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De Fuga in Persecutione
XIII.
[1] 'Sed et omni petenti me dabo': in causa elimosinae, non in concussurae. Petenti inquit; porro qui incutit, non petit; qui comminatur, si non acceperit, non postulat, sed extorquet; non elimosinam expectat, qui non miserandus, sed timendus venit. Dabo igitur misericordiae, non timiditatis meae nomine, ubi, qui accepit, deum honorat et benedictionem mihi reddit, non ubi amplius et benefactum praestitisse se credit et praedam suam aspiciens dicit: 'De reatu'. [2] Tascam et inimicum!' Sed
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De la fuite pendant la persécution
XIII.
Mais «je donnerai à quiconque me demande.» Oui, à titre d'aumône, mais non d'exaction. «A quiconque demande,» est-il dit. Or, extorquer n'est pas demander. Celui qui me menace, s'il ne reçoit rien, au lieu de me demander, m'arrache. Il n'attend pas une aumône, celui qui vient non pour se faire plaindre, mais pour se faire craindre. Je donnerai donc par charité, non par frayeur, à l'infortuné qui, après avoir reçu, rend gloire à Dieu et me bénit, non à l'orgueilleux qui croit m'avoir rendu service, et les yeux attachés sur sa proie s'écrie: C'est le rachat d'un crime!
Je nourrirai «même mon ennemi.» Mais il y a des ennemis à d'autres titres. Paul n'a pas dit le traître, le concussionnaire, le persécuteur. «Que de charbons en effet j'amasse sur sa tête,» en refusant de pactiser avec lui! Je sais bien qu'il est écrit: «Si quelqu'un vous prend votre tunique, abandonnez-lui encore votre manteau.» Mais il est question du spoliateur qui convoite mon bien, et non du persécuteur qui s'attaque à ma foi. J'abandonnerai jusqu'à mon manteau à qui ne me menace pas d'une dénonciation. Me menace-t-il? Je lui reprendrai même la tunique que je lui ai abandonnée. Les commandements du Seigneur, au lieu de s'étendre à l'infini et à toutes choses, ont leurs motifs, leurs règles et leurs limites. Ainsi, celui qui a dit: «Donnez à qui vous demande,» refuse un signe à ceux qui lui en demandaient. Autrement, si tu crois qu'il faille donner indistinctement à tous ceux qui demandent, il faudra, ce me semble, que tu donnes au malade que travaille la fièvre, je ne dis pas seulement du vin, mais du poison, et à l'homme qui désire la mort, une épée.
«Employez les richesses injustes de Mammon à vous faire des amis.» Le sens de ce précepte est déterminé par la parabole qui précède. Elle s'adressait au peuple Juif, qui, économe infidèle du bien que lui avait confié le Seigneur, des serviteurs de Mammon, c'est-à-dire de nous-mêmes, aurait dû se faire des amis plutôt que des ennemis, et partager avec nous l'administration des biens, afin de nous délivrer par là des péchés qui nous rendaient esclaves et débiteurs de Dieu. Alors Israël, ayant commencé de perdre la faveur de son maître, entrait, à l'ombre de notre foi, dans les tabernacles éternels. Mais attache à ce précepte et à cette parabole tout autre sens que tu voudras, pourvu que tu saches qu'il n'est pas vraisemblable que les concussionnaires dont nous nous serons fait,des amis à j'aide de Mammon «puissent nous recevoir alors dans les tabernacles éternels.»
Toutefois, que ne persuade point la pusillanimité! Comme si l'Ecriture permettait de fuir et ordonnait de se racheter! Ce serait peu assurément qu'un ou deux Chrétiens renversés par elle. La voilà qui essaie de lever un tribut sur toute l'Eglise en masse. Faut-il en pleurer? faut-il en gémir? Les Chrétiens aujourd'hui sont inscrits, comme des objets de concussion, sur les registres des bénéficiaires et des espions, parmi les cabaretiers, les bouchers, les escrocs, les baigneurs, les joueurs et les maîtres d'impudicité. Est-ce donc pour que les évêques jouissent tranquillement de leur royauté, sous prétexte d'administrer, que les Apôtres ont fondé l'épiscopat? Voilà sans doute la paix que le Christ, en retournant vers son Père, ordonna d'acheter à des soldats par des présents dignes des saturnales.