III.
Or, les théologiens enseignent clairement que, par une admirable disposition, les ordres inférieurs des pures intelligences sont instruits des choses divines par les ordres supérieurs, et que les esprits du premier rang à leur tour reçoivent directement de Dieu la communication de la science. Effectivement les saintes Écritures nous montrent tantôtquelques-unes de ces natures saintes apprenant de natures plus augustes que c'est le Seigneur des vertus célestes et le Roi de gloire qui , sous forme humaine, s'élève dans les cieux 1; tantôt quelques autres interrogeant Jésus-Christ en personne, et désirant counaître l'oeuvre sacrée de notre rédemption, recueillant les instructions de sa bouche, et informées par lui-même des miracles de sa bonté envers les hommes : c'est moi , dit-il, qui parle justice et Jugement pour le Salut 2. Ici j'admire comment les essences que leur sublimité, place au-dessus de toutes les autres, éprouvent, aussi bien que leurs subalternes, quelque timidité de désir à l'endroit des communications divines : car elles ne débutent point par dire au Seigneur : Pourquoi vos vêtements sont-ils rougis 3 mais elles se questionnent d'abord elles-mêmes, manifestant par là leur projet, leur envie de connaître l'auguste merveille, et ne prévenant pas la révélation progressive des lumières célestes.
Ainsi la première hiérarchie des esprits bienheureux est régie par le souverain initiateur même, et parce qu'elle dirige immédiatement vers lui son essor, receuillant, autant qu'il se peut, la pureté sans tâche qui produit la vive lumière, d'où naît la sainteté parfaite, elle se purifie, s'illumine et se perfectionne; oui, pure de tout ce qui est infinie, brillante des premiers rayons de la lumière, riche et ornée d'une science sublime qu'elle puise à sa source. Même je pourrais bien dire en un mot que cette dérivation de la science divine est tout ensemble expiation, illumination et perfection; car elle purifie vraiment de toute ignorance, en communiquant à chaque intelligence, selon sa dignité propre, la connaissance des mystères ineffables; elle éclaire aussi, et, par la pureté qu'elle donne, permet aux esprits de contempler au grand jour de cette lumière Surénimente les choses qu'ils n'avaient point encore vues; enfin elle les perfectionne en les confirmant dans la claire intuition des plus magnifiques splendeurs.