait les bêtes les plus farouches. Mais après cela il fut déchiré par le troupeau.
Athanase étant, allé trouver Constant, (car Constantin l'aîné des fils du grand Constantin était mort dans une guerre) se plaignit à lui des pièges que les Ariens lui avaient dressés pour le perdre, et de la guerre qui avait été déclarée à la foi des Apôtres. Il ne manqua pas de lui rappeler dans la mémoire le zèle que l'Empereur son père avait fait paraître pour la pureté de la foi en assi - 94 tant avec les Évêques au Concile de Nicée, et en confirmant depuis par une Loi tout ce qui y avait été ordonné.
Constant ayant été sensiblement touché par le discours d'Athanase écrivit à Constance son frère pour l'exhorter à imiter la piété de leur père, et ne pas abandonner une si riche succession. Il est vrai aussi que Constantin leur père avait établi son autorité sur le fondement de la Religion, et avait détruit les Tyrans, et assujetti les Etrangers. Constance ayant reçu cette lettre, ordonna que les Évêques tant d'Orient, que d'Occident s'assembleraient à Sardique ville d'Illyrie et Métropole de la Dace, pour y chercher les remèdes convenables aux maux dont l'Église était affligée.