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De Fuga in Persecutione
X.
[1] Sed omissis quidam divinis exhortationibus illum magis Graecum versiculum saecularis sententiae sibi adhibent: 'Qui fugiebat, rursus sibi proeliabitur'. Ut et rursus forsitan fugiat? Et quando vincet, qui, cum fugerit, victus est? Bonum militem Christo imperatori suo praestat, qui tam plene ab apostolo armatus, ut tubam perseoutionis audit, a
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De la fuite pendant la persécution
X.
Mais, oubliant toutes les exhortations divines, quelques-uns aiment mieux s'appliquer ce ver grec d'une sagesse toute mondaine:
Le soldat qui fuyait peut revenir combattre, pour s'enfuir encore apparemment. Et quand sera-t-il vainqueur celui qui est vaincu en fuyant? Quel excellent, soldat il fournit au Christ son chef, celui qui, armé de toutes pièces par l'Apôtre, pour le jour de la persécution, abandonne son poste aussitôt qu'il entend sonner la trompette de la persécution! A la sagesse du siècle je répondrai par la sagesse du siècle:
Mourir est-il donc si terrible?
Vainqueur ou vaincu, il faudra mourir. Si vous reniez votre foi au milieu des tourments, vous avez du moins lutté contre les supplices. J'aime mieux avoir à vous plaindre, qu'à rougir de vous. Un soldat perdu sur le champ de bataille est plus beau qu'un soldat sauvé par la fuite. Tu trembles devant un homme, ô Chrétien! toi que les anges doivent craindre, puisque «tu jugeras les anges;» toi que les démons doivent craindre, puisque tu as reçu puissance sur les démons; loi que l'univers tout entier doit craindre, puisque c'est en toi que le monde est jugé. Tu as revêtu le Christ, le jour où tu as été baptisé dans le Christ. En fuyant devant le démon, tu déshonores le Christ qui est en toi: tu te rends au démon comme un transfuge. Mais en fuyant le Seigneur, tu prouves à tous les fugitifs, l'inutilité de leur dessein. Il avait fui aussi le Seigneur ce courageux prophète qui était passé de Joppé à Tarse, comme pour mettre entre Dieu et lui l'immensité des mers; mais je le retrouve, je ne dirai pas dans les flots; ni sur la terre, mais dans les flancs d'un animal, où il resta trois jours sans pouvoir mourir, ni par là même échapper à Dieu. Qu'il est bien meilleur serviteur de Dieu celui qui, soit que l'ennemi de Dieu menace, ne prend pas la fuite devant lui, mais le méprise en se confiant dans la protection de Dieu; soit qu'il redoute le Seigneur, n'en est que plus résolu à demeurer sous ses yeux, en se disant à lui-même: «Le Seigneur existe, il est puissant: tout l'univers est à lui; en quelque lieu que je sois, n'importe, je suis sous sa main: que sa volonté s'accomplisse, je ne me retire point; s'il veut que je périsse, qu'il me perde lui-même, pourvu que je me sauve pour lui! J'aime mieux rejeter sur lui l'odieux de ma mort, en périssant par sa volonté, qu'exciter sa colère, en m'échappant par la mienne.»